Les santons

Depuis quelques années, on voit apparaître sur les marchés de Noël des commerçants qui vendent des petits personnages très colorés pour agrémenter la scène de la Nativité : les santons de Provence. D’où viennent ce terme et cette pratique ?

Tout un chacun sait que, dans les églises ou sous leurs porches, la crèche vivante ou non date du Moyen-Âge avec peut-être pour origine plus ou moins légendaire sa création par saint François d’Assise en 1223 alors que la crèche avec personnages en bois, semblable à celles que nous connaissons, fit réellement son apparition au XVIe siècle.

Mais son introduction en format réduit est bien plus tardive dans les foyers. Elle eut lieu durant la Révolution française de 1789, qui a instauré la fermeture des églises et la suppression de la messe de minuit. C’est pourquoi, en Provence, quelqu’un eut l’idée de créer la crèche de Noël dans l’intimité du foyer familial.

Au départ, y figuraient les trois personnages traditionnels de l’étable : « l’Enfant Jésus, Sant Jousé et la Santo Vierge ». Ils étaient accompagnés des divers visiteurs, en l’occurrence l’ange Boufareu (celui qui souffle dans la trompette), les bergers, les trois Rois mages et bien sûr des animaux : « l’ase et le biou ». Mais très vite, on y ajouta le décor du village provençal typique : mas, bastide, église, place, moulin, pont, puits… ainsi que la végétation : oliviers, cyprès, pins, thym et romarin. Les habitants ne furent pas oubliés dans leurs pratiques quotidiennes et professionnelles. On les appela « santouns », ce qui signifie petits saints. On pouvait ainsi voir « le ravi (simplet), le boumian ( bohémien), le pistachié (valet de ferme), le tambourinaire, l’estamaire (rémouleur) ». Sont venus s’y ajouter entre autres le pêcheur, le porteur d’eau, la lavandière, le chasseur, la jardinière, le bûcheron, le ramoneur, le vannier…

Ainsi tout un petit monde se mettait en route pour accueillir le nouveau-né et lui offrir de modestes cadeaux, fruits de son travail.

JEAN-MARIE