La Lettre de la Terre – Avril 2024

👉 LOUONS LE SEIGNEUR

Bonne nouvelle ! 📰

En 2023, près de 500 obstacles bloquant la vie aquatique ont été supprimés des rivières européennes. Un record !

Agis !

Vos vieux habits débordent ? Pourquoi ne pas les donner ? Ainsi qu’en acheter moins et de meilleure qualité.

👉 EDITO

Né dans un village rural, j’ai toujours été attiré par les haies, les mares, les prairies et toute la vie sauvage qui s’y épanouit. Depuis mon adolescence j’ai assisté impuissant à la destruction massive et dans une indifférence générale de ces paysages vivants au profit de l’urbanisation et surtout de l’agriculture intensive. J’ai toujours ressenti cela comme une agression et un mépris de la Création : tant de vie et de beauté créées par Dieu remplacées par du béton et des monocultures gorgées de pesticides aux conséquences dramatiques tant pour la nature que pour la santé publique. Tout cela non pas pour produire de la nourriture mais désormais du gaz (méthaniseurs) ou des agrocarburants pour nos bagnoles !

Pendant 50 ans je n’aurais guère eu d’écho dans les paroisses que j’ai fréquentées lorsque je voulais parler d’écologie (les défis et les choix sont si nombreux pour une Eglise voulant répondre aux appels d’une humanité de plus en plus souffrante).
C’est donc avec plein d’espoir que j’ai accueilli l’encyclique Laudato Si : enfin un Pape alerte les humains et plus particulièrement les catholiques sur le fait que détruire la nature c’est détruire notre maison commune. Cette Création polluée, surexploitée devient de moins en moins apte à accueillir la vie, qu’elle soit sauvage ou humaine.

En tant que naturaliste de la LPO, mais aussi papa d’agriculteurs en agroécologie, je ne peux que confirmer l’effondrement dramatique de la biodiversité de nos campagnes et la dégradation continue des sols.
La démarche Eglise verte me semble essentielle pour que cette encyclique ne reste pas lettre morte et se décline dans nos paroisses.
En tant que naturaliste et membre de l’équipe diocésaine à l’écologie intégrale, je propose des interventions dans les paroisses pour faire découvrir la biodiversité et les moyens de la favoriser.

Parmi les actions de proximité nous pouvons recenser pour protéger leur tranquillité les oiseaux qui fréquentent nos bâtiments paroissiaux : chouettes effraies et faucons dans les clochers, hirondelles et martinets sous les toitures des églises, chauves-souris…
Les travaux sur ces bâtiments souvent communaux sont réalisés généralement sans tenir compte de la survie de ces locataires sauvages !
N’hésitez pas à me contacter !
Patricklpo54@gmail.com

Patrick Génin

👉 TEMOIGNAGE

Léa-Jehanne Robert, doctorante en microbiologie et membre de l’équipe diocésaine à l’écologie intégrale

❓ Quand et comment a eu lieu ta conversion écologique ?

J’ai toujours été proche de la nature, même avant l’encyclique Laudato Si. Ayant grandi dans les Vosges, j’ai pu observer cette nature et découvrir toutes ces petites bêtes qui vivaient au sol dans le jardin et la forêt… Cela m’a appris qu’il n’y a pas que les pandas, mais aussi toute une biodiversité chez nous, qui est menacée et doit être protégée. On ne la connaît pas forcément. Toute forme de vie est pourtant digne de respect. L’humain est dans la Création, pas au-dessus d’elle, et il faut s’en souvenir. C’est en voyant l’inaction des politiques à haut niveau que j’ai eu envie de m’engager. Quand on m’a proposé de rejoindre l’équipe diocésaine à l’écologie intégrale, j’ai tout de suite dit oui.

❓ Etre scientifique et chrétien c’est possible ?

Bien sûr ! Depuis que j’ai fait les JMJ, je suis beaucoup plus à l’aise pour exprimer ma foi en public. Il y a même d’autres étudiants qui viennent me poser des questions, en parler avec moi. On me demande souvent si je crois à la théorie de l’évolution… ce qui est bien sûr le cas. Ils voient souvent la religion comme une série d’obligations à respecter, avec des sanctions terribles, des croyances antiscientifiques, quelque chose pour les enfants. Voir une biologiste croyante les étonne. Pour moi le message principal du christianisme c’est l’Amour… avec un Dieu qui est proche de nous, qui vient nous sauver, qui nous aide au quotidien.

❓ Quel rôle joue ton engagement dans ta Foi et ta Foi dans ton engagement ?

Souvent je désespère quand je sors de réunion ou que j’apprends les actualités. Je me dis que c’est foutu. Mais avec le regard chrétien je me sens plus sereine, l’espoir est vivace quand on en parle entre chrétiens. Grâce à l’équipe diocésaine à l’écologie intégrale, je peux me renseigner sur ce qui est fait et à faire, nous pouvons faire évoluer les choses.
J’ai fait une fresque du climat avec des collègues récemment et, sans surprise, mon bilan carbone est au-dessus de ce qui est conseillé (2t par an et par personne ndlr). On peut tous progresser, ensemble et avec la Foi, sans céder au désespoir.
Pour moi c’est nouveau de parler d’écologie avec des chrétiens. La 1ère fois aux JMJ, j’étais un peu mitigée car les gens pensaient pouvoir arranger tous les problèmes en se contentant de prier. Beaucoup de jeunes chrétiens ne sont malheureusement pas assez sensibilisés à ces questions d’écologie. Mais ça avance !

❓ Que conseilles-tu à nos lecteurs pour qu’ils fassent leur conversion écologique ?

Je conseille de s’émerveiller du monde. Sortir dehors, observer les plantes qui percent le bitume par exemple. Cela rappelle que la vie est partout, qu’on ne la supprime pas, même en ville et qu’il faut commencer à en prendre soin. Je me souviens à Liège, la montagne de Bueren où des plantes ont poussé entre les pavés des escaliers et un botaniste a noté à la craie le nom scientifique de toutes celles-ci. Un vrai jardin botanique en ville ! C’est ce genre d’initiative qui crée l’émerveillement, qui apporte la lumière dans les ténèbres au sens de rendre visible ce qui échappait à nos yeux. Pour cela il suffit de descendre en bas de chez soi, nul besoin d’aller sur un autre continent. Oui, l’émerveillement dont parlait déjà saint François d’Assise est la clef pour changer nos modes de vie et le monde.

👉 NOTE !

Création d’un jardin biblique et goûter partagé le 25 mai de 15h à 17h avec la diaconie, l’équipe Eglise Verte et la Catéchèse de la basilique du Sacré Cœur à Nancy.

👉 PARLE !

“C’est la sympathie de l’Homme pour toutes les créatures qui, avant tout, fait de lui vraiment un homme”

Albert Schweitzer, médecin et théologien protestant.