Journée mondiale du Migrant et du Réfugié : «C’est ma sœur, c’est mon frère»

«Je regarde au loin, j’aperçois un objet. Je regarde mieux, il bouge, c’est un animal. Je m’approche, je vois que c’est un homme. Je le rencontre enfin, c’est mon frère» (conte tibétain).

Le 29 septembre à Réhon, nous vivions la 105e Journée du migrant et du réfugié. À vrai dire, la journée du migrant, c’est tous les jours, pour eux et pour celles et ceux qui partagent leurs angoisses et leur espérance contre toute espérance. La Journée du migrant, c’est chaque fois que leur situation mobilise tout un réseau de solidarité comme pour B et N1. «Après dix ans en France, alors que j’ai travaillé, mon permis de séjour n’a pas été renouvelé. Au même moment, la police contrôlait ma femme. Elle a été arrêtée et mise en maison de rétention à Metz. Sa maman est en prison, parce qu’elle était enseignante. Je ne pense pas retourner au Rwanda, car tous ceux qui ont quitté le pays sont considérés comme des traîtres. Au retour, nous attend la prison. D’autre part, comme j’ai de gros problèmes de santé, je ne pourrai pas être soigné correctement et c’est la mort2» (N). «Nous ne savions pas !», reconnaissaient certaines personnes. Les réfugiés nous ouvrent les yeux sur la réalité du monde.

La Journée du migrant, c’est chaque fois que l’accueil et la fraternité font «des miracles». F a raconté comment une paroisse s’est mise en route simplement parce que deux enfants albanais avaient besoin de parrains et marraines. Bien des gens, dans l’ombre, se sont décarcassés. Alors qu’on apportait les fruits de la collecte aux parents, ceux-ci ont dit : «Comme il y a beaucoup, on va partager avec les autres. Il y en a trop pour ma fille, je prends et je donne à la famille d’à côté et là, une petite fille et une ado sont aussi contentes.»

Le sourire malgré la grande angoisse face à l’avenir, la rencontre, les liens tissés, les embrassades aux retrouvailles, le témoignage de jeunes, la vie qui grouille grâce aux enfants. Il est là le miracle de cette journée. Au cours de la célébration à l’église Sainte-Geneviève, deux signes ne trompaient pas : les mains serrées au moment du Notre Père et les étreintes au «signe de paix». Oui, la rencontre de la sœur et du frère réveille notre humanité et pourrait bien ressusciter notre Église du Pays-Haut. Osons la rencontre. Osons la vie.

Pour conclure, peut-on mieux dire que T : «J’ai 22 ans, je suis née en Colombie. À l’âge de mes 3 ans, mes parents ont dû fuir leur pays à la recherche d’une vie meilleure. Cela fait dix-neuf ans que, chaleureusement, nous avons été accueillis ici, à Longwy, dans notre pays, la France. J’ai ainsi grandi dans un environnement multiculturel, des personnes avec des cultures et des histoires fascinantes (Italiens, Portugais, Turcs, Congolais et tant d’autres). Les migrations existent depuis toujours et partout. C’est notamment pendant mes voyages à travers l’Europe, l’Amérique Latine et l’Afrique (NDLR : voyages liés à ses études) que je me suis rendue compte de cela. C’est pour moi une réelle richesse de pouvoir connaître de nouvelles cultures. Il faut pour cela sortir de son confort et s’engager dans un processus d’échange et accepter la différence et s’enrichir de celle-ci.»

En somme : «Construire des ponts plutôt que des murs» !

 

L’ÉQUIPE PASTORALE DES MIGRANTS DU PAYS-HAUT

1. Les noms ont été remplacés par des lettres.
2. B a été libérée le mardi 29 octobre 2019.