À la mémoire des prêtres de notre diocèse décédés en 2022

En ce jour de fête du sacerdoce, découvrez les portraits des prêtres de notre diocèse décédés en 2022.

Le mot de l'évêque

Prêtres à jamais

« La doctrine catholique concernant les prêtres précise que l’ordination les marque d’un caractère indélébile. Un prêtre demeure prêtre à jamais, même lorsque, pour diverses raisons, il n’est plus en mesure d’exercer un ministère actif. C’est bien ainsi que le comprennent et le vivent nos frères prêtres empêchés par l’âge, la maladie et les infirmités. Ils continuent leur ministère précieux de prière et d’intercession auquel ils s’étaient engagés au jour de leur ordination. La mort elle-même ne met pas fin à leur identité sacerdotale. Ce sont des prêtres qui entrent dans la joie de leur maître. Lors de leurs obsèques, j’aime à penser qu’ils continuent à prendre soin de l’Église diocésaine et des communautés auxquelles ils se sont donnés. En feuilletant les pages de ce fascicule qui rend hommage aux prêtres de notre diocèse décédés en 2022, vous vous souviendrez de ce que vous avez vécu avec l’un ou l’autre, et vous en rendrez grâce. Pensez aussi qu’ils continuent à nous accompagner et prient pour nous. »

Monseigneur Jean-Louis Papin

Évêque de Nancy et Toul

Qui sont-ils ?

1921 : Naissance à Huy (Belgique)

1941 : Entrée à l’abbaye d’Orval (Belgique)

1947 : Ordination presbytérale à l’abbaye d’Orval

1970 : Aumônier de l’Institution Saint-Joseph de Nancy

1975 : Incardination au diocèse de Nancy et Toul

2022 : Décès le 23 janvier

Le sourire était naturel chez lui

Inutile de chercher à dissocier la période monastique de Paul-Christian à l’abbaye cistercienne d’Orval (Belgique) et son parcours diocésain. Les deux sont imbriqués et ont nourri avec joie sa longue existence étalée sur un siècle. Venu dans notre diocèse pour une implantation qui ne vit jamais le jour, Paul-Christian rejoignit notre clergé diocésain sans pour autant couper les ponts spirituels et humains avec ses frères cisterciens, qui venaient souvent lui rendre visite. « Je reste toujours attaché à Orval. Je dois énormément à la communauté. Je ne serais pas ce que je suis si je n’avais pas eu cette vie de 29 ans en son sein », témoignait-il en 2012 au média TV Lux.

Historien attitré de l’abbaye d’Orval

Durant son temps à Orval, il assuma plusieurs fonctions : hôtelier, prédicateur de retraite et professeur d’Écriture Sainte, de théologie et d’histoire ecclésiastique pour les futurs moines. À travers ses ouvrages et son travail scientifique, il devint même l’historien attitré de l’abbaye. Homme d’une grande érudition dans de multiples domaines, Paul-Christian gardait pourtant la simplicité du moine, que ce soit en tant qu’aumônier pendant 34 ans de l’Institution Saint-Joseph de Nancy, un établissement scolaire situé à Laxou et géré par les frères des Écoles chrétiennes, ou accompagnateur des scouts d’Europe. Le diacre Georges Le Tallec l’a bien connu puisqu’il fut son homme de confiance : « Il avait une foi extraordinaire. Il m’a beaucoup apporté. Je ne me souviens pas l’avoir vu en colère une seule fois. Il savait aussi se rendre disponible dès qu’on le sollicitait. Le sourire était naturel chez lui, car il répétait qu’un prêtre qui ne souriait pas n’était pas heureux. »

Sa longévité terrestre lui valut même de recevoir la médaille de la Ville, des mains du maire du Nancy. Cependant, cet honneur civil ne fut qu’un détail, par rapport à l’intense vie de foi sur laquelle il s’appuyait chaque jour. Le personnel et les religieuses de la maison de retraite, où il passa de longues années, témoignent aussi de la cordialité et de la gentillesse de ce serviteur de Dieu qui fut pleinement dans le monde tout en restant intimement cistercien.

