L’église Saint-Dagobert

Lorsque saint Dagobert fut canonisé au IXe siècle1, une église qui dépendait de la vieille église de Mont-Saint-Martin fut érigée au cœur de la vieille cité près du donjon. L’édifice dut être assez important, vu les mentions par l’abbé Mussey des différentes chapelles et des autels. Il connut cependant bien des modifications et réparations à cause des guerres, notamment celle de Trente Ans (1618-1648) et des épidémies de peste tuant nombre d’habitants.

En 1685, Longwy devenue française, Louis XIV chargea Vauban de bâtir la nouvelle cité. Sur l’actuelle place Darche, la première pierre de l’église Saint-Dagobert fut posée aux frais du roi, à partir du 22 mars 1683. La consécration eut lieu le 9 mai 1690, l’église ayant été classée «édifice militaire». De cette époque ne reste que la façade avec pilastres, frise moulurée et fronton triangulaire typique du style classique en vigueur. En 1718, lors d’une restauration, on ajoute un cadran solaire oriental. En 1734 et 1757, la tour menace de tomber : on répare et des contreforts sont ajoutés pour soutenir le cul-de-four du chœur.

En 1792, la fureur de la Révolution française cause bien des dégâts sur le bâtiment : statues, dont une antique Vierge du XVe siècle et celle de saint Dagobert revêtue de ses ornements royaux, autel, reliquaire, boiseries, portes, mobilier, vitraux… On le transforme en «temple de la raison», puis en magasin militaire avec suppression des escaliers. En juillet-août 1815, les deux tourelles dotées d’escaliers flanquant la tour, vigie militaire de 43 mètres, croulent sous le bombardement (3 000 projectiles) des troupes alliées antinapoléoniennes.

Sur les plans de Claude Jacquemein, architecte à Metz, la restauration a lieu dès 1866-1867 : diminution d’un étage de la tour-observatoire (12 mètres), érection de 14 piliers, installation de trois nefs (au lieu d’une seule auparavant), création de voûtes reposant sur une série d’arcs doubleaux en pierre de taille, plafond lambrissé, chœur polygonal voûté d’ogives muni d’un déambulatoire. Mais faute d’argent, l’église ainsi agrandie n’est consacrée que le 10 septembre 1867 par l’évêque de Metz, monseigneur Dupont-des-Loges.

Durant la guerre de 1870, la tour perd un étage. Puis le siège de Longwy en 1914 vient encore tout dévaster. Tour, nef, voûtes sont à relever. Deux maisonnettes situées au pied de l’église ne seront pas rebâties. L’église est classée monument historique en 1921, et les Beaux-Arts engagent la restauration de Saint-Dagobert dans le style Louis XIV avec l’inauguration le 8 août 1926.

De cette époque, on peut voir les quatre cloches baptisées et installées en 1923, le maître-autel en marbre sauvé de la guerre, le ciborium (dais ou baldaquin) posé sur quatre colonnes de Guet et Vienne, le chemin de croix en pierre pulvérisée et moulée, l’orgue de style gothique de 1926 de François Didier, la pietà d’André Vermare dans le transept droit. Les 12 verrières de style art déco illustrées de 13 saints en pied sont dues aux deux maîtres-verriers parisiens Barillet et Le Chevalier. Saint Dagobert et saint Sigisbert siègent à gauche dans le chœur. Deux des vitraux figurent les armoiries de deux «évêques de Longwy» suffragants de l’archevêque de Trêves, dont la paroisse a dépendu jusqu’au concordat (1801). En 1941, l’église sera encore légèrement endommagée.

Comme autres curiosités, on admirera encore le Christ en croix issu sans doute de l’ancienne église, les statues de Marie et Joseph dans les chapelles latérales, la pierre tombale de 1697 du marchand bourgeois Nicolas Barbazon dans le narthex (à l’entrée), la chaire à prêcher de 1820 de l’ébéniste Vien, les croix de Malte sur les piliers de 1867. En façade extérieure, l’inscription de 1838, «Venite adoremus in aeternum» (Venez, adorons pour toujours) peinte en noir, est peu lisible dans le cadre au-dessus du portail. Ainsi, malgré les vicissitudes du temps et des hommes, l’église Saint-Dagobert est toujours présente et continue d’être témoin de la foi des chrétiens longoviciens.

Dominique Jacob

1. La chanson «Le bon roi Dagobert», roi mérovingien (600-639) n’a rien à voir avec le saint.

Vierge Polychrome
Une mention particulière doit être faite de la Vierge polychrome richement habillée à l’espagnole du XVIIIe siècle aux quatre couleurs liturgiques. Appelée avec le temps «Notre-Dame de Longwy», elle n’est que la copie de celle de Luxembourg, elle-même inspirée de Notre-Dame d’Avioth. Comme en témoigne son titre, «consolatrice des affligés», cette Vierge a toujours été l’objet d’une grande vénération : on lui attribuait un miracle, on la portait en procession le 15 août autour des remparts, le duc Charles II de Lorraine lui fit un legs selon Dom Calmet… Elle a quitté l’église de Longwy en 1870 et par les religieuses de Sainte-Chrétienne, parvint au couvent du Roule à Paris en 1882, puis fut transportée à Bruxelles en 1904 en raison de la loi Combes. Elle fut retrouvée à La Hulpe en 1987 et ramenée à Longwy en octobre 1988. D’auteur inconnu, cette statue d’applique en bois taillé est une Vierge à l’enfant de 70 sur 49 centimètres. Elle se trouve sur le pilier droit à l’entrée du chœur. Elle comporte couronne et sceptre. Tenant un globe, l’Enfant Jésus couronné se dresse sur le bras gauche de sa mère.

 

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