La Lettre de la Terre – mars 2024

👉 LOUONS LE SEIGNEUR

Bonne nouvelle ! 📰

La Haute Cour du Bangladesh a interdit l’exploitation et la capture des éléphants d’Asie 🐘

Agis !

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👉 EDITO

Il en est de l’écologie comme dans beaucoup d’autres domaines : nous sommes toujours plus aptes à juger et à critiquer autrui qu’à nous remettre nous-mêmes en question. Certes, il ne s’agit pas de fermer les yeux sur des décisions politiques dévastatrices comme la marche arrière sur les pesticides ou le cautionnement de banques sans scrupules dont les pratiques détruisent l’environnement bien plus sûrement qu’un trajet quotidien en SUV. Cependant, il s’agit aussi d’avoir le courage de se regarder en face et de s’interroger sur ses propres pratiques. Je suis probablement quelqu’un de passablement vertueux écologiquement parlant : je trie mes déchets, je fais attention à ce que je mange, je débranche mes appareils électriques la nuit… mais est-ce que c’est suffisant ? Est-ce que je suis prête à renoncer à ma petite vie confortable, à faire le deuil d’une société qui me propose tout ce que je désire, même si je ne le sais pas moi-même ? Car, ne nous leurrons pas, se convertir à l’écologie intégrale préconisée par le pape François c’est faire le deuil du monde tel que nous l’avons toujours connu, un monde qui nous promet le bonheur mais qui, paradoxalement, a relégué l’être humain au rang d’objet bon à jeter quand il ne sert pas ou plus, un monde où l’argent est le seul vrai roi, mais un monde qui nous arrange parce que nous en sommes nous-mêmes les grands gagnants.

Bien peu d’entre nous trouveront la force morale nécessaire à cette conversion et c’est là qu’intervient notre Foi. Seuls, nous n’avons quasiment aucune chance, avec le Christ nous pouvons soulever des montagnes. Dieu nous permet de redonner sens à ce qui semble n’être que sacrifices et renoncements. Il nous invite à contempler son œuvre, sa Création et à puiser en elle la force de changer. Aussi ne nous décourageons pas devant l’ampleur de la tâche, peu importe le temps que nous prendra le cheminement tant que nous nous mettons en marche : si nous nous confions à Dieu il saura nous guider et nous pardonner quand nous trébucherons.

Yolande Roussel

👉 TEMOIGNAGE

👨‍🦳Patrick Génin, administrateur LPO Grand Est et membre de l’équipe diocésaine à l’écologie intégrale

❓ Pourquoi cet amour de la nature et ce désir de la défendre ?

Je suis né à la campagne près des étangs de Lachaussée en Meuse. Mon rapport à la nature a commencé avec la pêche. Le propriétaire des lieux, un baron belge, avait d’excellentes relations avec la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux. Aussi, vers 11 ans j’ai rencontré des passionnés venus de Belgique uniquement pour photographier les oiseaux. Ils m’ont encouragé à acheter mes premières jumelles. Plus tard, je suis allé à Verdun dans un collège catholique et j’avais hâte de rentrer le week-end pour observer les oiseaux. C’est en 1991 que j’ai rejoint la LPO, qui se créait en Lorraine, alors que je déménageais à Nancy pour raisons professionnelles.

❓ A quel genre d’actions prends-tu part ?

Ma priorité, la partie la plus fondamentale de notre engagement, c’est la sensibilisation auprès du grand public et des décideurs. On encadre des sorties dans la nature pour faire observer les oiseaux aux gens, on participe à des commissions diverses dans lesquelles nous conseillons et alertons les responsables politiques sur les atteintes à la biodiversité. Il y a aussi des campagnes à but scientifique auxquelles je participe en simple bénévole. Enfin, sur le terrain, on peut aussi être amenés à planter des haies chez des agriculteurs bio, protéger les nids de busards cendrés dans les champs de céréales etc…

❓ Quel rôle joue ta Foi dans ton engagement et ton engagement dans ta Foi ?

La beauté de la Création, je la retrouve dans l’innocence des animaux, dans ce couple de cigognes qui protège ses petits du soleil, de la pluie, avec un dévouement total. Cela nous fait voir une certaine virginité du monde. Les oiseaux ne veulent qu’un petit endroit où nicher, une nourriture simple et naturelle, c’est l’illustration d’un monde équilibré. Dans ce monde, il n’y a pas de calcul, pas de recherche d’accumulation, d’accaparement des ressources. Les animaux font énormément d’efforts pour survivre malgré les misères que nous leur faisons. Ces hirondelles qui reconstruisent inlassablement leur nid que des humains détruisent, ces bergeronnettes qui reviennent à leur marais bouché… cela me révolte. Je suis indigné d’un tel mépris, d’une telle ignorance pour l’œuvre de Dieu et ça me motive pour la défendre. Je milite depuis 55 ans et l’arrivée de Laudato Si en 2015 a été un boost !

❓ As-tu une expérience marquante à nous partager ?

Il y a quelques années, une haie a été détruite durant un week-end de 1er mai, en pleine nidification, par un agriculteur. Cela m’a particulièrement choqué parce que ce monsieur, également chasseur, n’aurait pas coupé une haie concernée par la Politique Agricole Commune, qui interdit strictement cela. Mais là, parce que c’était au bord d’une route et donc hors règlementation, il l’a détruite. Autant il respectait les lois, autant ça ne le dérangeait pas de détruire la vie dès qu’il le pouvait… quels mots trouver pour réussir à convaincre ce genre de personnes qu’il faut aimer et respecter la nature pour elle-même ? Ne pas la considérer uniquement comme un support de production !

👉 NOTE !

Rencontre autour de Laudato Si Jeudi 4 avril à 20h au presbytère sainte Thérèse de la paroisse Le Bon Pasteur – Nancy.

👉 PARLE !

“Oiseaux mes frères, vous devez beaucoup louer et aimer votre créateur. Il vous a donné des plumes pour vous vêtir, des ailes pour voler… Il a fait de vous ses plus nobles créatures.”
Saint François d’Assise