1932 : Naissance à Aulnois-sur-Seille (Moselle)

1960 : Ordination presbytérale ; vicaire à Pompey

1965 : Vicaire à Pagny-sur-Moselle

1971 : Curé à Sexey-les-Bois

1979 : Curé à Mars-la-Tour

1990 : Curé à Lucey, Bruley et Lagney

1998 : Coopérateur à la paroisse Saint-Gérard du Toulois Nord

2022 : Décès le 13 février

Il aimait profondément rencontrer les gens

Roland avait une voix reconnaissable entre mille. Grave et chaleureuse, elle était de celles qu’on n’oublie pas. Et elle collait si bien à son penchant pour le contact. Partout où il est passé, il a laissé le souvenir d’un prêtre avenant, qui savait toucher juste pour susciter la cordialité. Même s’il ne s’en laissait pas facilement conter, l’homme a laissé une trace bienveillante dans le cœur de ses différents paroissiens. De Pompey, où il célébra sa première messe, à la Villa-Saint-Pierre-Fourier, sa dernière escale terrestre, son bonheur de servir le Christ et les hommes ne flancha jamais.

« Fidèle en amitié »

Cadet d’une fratrie de quatre garçons, Roland arrive à Nancy après la guerre et ressent vite le désir d’une vie pleinement donnée. Ce sera chose faite avec son ordination en 1960, qui lui ouvre un ministère de soixante-deux ans.

« C’était un homme fidèle en amitié, qui aimait profondément rencontrer les gens, raconte son ami l’abbé Jean-Paul Devoge. Parfois, sa sensibilité un peu trop à fleur de peau pouvait lui jouer des tours, mais il fut d’abord un prêtre heureux avec lequel j’ai passé de très beaux moments. » Sa nièce Michèle Arlaud conserve des souvenirs simples et chaleureux : « Pendant son long séjour à la Villa, il ne se plaignait jamais. Il couvrait le personnel d’éloges et il avait noté les dates d’anniversaires de tous ceux qui s’occupait de lui pour ne pas les oublier. Mon oncle aimait l’authenticité des rapports humains qui permettent le partage cordial. En poste à Sexey-les-Bois, il entraînait souvent ses paroissiens dans de grandes randonnées dominicales. »

Même retiré en Ehpad, Roland est resté actif en animant les eucharisties quotidiennes où il chantait avec entrain. Comme le déclare une résidente, qui partageait souvent sa table, « malgré quelques emportements passagers, vite oubliés, il était pétri de partage ». Ce désir de rester en habit de service jusqu’au bout quoi qu’il arrive fut l’ultime élégance de Roland.

1924 : Naissance à Pont-à-Mousson

1952 : Ordination presbytérale ; vicaire à Toul (Saint-Gengoult)

1958 : Administrateur à Limey

1962 : Curé à Limey

1965 : Curé à Labry

1979 : Prêtre auxiliaire à Jarville

1987 : Aumônier de l’hôpital de Saint-Nicolas-de- Port

2022 : Décès le 27 février

Robert a toujours cherché à développer un esprit missionnaire

Évoquer Robert, c’est obligatoirement parler de discrétion et de simplicité. Deux qualités qui ont jalonné son ministère et ses engagements. Au centre de ses derniers, il y a principalement la proximité avec les malades. « Cela faisait partie de lui. Il s’y est investi sans compter à l’hôpital de Saint-Nicolas-de-Port. Il faisait aussi montre d’une extrême douceur et d’une volonté d’arrondir les angles pour apaiser les conflits », souligne l’abbé Jean Thinus, ami de longue date.

Présence auprès de ceux qui souffrent

On retrouve les mêmes sentiments chez tous ceux qui ont croisé la route de Robert. L’abbé François Geoffroy se souvient d’un confrère « très fraternel, qui aimait se retrouver avec ses collègues et rester proche d’eux, à travers des attentions simples. Ce faisant, il nous rendait proches les uns des autres, car la solidarité signifiait beaucoup pour lui ».

