Poussières de chemin

Ils allaient. Lui, relativement âgé s’appuyait sur un bâton noueux. Il était vêtu d’une cape brune. Elle, plus jeune, mais le visage pâle, souriait sans cesse. Elle était enveloppée dans une mante de teinte plus claire. Ils avaient été contraints de partir sur l’ordre de l’empereur et du consul gouverneur de la Syrie.

J : Es-tu fatiguée ?

M : Non, mais nous pouvons faire une pause si tu veux.

Ils allaient, laissant retomber derrière eux la poussière soulevée. Tous deux étaient seuls, cheminant lentement sous un pâle croissant de lune. Vu leur faible allure, ils avaient été distancés par leurs compagnons de caravane.

J : Quel silence ! Que la soirée est belle !

M : Oui, et avec toutes ses étoiles naissantes…

Ils allaient, en contemplant le splendide paysage, composé de vallons ombreux et de crêtes aux herbes desséchées. Au loin, des paysans travaillant le sol et des bergers rassemblant leurs troupeaux les regardaient passer. Les collines étaient plantées d’oliviers plus que centenaires.

J : La récolte va certainement être bonne ?

M : Oui, sans aucun doute.

Ils allaient vers le sud ; la belle saison était finissante. Une brise légère se levait, les rafraîchissant quelque peu. Parfois, elle portait doucement la main à son ventre, pleine d’espoir. Lui, regardant le chemin, lissait sa barbe, confiant en l’avenir.

M : La route est-elle encore longue ?

J : Non, on approche.

Ils allaient encore et toujours. Pour dormir un peu, ils trouveraient bien un gîte ou un abri, car dans cette contrée, ils le savaient, les habitants sont accueillants. Au bout du chemin qu’ils allaient monter, c’était Bethléem en Judée, une Terre promise. Oui, Joseph et Marie étaient des nomades, des déracinés comme bien des exilés, des expatriés, des réfugiés. Hier comme aujourd’hui, sur les routes du monde entier, des migrants de toute nature, marchent, poussières de chemin.

JEMA