Sr Marie-Bruno, clarisse, met en valeur le pardon

Je suis impressionnée par « l’amplitude », tout au long du texte, de l’encyclique Fratelli tutti. Le pape François a un regard vraiment universel. Il voit large, il voit loin, il voit profond.

Il porte sur la société actuelle un regard lucide (chapitre 1), sans en ignorer les « ombres épaisses » (n° 54). Et cependant, il nous invite à l’espérance (n° 55).

Il propose à tous, croyants ou non, de nous mettre à l’écoute de l’évangile. Et la parabole du Bon Samaritain, que le pape commente, peut parler à chacun…

Le pape aborde de vastes problèmes et de grandes questions. Et pourtant, sa réflexion n’est jamais abstraite, vague. Il nous ramène toujours à des attitudes concrètes, à notre portée. Ce qui est vrai à grande échelle, entre les nations, est vrai aussi dans notre vie quotidienne. François souligne par exemple l’importance du dialogue (n° 198) ou de la bienveillance (n° 224).

J’aime aussi la profonde humanité de ses conseils. Par exemple, alors que notre Eglise souffre beaucoup actuellement, et qu’elle est sous les feux de l’actualité, nous pouvons relire ce que le pape nous dit sur le pardon, comme ce court passage, qui peut être longuement médité :

Il est émouvant de voir la capacité de pardon de certaines personnes qui ont su aller au-delà du mal subi, mais il est aussi humain de comprendre ceux qui ne peuvent pas le faire. Dans tous les cas, ce qui ne doit jamais être proposé, c’est l’oubli (n° 246).

Le pape parle alors de la Shoah et des bombardements atomiques. Mais l’actualité me fait faire le lien avec les abus sexuels… Et les paragraphes suivants peuvent nous aider à voir plus clair dans la situation actuelle…

Mais surtout, je voudrais m’arrêter sur la prière finale, œcuménique (n° 287). En fait, à la fin de l’encyclique, François propose deux prières :
la première, adressée au Créateur, peut être dite par tous les croyants.
la deuxième est une prière que tous les chrétiens peuvent reprendre.

Si nous nous sentons pauvres en amour et dépassés par l’ampleur de la tâche, méditons-la.

Adressée à « Notre Dieu, Trinité d’amour », elle nous fait aller à la Source. Car c’est la Trinité, Communion d’amour, qui peut « (faire) couler en nous le fleuve de l’amour fraternel. »

Nous demandons avec confiance : « Donne-nous », « accorde », « viens », « montre-nous ». Nous sommes donc d’abord appelés à recevoir, car l’amour vient de Dieu. Mais nous ne sommes pas passifs pour autant : nous avons à écouter l’évangile, à le mettre en pratique et à laisser l’Esprit-Saint transformer notre regard sur « (l’) humanité que (Dieu) aime ». C’est le dernier mot du texte : si les premiers mots d’une encyclique sont importants, les derniers le sont aussi…

Ensemble, là où nous sommes, avançons sur ce chemin…

Sr Marie-Bruno, clarisse