Caroline Feuillet, aumônière en soins palliatifs, relève « sa bonté et son écoute des gens ». Quand Robert termina ses diverses missions en milieu hospitalier, de nombreux fidèles lui manifestèrent leur reconnaissance. Car là, comme ailleurs, l’homme avait su marquer en ne s’imposant jamais, mais en étant présence auprès de ceux qui souffrent. Comme l’explique une ancienne patiente, « Robert a toujours cherché à développer un esprit missionnaire, pour aller vers les autres en créant une ambiance chaleureuse. Nous étions heureux de nous retrouver autour de lui pour les célébrations ou des moments plus personnels ».

Ces belles convictions de fraternité ont guidé ce natif de Pont-à-Mousson, tout au long de sa vie donnée au Christ et aux hommes. Elles ont semé des graines de sympathie et de foi, dans le grand champ d’humanité qu’il avait choisi de labourer sans répit. C’est avec sa simplicité et sa discrétion naturelle, que Robert s’est retiré à Saint-Nicolas-de-Port puis à la Villa-Saint-Pierre-Fourier avant d’entrer dans la joie de son maître.

1939 Naissance à Piennes

1965 Ordination presbytérale ; vicaire à Nancy (Sainte-Thérèse)

1976 Aumônier de secteur Action catholique ouvrière (ACO) sur Nancy

1982 Curé à Tomblaine

1991 Curé à Vandœuvre (Saint-François d’Assise) ; au service des mouvements de la Mission ouvrière

1998 Curé à Neuves-Maisons, Chavigny et Pont-Saint-Vincent ; en Mission ouvrière

2000 Membre du collège des consulteurs 2002 Curé de la paroisse de la Visitation sur Moselle et Madon

2006 Membre de l’équipe départementale de la Mission ouvrière ; en Mission Ouvrière sur le quartier des Provinces

2012 Référent en ACO

2022 Décès le 27 mars

Il a travaillé à une Église qui ne se situe pas en surplomb.

La fureur d’aimer a accompagné Robert tout au long de son ministère. Lui, l’insatiable copain qui a marché sans relâche vers ses frères, aimait rappeler avec passion qu’« être prêtre, c’est aller au-devant des hommes, là où Dieu nous a devancés ». Et l’enfant de Piennes en a fait des voyages en fraternité avec la Mission ouvrière. Robert en a partagé les combats et les espérances. C’est donc tout naturellement que ses membres l’ont entouré lors de ses funérailles. Leurs mots à cet instant ont dessiné avec tendresse ce combattant jamais lassé, au sourire avenant, au caractère bien trempé et au regard vif. « Avec toi nous avons contemplé, tempêté, aimé et élargi l’espace de notre tente. Fils de paysan, tu as creusé un sillon, tu aidais à voir une étoile dans un ciel trop sombre », ont témoigné Marie-Odile et Myriam, deux copines de la Mission ouvrière.

Des traces constructives, Robert en a laissé aussi dans ses diverses paroisses. En perpétuelle recherche du contact pour casser les préjugés et dépasser les frontières, il a toujours prôné une Église en sortie. « Grâce à son habileté à savoir proposer le bon chemin, il a aidé beaucoup de personnes à prendre toute leur place dans la mission de l’Église. Que ce soit dans les mouvements d’Action catholique, la catéchèse, ou les EAP (ndlr équipes d’animation pastorale) », se souviennent Françoise et Jacqueline, deux anciennes paroissiennes.

