Jacqueline… comme une fleur

Depuis deux années, Jacqueline, modeste et discrète, ouvre et ferme quotidiennement les portes de l’église Saint-Dagobert, mais surtout elle s’occupe de sa décoration et notamment de son fleurissement.

Chrétiens sans Frontières. Avez-vous eu une formation de fleuriste ?
Jacqueline. Non, en aucune façon. J’aime tout simplement la décoration. Pour les plantes, je crois que j’ai une prédisposition, certains diraient « la main verte ». Je compose les bouquets, je dispose les fleurs, je place les plantes vertes suivant mon goût. Je fais bien attention à assortir les couleurs, à harmoniser l’ensemble.

En quoi consiste ce service d’église ?
Je m’occupe essentiellement des quatre autels : l’autel central, ceux des chapelles latérales, c’est-à dire de la Vierge, de saint Joseph, trop souvent délaissé, et celui de sainte Thérèse pour laquelle je me suis prise d’affection.
Je mets de l’eau, j’ôte les fleurs fanées, je déplace les pots. En fait, je n’ai pas de directives. Je fais à mon idée. Je change les compositions en principe tous les quinze jours. J’y passe environ trois à quatre heures par semaine, mais c’est plus facile avec l’organisation que j’ai mise en place.

D’où viennent les fleurs ?
Elles sont de deux sortes : les naturelles et les artificielles.
Parfois, je recueille des fleurs déposées et abandonnées lors des enterrements. J’ai aussi des dons, des roses blanches dernièrement. Quand c’est la saison, une famille portugaise m’apporte des brassées de lilas, une autre personne me donne des narcisses et des tulipes.
Au moment de la Toussaint, ce sont des chrysanthèmes. Pour les secondes, je les achète. En fait, je fleuris avec amour.

Cela a un coût ?
Oui, mais je m’arrange, la paroisse n’ayant pas de budget pour cela. Pour le reste, vases, coupes, sellettes, rubans de satin, je récupère. Il y a dans les sacristies une certaine quantité de matériel utilisable, une fois nettoyé.

Avez-vous des liens avec d’autres personnes qui œuvrent comme vous ?
Oui, d’abord avec Maria, qui fait la même tâche que moi à l’église Saint-Barthélemy. Souvent, nous échangeons des renseignements, nous nous donnons nos avis. Et puis j’ai parfois des contacts avec les personnes des autres églises où je me rends.
Ainsi en est-il du Sacré-Cœur à Paris. Je regarde, m’informe, prends des idées.

Vous fait-on des remarques, recevez-vous des compliments ?
Le plus souvent, les gens ne disent rien ou pas grand-chose.
Le père Amiot m’a plusieurs fois remerciée. J’ai entendu les religieuses de Longwy-Bas dire lors du chapelet : « On se sent bien, c’est bien fleuri ».

Existe-t-il des dégradations ?
Non, ou alors c’est involontaire, par exemple avec les gerbes qui laissent goutter l’eau ou encore les bougies mises sur les napperons dont la cire coule. Là, c’est la sécurité qui est en cause. En fait, comme j’ai mis ma touche personnelle dans l’église, c’est devenu un peu chez moi et je veille.

Quelle signification a pour vous le fleurissement de l’église ?
D’abord, c’est le coup d’œil.
Il faut que ce soit beau, esthétique, d’autant que l’église Saint-Dagobert est assez sombre et sévère.
Et puis voir des fleurs, c’est avoir le sentiment d’être accueilli, attendu.
C’est également une forme de prière muette, mais sensible, visible.
De plus, selon la saison, les lys parfument l’air ou les lilas embaument.
Tous ces arômes sont aussi une louange à Dieu.

Propos recueillis
par Dominique Jacob