Saint-Barthélemy : un église méconnue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les années 1920, la vieille église romane devint trop petite pour recevoir les fidèles de Mont-Saint-Martin, ville en extension du fait des activités sidérurgiques. On décida de bâtir une nouvelle église au cœur de l’agglomération.

En août 1926, un terrain, boulevard de Metz, fut acheté à François Dreux. Grâce à Alexandre Dreux, la Société des aciéries de Longwy finança l’ensemble des travaux. L’architecte nancéien Jules Criqui (1883-1951) conçut les plans de l’édifice «genre roman» : façade large de 16,50 mètres, tour-clocher haute de 37 mètres, deux tourelles et chœur polygonal. Au tympan, un oculus avec une croix et une rosace. Pour l’intérieur, la nef serait de 51 sur 14 mètres, le transept de 23 sur 8 mètres, l’ouvrage offrant ainsi 800 places.

L’entrepreneur saint-martinois Alix Ledoux fut nommé maître d’œuvre. Pour une bonne assise, on enfonça dans le sol 68 pieux en béton. La première pierre contenant un parchemin daté fut placée à la base du clocher le 25 septembre 1927. Puis l’entreprise Morisset et Maître d’Hôtel se mit à couler le béton. Les murs s’élevèrent malgré des arrêts dus aux rigueurs climatiques. Les autres corps de métiers se succédèrent. Trois cloches furent commandées par les Aciéries de Longwy à Jules Robert, fondeur à Nancy. La grosse cloche (1 200 kilos) s’appelle Fernande Marie Antoinette, la deuxième (880 kilos) Charlotte Yvonne et la petite (650 kilos) Françoise Marie-Thérèse.

Puis vinrent les travaux d’aménagement intérieur : les trois autels en pierre de savonnière avec colonnes de marbre, confiés à Étienne, sculpteur ; le mobilier d’église dû à Vallin. De style roman, le chemin de croix, constitué de sujets en terre cuite couleur pierre, vient des ateliers de Pierson de Vaucouleurs. Le facteur Edmond Alexandre Roethinger créa l’orgue de la tribune en 1937-1938. Agrémenté d’un buffet art déco1 avec deux corps en forme de lyre, il comprend deux claviers, un pédalier, 19 jeux. En 1997, le facteur Yves Koenig le transféra dans le transept gauche.

Selon la coutume, les fidèles offrirent les vitraux, d’où les inscriptions des donateurs. Deux grands maîtres verriers de l’École de Nancy, Jacques Gruber (1870-1936) et Joseph Benoît (1871-1939), les réalisèrent dans un ensemble de couleurs vives et de teintes savamment dégradées avec le constant souci de la pureté des lignes. On peut donc les classer comme art déco. Gruber fut chargé des vitraux de la façade : les baptêmes de Notre Seigneur par saint Jean-Baptiste, de Clovis par saint Rémy, la Crucifixion et la «bonne mort» de Joseph, thème rarement exploité. Benoît se consacra aux autres vitraux. Ne pouvant citer toutes les scènes évangéliques traditionnelles, signalons celles de Jeanne d’Arc, saint Fiacre et saint Martin et les deux représentations de saint Barthélemy, trouvant sa vocation et convertissant une jeune fille.

La consécration de l’église eut lieu le 29 septembre 1929 en un Te Deum (chant) présidé par monseigneur Jérôme, vicaire général. Les autorités religieuses et politiques et les 1 200 personnes présentes applaudirent alors la grandeur, l’harmonie et la sobriété de l’édifice.

 

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DOMINIQUE JACOB

1. L’art déco est caractérisé par un goût pour les formes géométriques épurées, la couleur et les ornements stylisés.