Il détestait les injustices et discriminations

Parce qu’il détestait les injustices et discriminations de toutes sortes, Robert n’hésitait pas à participer aux manifestations sociales, et à dialoguer avec des hommes et des femmes de toutes origines et de toutes convictions. Pour autant en homme de la terre, il n’en oubliait pas ses racines. D’où son attachement à sa famille, dont il accompagna les moments heureux et les instants douloureux. Le grand bonheur de Robert restera cependant sans conteste son souci d’être pleinement compagnon de son temps. Comme le souligne l’abbé Pierre Hinzelin, « il a travaillé à une Église qui ne se situe pas en surplomb, mais qui est toujours à naître au cœur des hommes ». Merci Robert d’avoir été un éternel soucieux de cette naissance toujours nouvelle.

1947 Naissance à Tucquegnieux-Marine

1975 Ordination presbytérale ; vicaire à Dombasle

1980 Aumônier Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF) de la fédération de Lunéville

1982 Aumônier diocésain JOC-JOCF

1984 Aumônier de liaison JOC-JOCF pour la Lorraine-Sud

1989 Curé à Labry ; au service de la pastorale en monde ouvrier

1991 Coordonnateur d’une équipe d’adultes accompagnateurs des fédérations de JOC de Longwy et Briey

1996 Membre de l’équipe animatrice du séminaire de premier cycle

2000 Aumônier diocésain du Secours catholique

2002 Membre de l’équipe animatrice du séminaire interdiocésain de Lorraine

2022 Décès le 7 mai

La relation aux autres est primordiale.

En passionné de football, Jean prenait souvent à contrepied ceux qui le rencontraient pour la première fois. En effet, son verbe libre et ses positions parfois tranchées cohabitaient sans problème avec un souci constant de l’autre et une écoute de chaque instant. « Il fallait prendre le temps de découvrir ses sensibilités et ne pas s’arrêter à ce qu’il dégageait de prime abord », affirme sa sœur Bernadette Antoine. Dans un article de La Croix, daté de 2009, cet enfant de Tucquegnieux racontait : « J’ai cherché à vivre mon ministère au-delà des frontières de l’Église. La relation aux autres est primordiale. Je ne me verrais pas enfermé dans un bureau ou sans cesse dans des réunions. Comme tout prêtre, la célébration des sacrements fait partie de mon ressourcement. Mais le contact direct et le partage avec les personnes sont essentiels pour nourrir ma vie sacerdotale. »

Demeuré proche de sa famille, notamment de sa sœur, son neveu et sa nièce, Jean était un homme de racines. C’est d’ailleurs dans la maison familiale qu’il choisira de se retirer. Sa soif d’accompagner au plus près, il l’a mise en action, comme aumônier au sein du monde ouvrier avec la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), mais aussi au Secours catholique de Meurthe-et-Moselle.

Agir et témoigner avec les périphéries

Il affirmait avoir énormément reçu des personnes en difficulté : « Je me sens prêtre avec l’Église, mais pour des gens n’appartenant pas forcément à la « boutique » », a-t-il témoigné dans ce même article de La Croix.

Ce besoin d’agir et témoigner avec les périphéries ne l’a pas empêché de s’investir durant de longues années dans l’équipe pédagogique du séminaire interdiocésain de Lorraine, à Metz. Des générations de séminaristes français et étrangers ont eu le loisir de côtoyer et d’apprécier ce supporter inconditionnel de l’ASNL, fan absolu de Johnny Hallyday, qui n’hésitait pas à partager coups de cœur et coups de gueule sur ses réseaux sociaux. Ainsi, était Jean. Homme de racines et de rencontres, qui a toujours cherché à concilier sa fidélité à l’Église et l’envie de rester libre. C’est cette dualité qui le rendait si interpellant et si attachant.

1932 Naissance à Pompey

1960 Ordination presbytérale ; vicaire à Nancy (Sainte-Anne)

1961 Vicaire à Toul

1963 Aumônier-adjoint au lycée Henri Poincaré de Nancy ; vicaire à Nancy (Notre-Dame-des- pauvres)

1977 Curé à Frouard

1989 Curé à Pagney-sur-Moselle

1990 Doyen à Rupt-de-Mad

1993 Administrateur à Vandières, Viéville, Vilcey- sur-Trey, Villers-sous-Prény

1994 Doyen à Pont-à-Mousson

1995 Curé à Pont-à-Mousson (Saint-Laurent)

1998 Formation aux ministères

1999 Administrateur, puis curé de l’ensemble des paroisses du Madon

2001 Curé de la paroisse Bienheureuse-Alix-le-Clerc du Madon ; doyen du doyenné de Saint-Amon

2022 Décès le 8 juin

Discret, mais efficace.

