Résilience et résurrection

Edito du Père Benoît Gérardin

 

On entend de plus en plus parler de « résilience ». Signe des temps ? Le mot s’emploie pour toutes sortes de réalités : dans le monde de la santé à l’ère du covid, dans la vie professionnelle ou familiale, en économie ou en écologie, dans les relations internationales sur fond de conflit…

La résilience est cette faculté de rebond qui jaillit du cœur de l’épreuve ou de la crise.

 

Notons que le terme possède à l’origine trois acceptions principales :

  • en physique, c’est la caractéristique mécanique définissant la résistance aux chocs d’un matériau.
  • en psychologie, c’est l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques.
  • en écologie, c’est la capacité d’un écosystème, d’un biotope ou d’un groupe d’individus à se rétablir après une perturbation extérieure (incendie, tempête, défrichement…).

 

Ces trois domaines recoupent remarquablement ce qui nous est dit de la résurrection de Jésus dans les Evangiles :

  • la résurrection est d’ordre physique et matérielle. Jésus tient à se faire reconnaître dans son corps de chair, il se laisse toucher, est capable de manger… Son corps, néanmoins, n’est plus soumis aux mêmes lois de la matière et à la corruptibilité.
  • la résurrection touche son psychisme. Après l’extrême angoisse de sa passion, le Christ réapparaît plus paisible que jamais et ses premiers mots de ressuscité sont pour transmettre cette paix à ses disciples : « La paix soit avec vous.« 
  • la résurrection a une dimension cosmologique : elle initie une recréation ou régénération de l’univers en dépassant la loi de la mort. Cette restauration cosmologique ne sera pleinement manifestée qu’à la fin des temps (sens de l' »apocalypse ») ; pour le moment, « la création tout entière gémit en travail d’enfantement. » (Rm 8,22)

 

Ainsi, pour les croyants, la résurrection est-elle l’accession définitive à une vie nouvelle – encore difficile à imaginer – après le passage par l’épreuve de la mort. Le Christ en est le premier témoin et le « pionnier » : dans son mystère pascal, il nous a montré le chemin, afin que nous marchions sur ses traces… Nous menant bien au-delà de notre condition actuelle et nous préservant de toute déchéance future, la résurrection est la plus accomplie des résiliences !

 

Père Benoît Gérardin, curé