S’arrêter un instant pour lui dire au revoir

Sœur Marie-Jean quitte la paroisse Saint-Martin après six années passées sur le secteur.
Ayant cessé son activité professionnelle d’infirmière à plein temps, elle va rejoindre Nancy pour une nouvelle mission, confiée par la mère supérieure des Sœurs de Saint-Charles. Avec sa gentillesse habituelle, elle a bien voulu prendre le temps de répondre aux questions parfois indiscrètes de «Chrétiens sans frontières».

Chrétiens sans frontières. La dernière fois où vous avez ri ?
Sœur Marie-Jean. Je ne sais plus, mais souriante, oui, très souvent. Ce n’est pas pour des motifs matériels.
C’est parce que je profite des grâces qui passent.
Oui, à cause d’une plénitude qui est en moi, sans paraître aucunement prétentieuse, d’un contentement spirituel à transmettre ma foi.

Et vos dernières larmes ?
Lorsqu’il a fallu dire au revoir aux enfants du catéchisme, aux mamans qui m’ont accompagnée, aux catéchumènes. (Le ton de la voix est ému et les yeux sont vite essuyés.)

Les temps paroissiaux que vous affectionnez ?
Les célébrations eucharistiques avec la communauté chrétienne, même s’il y a davantage de personnes âgées que de jeunes, la chorale, la musique de l’orgue, les paroles de prière, le silence de la méditation.

Votre vertu préférée ?
(Après un silence) La simplicité.
Être devant les hommes comme devant Dieu.

Et votre péché mignon ?
Déguster de la brioche. (Avec ce commentaire : «Mais c’est comme une confession.»)

Le don de Dieu que vous auriez voulu posséder ?
Tous, pour transmettre la foi.
Je me sens parfois pauvre avec mes connaissances, même si l’Esprit saint est présent et aide.

En sa présence, quels propos adresseriez-vous à Jésus ?
«Pourquoi ?» Il ne s’agit pas de la souffrance, car Jésus nous a montré la voie. Mais la différence, le malheur innocent, ces enfants amputés, ceux qui travaillent durement, qui ont faim, qui sont victimes des guerres…
C’est comme une injustice, car on se sent impuissant, même si on peut prier.

Comment définiriez-vous l’enfer ?
C’est là où Dieu n’est pas.

Que souhaiteriez-vous dire aux habitants du Pays-Haut ?
D’abord, être des appelants pour les jeunes afin de les aider, de les soutenir. Et puis que les pardons ne s’étranglent pas dans les gorges.
Il faut vouloir agir, être capable d’oser, savoir tourner la page, bref pardonner.

Une des raisons d’espérer ?
La résurrection. Nous approprier la victoire de Jésus est essentiel, oui, capital.

Votre prière préférée ?
Le signe de la croix, que je fais en cas de difficulté. Ce geste est rempli de multiples significations et symboles.
C’est la Trinité en action. Il y a bien sûr aussi le Notre Père et l’Ave Maria.

Avez-vous un rêve de bonheur ?
Oui, que tout le monde aille au paradis, que j’y retrouve ceux que j’ai aimés, ceux dont j’avais la charge, oui vraiment tous, car je ne pense pas avoir d’ennemis, sinon moi-même.

Votre meilleur souvenir du Pays-Haut ?
Mes missions à la catéchèse, à l’aumônerie, au catéchuménat, et puis mon aide lors des baptêmes et auprès des mourants… avec la bienveillance des équipes pastorales, des prêtres et de l’ensemble de la communauté.

Quels sont vos loisirs ?
Les mots croisés, les sudokus.
J’aime bien les films à grand spectacle, les péplums comme Les Dix Commandements ou plus récemment Centurion Resurrection.
J’apprécie les promenades solitaires. La musique aussi sous divers aspects : en premier le chant grégorien et puis les cuivres, le Chœur des esclaves de Verdi, le Boléro de Ravel.

Propos recueillis par Dominique Jacob