Entre Pompey, sa ville de naissance, et Madagascar, il y a des milliers de kilomètres. Pourtant, la grande île de l’océan indien fut une destination chère au cœur d’André. Ce lien affectif datait de son service militaire dans cette contrée lointaine. Il gardait un lien avec ce pays grâce à « son aide au prêtre » qui avait adopté deux orphelins malgaches. André répondit aussi à l’appel de la solidarité sur le continent africain. Avec un médecin rencontré lorsqu’il était aumônier au lycée Henri Poincaré de Nancy, il mena des actions au Niger.

Les « dimanches du peuple de Dieu »

Dans notre diocèse, il officia sur des territoires naissants, comme le quartier du Haut-du-Lièvre à Nancy. Il participa aussi à la mise en place de la nouvelle paroisse Bienheureuse-Alix-le-Clerc du Madon dans le Saintois. Il y accompagna l’Équipe d’animation pastorale (EAP), et lança diverses initiatives pour dynamiser la vie paroissiale, à l’image des « dimanches du peuple de Dieu » : « Sept fois par an, toute la paroisse se retrouvait à Haroué. Il y avait un temps de catéchèse, suivi de la messe. C’était un beau moment rassembleur. Avant son départ, André a également organisé la première marche de Pâques et permis la création du bulletin paroissial », se remémore Mariange Siebert, en charge de l’éveil à la foi sur le secteur.

Homme calme, mais convaincu des objectifs à atteindre, André encourageait toujours à aller de l’avant. « Ouvert dans son sacerdoce, il l’était aussi dans son quotidien en se frottant à des réalités diverses », constate Mariange. Retiré à Moyen, il rendait encore service tant que sa santé le lui permettait. « On gardera de lui l’image d’un fondateur discret, mais efficace », conclut Mariange. Voilà pourquoi, malgré sa discrétion légendaire, personne n’oubliera André.

1937 Naissance à Nancy

1966 Ordination presbytérale ; vicaire à Jarny

1974 Aumônier fédéral Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF) au secteur de Pont-à-Mousson

1981 Aumônier de secteur Action catholique ouvrière (ACO) à Pont-à-Mousson

1991 Aumônier de secteur ACO à Nancy ; au service des secteurs de Pont-à-Mousson, Toul et Neuves-Maisons ; à l’équipe sacerdotale de Tomblaine

1998  En Mission ouvrière dans la vallée de la Moselle

1999  Coopérateur à la paroisse Saint-Bernard- de-Val-Dieu

2010 Coopérateur au pôle missionnaire du Pays Mussipontain

2022 Décès le 12 octobre

Il avait le souci permanent des petits.

Quand François Jonette évoque la vocation de son frère cadet Charles, il replonge avec tendresse dans les douces heures de leur enfance : « Il a été interpellé très tôt par l’appel du sacerdoce. Je me souviens qu’il avait façonné un petit autel à la maison où il jouait à la messe. » Devenu prêtre, ce Nancéien plonge dans le monde ouvrier dès sa première affectation à Jarny. Entre lui et cet univers en perpétuel combat pour la dignité, l’aventure commune va durer toute une vie.

« À l’écoute des personnes de son temps »

Avec ses copains de lutte et de foi, Charles s’engage sur tous les fronts en Mission ouvrière comme militant aumônier et formateur. Rien ne viendra rompre ce lien de convictions partagées. Pas même le grave accident de la circulation dont il est victime en 1974 à Paris, lors d’un congrès national de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Il en gardera des séquelles toute sa vie mais ne s’appesantira jamais dessus.

