Rafraîchissant désert

Si nous suivons le Christ durant 40 jours dans un esprit de pénitence, ce n’est pas pour la beauté mimétique du geste ou pour une performance ascétique admirable (« évitez de vous faire remarquer« , répète Jésus). C’est plutôt pour entrer dans une intimité plus grande avec lui, venu apporter la vie au monde par son mystère pascal, et pour nous laisser rejoindre par notre Père des cieux, qui est présent « dans le secret« …

Il s’agit d’abord de revenir à nous-même dans la vérité du cœur, avec ses ombres et ses lumières, pour pouvoir nous tourner vers Lui « de tout notre cœur » (démarche de conversion, ou metanoia).

Dès les premiers siècles, le désert a été perçu par les chrétiens d’Orient comme un lieu de « retraite » où la relation à Dieu était simplifiée. Ainsi apparurent des « anachorètes », précurseurs du monachisme, dont les plus connus par leurs apophtegmes furent appelés les « Pères du désert ».

Lieu de solitude, de silence, d’aridité, le désert est propice à creuser en nous une soif spirituelle particulièrement féconde, car le Seigneur « comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Lc1,53)

N’ignorons pas nos faims et nos soifs : elles nous disent un peu qui nous sommes et sont un cri vers le Dieu vivant. « Ta prière, c’est ton désir. » (Saint Augustin)

Saurons-nous trouver de bienheureuses plages désertiques au sein de nos vies, où l’hyperactivité est souvent valorisée ?

A l’heure de la soif, nous aurons alors une chance de croiser la route du Christ, comme la Samaritaine, et de nous entendre dire : « donne-moi à boire« . (Jn 4,7) Que puis-je faire pour lui ?

Connaissant Celui qui parle, osons lui demander en retour ce dont nous avons besoin… Et il nous donnera de l’eau vive !

Père Benoît GÉRARDIN, curé

Désert de Judée