Le confessionnal

Les plus jeunes ignorent sans doute la définition et l’importance de ce petit meuble que l’on trouve encore dans les églises catholiques. Alors éclairons un peu leur lanterne.

Sous l’impulsion de Charles Borromée, le confessionnal est apparu au XVIe siècle en lien avec le concile de Trente lors d’une session sur le sacrement de pénitence. Les Jésuites ayant insisté sur sa pratique ont sans doute favorisé son apparition, tout de suite après le concile de Malines de 1607. Le mot trouve sans doute son origine en Italie du fait de confessionnale que l’on trouve traduit en français dès 1605. Pour les férus de culture, signalons que le Confessionnal est un ouvrage de Nicolas d’Inchelspuel imprimé à Strasbourg en 1516 et également un grand fauteuil pour malades comportant deux oreilles pour y appuyer la tête.

Par définition, c’est un isoloir clos pour que le confesseur, un prêtre, un père spirituel ou un directeur de conscience puisse entendre derrière un grillage le pénitent à confesser. «Cette boîte aux lettres de la conscience» est placée dans les bas-côtés de la nef ou bien dans des chapelles, le plus souvent dans un endroit peu éclairé.
Autrefois il en existait deux, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes, ce que l’on peut encore constater dans la région de Milan, afin d’éviter toute distraction ou dissipation à un moment si important pour l’âme du pécheur. Ce meuble est composé en règle générale de trois compartiments séparés par une cloison de bois et muni éventuellement de porte ou de rideau. Il est souvent décoré, mais les styles sont peu caractéristiques : cela va du baroque au classique.

La partie médiane est réservée au prêtre avec un siège. Il y dispose d’informations pratiques, des formules de l’absolution et de prières relatives au sacrement. À l’intérieur, on note parfois la présence d’une croix ou d’une icône. Des voyants lumineux verts et rouges peuvent équiper quelques confessionnaux modernes pour montrer ou non la disponibilité du confesseur. Les deux loges latérales sont munies de petits bancs pour s’agenouiller (agenouilloir) et d’une petite tablette pour s’accouder. Une ouverture pratiquée dans les cloisons (le guichet) permet de converser. Une grille en bois ou en fer y sépare le fidèle du confesseur, avec de temps à autre un panneau mobile coulissant et occultant. À l’origine, ce grillage est né dans les couvents de religieuses par souci de convenance et de moralité, comme le signale le concile de Milan de 1565. L’anonymat y est de rigueur. Dans les confessionnaux espagnols, belges et allemands, le pénitent peut voir le prêtre, mais ce dernier est lui-même masqué par un voile ou un bâti de bois. En revanche dans les confessionnaux français, le confesseur est caché par une toile mobile ou une cloison opaque alors que le confessé est visible. De toute manière, les conversations y sont toujours murmurées. Quand un passant circulait dans l’allée, il était jadis de tradition de se couvrir les oreilles avec les mains pour respecter l’intimité des échanges.

Depuis le deuxième concile œcuménique du Vatican, la confession est devenue le sacrement de pénitence et de réconciliation. Il n’est donc plus «ce tribunal qui justifie ceux qui s’accusent» comme le proclamait Jacques-Bénigne Bossuet. Le face-à-face a été autorisé par le Sacrosanctum Concilium chapitre III, 72. Le confessionnal n’est donc plus guère d’usage. Actuellement, le dialogue peut s’effectuer dans un bureau avec une chaise et un prie-Dieu. Ceci explique qu’aujourd’hui, les transformant en armoires, on y stocke du matériel ou des archives. La confession peut même se dérouler en pleine nature, quand il y a beaucoup de monde. Ainsi aux Journées mondiales de la jeunesse de Madrid en 2011, des confessionnaux démontables ont été installés dans le parc du Retiro.

Dominique Jacob

 

Légende image : Confessionnal de style Art déco surmonté de la mention latine «Pax» («paix» en français, évoque la paix intérieure résultant de la confession), église Saint-Barthélemy de Mont-Saint-Martin.