Rencontre autour d’un livre, Fratelli Tutti

Des acteurs de la pastorale diocésaine nous parlent de ce qu’ils ont aimé et retenu de l’encyclique du Pape François, Fratelli Tutti.

Antoine Mériaux nous rappelle les propos du Pape sur la guerre

Le Pape François consacre une partie de Fratelli tutti à la guerre. Voici des extraits qui nous touchent particulièrement en ces temps si troublés :

L’injustice de la guerre

256. « Au cœur qui médite le mal : la fraude ; aux conseillers pacifiques : la joie » (Livre des Proverbes 12, 20). Toutefois, certains cherchent des solutions dans la guerre qui se nourrit souvent de la perversion des relations, d’ambitions hégémoniques, d’abus de pouvoir, de la peur de l’autre et de la différence perçue comme un obstacle. La guerre n’est pas un fantasme du passé mais au contraire elle est devenue une menace constante. Le monde rencontre toujours plus d’obstacles dans le lent cheminement vers la paix qu’il avait initié et qui commençait à porter quelques fruits.

257. Puisque de nouveau les conditions se réunissent pour la prolifération des guerres, je rappelle que « la guerre est la négation de tous les droits et une agression dramatique contre l’environnement. Si l’on veut un vrai développement humain intégral pour tous, on doit poursuivre inlassablement l’effort pour éviter la guerre entre les nations et les peuples. À cette fin, il faut assurer l’incontestable état de droit et le recours inlassable à la négociation, aux bons offices et à l’arbitrage, comme proposé par la Charte des Nations Unies, vraie norme juridique fondamentale » [Discours à l’Organisation des Nations Unies, New York (25 septembre 2015)]. Je voudrais souligner que les soixante-quinze ans des Nations Unies et l’expérience des vingt premières années de ce millénaire montrent que la pleine application des normes internationales est réellement efficace et que leur violation est nuisible. La Charte des Nations Unies, respectée et appliquée dans la transparence et en toute sincérité, est un point de référence obligatoire de justice et une voie de paix. Mais cela suppose que des intentions spécieuses ne soient pas masquées et que des intérêts particuliers d’un pays ou d’un groupe ne soient pas placés au-dessus du bien commun du monde entier. Si la loi est considérée comme un instrument auquel on recourt lorsque cela s’avère favorable et qu’on la contourne dans le cas contraire, des forces incontrôlables se déclenchent qui nuisent gravement aux sociétés, aux plus faibles, à la fraternité, à l’environnement, aux biens culturels, entraînant des pertes irrécupérables sur le plan mondial. (…)

260. Comme le disait saint Jean XXIII, « il devient impossible de penser que la guerre soit le moyen adéquat pour obtenir justice d’une violation de droits ».[Lettre encyclique Pacem in terris (11 avril 1963)] Il l’affirmait à un moment de forte tension internationale et il a ainsi exprimé le grand désir de paix qui se répandait à l’époque de la guerre froide. Il a renforcé la conviction que les raisons pour la paix sont plus fortes que tout calcul lié à des intérêts particuliers et toute confiance dans l’usage des armes.

Prière au créateur

Notre pape fait aussi une place importante à la paix dans une des prières qui concluent Fratelli tutti :

Seigneur et Père de l’humanité,

toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité,

insuffle en nos cœurs un esprit fraternel.

Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix.

Aide-nous à créer des sociétés plus saines

et un monde plus digne,

sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres.

Que notre cœur s’ouvre

à tous les peuples et nations de la terre,

pour reconnaître le bien et la beauté

que tu as semés en chacun

pour forger des liens d’unité, des projets communs,

des espérances partagées. Amen !

Fratelli Tutti, vu par Jacques Détré

La formation que je suis en train de suivre m’a appris que l’encyclique Fratelli tutti, tout comme Laudato si, fait partie de la Doctrine Sociale de l’Eglise. Elle nous aide à réfléchir sur la vie en société, sur nos relations mutuelles, entre individus, entre les multiples associations, entre nations.

Quelle est la partie de Fratelli tutti qui me parle le plus ? Toutes, car le pape François, nous fait réfléchir à notre vie quotidienne, nos paroles, nos gestes et aussi ce qui les motivent.

Mais, en tenant compte de l’actualité, j’arrêterai mon choix sur le chapitre « la guerre et la peine de mort » : numéros 255 à 262. Notre pape y souligne l’injustice de la guerre ; rien ne peut la justifier !

La guerre, c’est la suppression de tous les commandements et la spirale de la violence qui mène à la mort.

C’est l’échec de la politique et de l’humanité, une déroute devant les forces du mal (261).

C’est se tourner vers soi. Et là, je réentends le Christ dire à cet homme (Mc 10,17-27) : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens et suis-moi. » Le Christ, constamment, nous tourne vers l’autre !

François souligne aussi qu’avec la technique, le commerce, les pays sont liés les uns aux autres (259). Ce qui touche l’un, que ce soit la fortune ou l’infortune, touche tous les autres. C’est la mondialisation.

