Équipe funérailles : un service d’Église

À Gorcy, dans la paroisse Saint-Antoine de Padoue, Jacqueline Fosty fait partie depuis quatre ans
d’une équipe funérailles et elle nous en livre les activités pratiques.

Qui compose l’équipe funérailles ?
Nous sommes trois : Colette, 83 ans, Nicole, 73 ans et moi-même.
Nous assurons les obsèques religieuses sur Gorcy, Cosnes et Romains, Saint-Pancré, Vaux-Varnimont et Ville-Houdlémont
avec l’église Saint-Denis au milieu de la forêt, donc cinq clochers au total.
Il y a entre vingt-cinq et quarante décès et donc autant de services religieux par an à assurer.

Avez-vous été formées ?
Nous avons commencé il y a quatre années. Le père Bolek nous a contactées.
Notre lettre de mission est venue du père Amiot le 1er septembre 2011.
Au départ, nous avons eu quatre à cinq journées de formation à Nancy.
On a appris à tout mettre en place au niveau de l’organisation des funérailles, mais aussi à s’entretenir avec la famille,
préparer le mot d’accueil, composer une homélie…
Encore actuellement, une réunion avec le père Vincent Thomas a lieu tous les trois mois.
Nous y discutons des divers problèmes que nous rencontrons.

Quelle est votre manière de faire ?
Généralement, je reçois un coup de téléphone des pompes funèbres et nous convenons du jour et des horaires.
Ils me donnent les coordonnées de la famille. Je prends contact avec elle et je me rends au local funéraire ou à domicile.
J’obtiens les renseignements pour préparer le mot d’accueil, j’écoute les desiderata, on choisit ensemble les chants, le psaume,
le texte de la première lecture.
Je propose également que la famille rédige une parole d’adieu ou bien lise un poème à la fin.

Et durant la cérémonie ?
Elle dure entre trente et quarante-cinq minutes. J’accueille le défunt à l’entrée de l’église.
Souvent un enfant allume les cierges lors du rite de la lumière.
Je choisis (parfois) et lis l’évangile et j’y adapte mon commentaire qui dure cinq minutes.
Pour les idées, je m’aide d’un livret «Les Morts et les Vivants», car chaque situation est différente.
Sur la paroisse, par chance, organiste et chorale sont encore là à chaque enterrement, ce qui est loin d’être le cas
sur le reste du Pays-Haut. La cérémonie se termine par un chant avec musique, également par un hymne à la Vierge.
Puis nous accompagnons le corps jusqu’au véhicule funéraire, mais pas au cimetière.

Quelles sont les remarques des familles des défunts ?
Dans l’ensemble, ils sont satisfaits et ils nous remercient, certains à la fois surpris et chaleureux.
Après, nous rencontrons la famille à la messe du samedi qui est dédiée aux personnes décédées; plus tard encore,
chez eux ou ailleurs, suivant les situations de la vie.
Et enfin à la Toussaint où toutes les familles d’un disparu durant l’année sont invitées par lettre à l’office religieux.

Et jamais de récriminations ?
Oh certes, il y a bien parfois –mais c’est rare – des réflexions désagréables sur le tarif (130euros), ou des membres
de la famille qui veulent absolument un prêtre.
Ces personnes, peu proches de l’Église, ignorent ou n’ont pas compris qu’il s’agit d’une célébration et non d’une messe
(c’est-à-dire avec le sacrement de l’eucharistie) et donc que la présence d’un prêtre n’est en rien obligatoire,
d’autant que ces derniers ne sont plus nombreux ou alors avancés en âge.
Il n’empêche qu’un certain aspect sacramentel subsiste. Mais surtout, c’est lié à la diversification des tâches
d’Église confiées aux chrétiens. La célébration, la pastorale des funérailles, est donc un véritable ministère confié aux laïcs.
Ils sont mandatés par l’évêque pour être ainsi envoyés en mission.

Un souhait pour l’équipe funérailles?
Vu notre âge, nous souhaitons que de jeunes personnes nous rejoignent.
Car les problèmes surgissent pendant nos maladies ou nos vacances. Ainsi, nous pourrions constituer plusieurs équipes
puisque nous oeuvrons à chaque fois en binôme. De plus, la relève pour l’avenir serait assurée.
On nous a demandé d’aller aider les autres paroisses, mais ce n’est guère facile, vu qu’il faut avoir du temps et posséder un véhicule.

Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Pour moi, célébrer des funérailles, c’est d’abord un service d’Église, mais aussi une aide à la population à un moment difficile.
Cela me fait beaucoup de bien, puisque je témoigne de ma foi et de la vie ressuscitée.
Quand il y a deuil, il existe la nécessité de parler. Parfois, quand l’émotion me submerge, je souffle deux ou trois fois et
je reprends la parole. Bien sûr, la première condition est de ne pas être timide. Mais cela s’apprend.
Lors de la cérémonie, je regarde les gens, et pour eux, ce regard, c’est bien, c’est réconfortant, c’est l’espérance.