L’homme n’était pas de nature à se plaindre. Peu loquace sur lui-même et refusant l’avant-scène, il préférait accueillir les maux et les espoirs des autres, comme le martèle son ami l’abbé Pierre Hinzelin : « Il avait le souci permanent des petits. Ceux dont nous sommes loin. Ceux qu’on cantonne arbitrairement aux périphéries. C’était un prêtre dans le souffle du Concile avec une présence à l’écoute des personnes de son temps. Pour lui, se rendre sur un piquet de grève pour discuter avec les grévistes relevait du normal. »

Charles qui s’était toujours intéressé à la science, avait choisi de donner son corps à la médecine en quittant la terre des hommes. Une manière humble de servir ses frères jusqu’au bout. Lui qui avait répondu à l’appel du Seigneur pour mieux aimer ses semblables, avait fait siennes les paroles du chant Dieu est amour, entonné par ses copains lors de son départ vers la maison du Père : « Si nous vivons au cœur du monde, nous vivons au cœur de Dieu. Si nous voulons un monde juste, dans l’Amour nous demeurons. »

1933 Naissance à Laxou

1960 Ordination presbytérale ; vicaire à Lunéville (Saint-Maur)

1966 Aumônier à l’Institution Saint-Joseph de Nancy

1970 Curé à Eulmont

1973 Curé à Foug

1988 Auxiliaire à Pont-à-Mousson (Saint- Laurent)

1991 Curé à Pont-à-Mousson (Saint-Martin)

1998 Coopérateur à la paroisse de Saint-Pierre-Fourier en Pays Mussipontain

2022 Décès le 14 octobre

Un visage du Bon Pasteur

Bernard était un curieux de tout au sens noble et constructif du terme. Ouvert, cultivé, jovial, avec un respect des personnes qui croisaient sa route, il acceptait naturellement les différences, car elles l’enrichissaient. Pour cela, il n’avait pas besoin de faire des choses extraordinaires. Il agissait simplement dans le fil du quotidien. « Il aimait se confronter à des réalités humaines qui ne lui étaient pas familières. Par exemple, il invitait spontanément des ouvriers marocains à venir regarder la télévision chez lui », raconte son neveu Étienne Liron.

Ce sens de l’amitié partagée, Bernard en avait fait une règle de vie. « Il a souvent emmené des confrères dans la ferme familiale à Combrimont dans les Vosges où il avait passé sa jeunesse. Avec son sens de l’humour, il avait même qualifié de bande des quatre, le groupe qu’il formait avec trois autres collègues à Pont-à- Mousson », confie son neveu.

L’abbé Jean-Michaël Munier qui l’a toujours apprécié, certifie que Bernard lui a montré « un visage du Bon Pasteur : attentif à tous, proche des plus petits, disponible à tout moment, patient envers chacun, homme de prière, simple et humble. Et avec beaucoup de cordialité. Je lui dois beaucoup ». Sa relation à la terre et à la nature se traduisait par une passion absolue pour le jardinage et les longues marches en forêt, avec son ami l’abbé Jean Cadiot.

« Son côté pédagogique fut très stimulant »

Bernard aimait aussi impulser. « Son côté pédagogique fut très stimulant pour les laïcs notamment lors de la mise en place des équipes funérailles », attestent Gabriel et Monique Bulliard, des amis de longue date, qui ont gardé le contact avec lui jusqu’au bout. Quand vinrent les jours crépusculaires, la maladie s’invita avec son lot inévitable de diminutions. Mais Bernard affronta cette ultime épreuve avec dignité. Désormais, ce passionné d’histoire continue d’écrire la sienne auprès de Celui à qui il avait dit « oui » pour la vie.

découvrez leurs visages

*dans cette vidéo, sont également mis à l’honneur les prêtres de notre diocèse qui ont rejoint le Père en ce début d’année 2023.

Vidéo du Service diocésain de la communication. Réalisation : Rémy Nelson.