Enfin, une dimension nouvelle, le pape qualifie la guerre comme une agression dramatique contre l’environnement ! (257, 262). Oui les femmes et les hommes sont reliés entre eux, mais aussi à l’environnement ! Tout est lié ! Cette petite phrase est un leitmotiv de Laudato si !

Alors, ce passage m’aide au respect de l’autre, y compris de la nature ! C’est un appel, pour moi, à l’écoute de l’autre, au respect de la différence. Cela m’oblige à faire confiance à l’autre, faire avec lui, dans un partenariat. Et, depuis la lecture de cette encyclique, j’ajoute l’écoute et le respect de la nature. Ce qui passe par faire attention à l’énergie que j’utilise, à l’eau, au tri de mes déchets, etc.

En guise de conclusion, ce texte m’invite à vivre avec, comme ligne de mire : le bien commun, dans lequel la nature est comprise.

Père Jacques Détré

Fratelli Tutti, vu par Sr Agnès Kainda

L’encyclique Fratelli Tutti soutient la prière de la communauté et y permet un chemin vers plus de fraternité.

Dans notre Congrégation des Religieuses du Saint-Sacrement, nous avons accueilli, avec joie, l’encyclique « Fratelli tutti » – Tous frères – comme toutes les autres encycliques du Pape François.
Nous l’avons lue et méditée en congrégation et en communauté.
Des fruits ?
Nous nous sentons pauvres et faibles mais en chemin pour plus de fraternité, avec nos différences.
Depuis l’année dernière, quelques numéros de cette encyclique viennent enrichir notre prière aux laudes ou les Vêpres. Nous lisons un passage très court avant le Notre Père (N°140, 202, 222,224…)
Le pape François, dans cette encyclique, nous pousse, grâce à quelques citations bibliques, à construire notre fraternité au sein de notre communauté religieuse. (N° 198)
Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaitre, essayer de se comprendre, chercher les points de contact, tout cela se passe dans le dialogue…. Nous devons éviter l’individualisme et l’agressivité, essayer d’être patientes et bienveillantes envers les autres.
Nous avons besoin de prier les unes pour les autres pour demander à Dieu, les grâces nécessaires pour nous aimer avec nos différences de culture, de race, d’âge, d’origine qui sont une richesse pour témoigner au monde la joie de notre vie de consacrées.

Sœur Agnès KAINDA, RSS

Fratelli Tutti, vu par Marie Guyon et Jean-Luc Ciszewicz, service diocésain de la solidarité et de la diaconie

L’encyclique Fratelli tutti

Même si nous sommes d’un optimisme débordant, force est de constater que la violence a redoublé ces dernières années, sous toutes ses formes. Ainsi, des tensions, voire des fractures sont apparues au sein de notre grande famille humaine, détruisant des liens qui existaient jusqu’alors.
Aujourd’hui, la paix sociale est en péril…
Dans divers milieux, il est difficile de débattre sans s’étriper…
En Église, nous n’échappons pas à cette dérive mortifère…

Nous pouvons puiser dans FRATELLI TUTI du Pape François, les conditions pour un retour à la communion fraternelle.
« Qu’est-ce que la tendresse ? » écrit le Pape François, et de poursuivre : « c’est l’amour qui se fait proche et se concrétise. C’est un mouvement qui part du cœur et arrive aux yeux, aux oreilles, aux mains…La Tendresse est le chemin à suivre par les femmes et les hommes les plus forts et les plus courageux.
Les plus petits, les plus faibles, les plus pauvres doivent susciter notre tendresse. Ils ont le droit de prendre possession de notre âme, de notre cœur. Oui, ils sont nos frères et sœurs et nous devons les traiter comme tels…Si je réussis à aider une SEULE personne à vivre mieux, cela justifie déjà le don de ma vie…Tout cela envahit le Monde comme une force de vie
 » (194-195)

Nous aimons ce passage…
La Tendresse est de DIEU !
Elle est la source d’énergie qui alimente le moteur de notre amour pour les autres. Et plus spécialement pour les personnes « déshéritées » : celles et ceux qui ont été privés de la part d’héritage qui leur revenait ; la part d’héritage que le Père remet à chacun de ses enfants…
Notre mission, c’est de vivre la diaconie ensemble et d’aider à vivre la diaconie afin de rétablir le courant de la Tendresse, là où il a été coupé, dans tous nos lieux d’accueil et de vie, que ce soit en Église ou dans le Monde. Cela suppose une conversion des cœurs dans la JOIE : il ne s’agit pas de conversion résignée, mais d’une conversion heureuse.
La diaconie, c’est un lieu où DIEU nous invite à le rencontrer.

Marie GUYON et Jean-Luc CISZEWICZ
Service diocésain de la solidarité et de la diaconie

Vous pouvez lire, télécharger ou imprimer l’encyclique en cliquant ici