Les détails liturgiques

En avril 2020, au début du confinement, Père Christophe Martin écrivait :

« Ce qui va manquer le plus à nos communautés, c’est la liturgie communautaire et l’accès aux sacrements de l’Eglise. Le dimanche, mais aussi en semaine, vous aviez l’habitude de venir vivre, parfois subir, la messe. Je vous propose pendant ce temps du carême et de la semaine sainte de redécouvrir ensemble quelques détails de nos liturgies. Nous y sommes tellement habitués que l’on n’en remarque plus la richesse. »

Père Benoît vous invite à ce petit Quiz biblique et théologique. Ce dimanche 22 novembre 2020, nous dit-il, est propice pour nous interroger sur les fins dernières de l’homme et du monde. Pour ce faire et avant d’entrer dans le temps de l’Avent, il vous propose ces 6 questions sur le sujet de la fin des temps et du retour du Christ Roi de l’univers.

Prenez-vous au jeu, bonne réflexion !

Quiz de la Fête du Christ Roi / fin de l’année liturgique

Question 1

Les textes de la fin de l’année liturgique nous parlent, sous des formes souvent  imagées, des fins dernières de l’homme et du monde. Comment s’appelle cette partie de la théologie qui étudie la fin des temps ?

a) La mystagogie

b) L’apocalyptique

c) L’eschatologie

d) L’astrologie

Question 2

« Apocalypse » signifie dans la bible :

a) Cataclysme

b) Révélation

c) Jugement dernier

d) Prophétie

e) Fin du monde

Question 3

La littérature apocalyptique met en avant la figure de quatre « vivants », animaux ailés interprétés par les Pères de l’Eglise comme les quatre évangélistes. Saurez-vous reconnaitre le symbole animal de chaque évangéliste ? (et pourquoi ?!)

a) L’aigle

b) Le taureau

c) L’homme

d) Le lion

Question 4

Comment la théologie appelle-t-elle la venue glorieuse du Christ à la fin des temps ?

a) L’avènement

b) Le triomphe final

c) La résurrection générale

d) La parousie

Question 5

Combien y a-t-il d’élus, « marqués du sceau »,  selon le livre de l’Apocalypse (7,4) ? Et que signifie ce nombre ?

a) 12000

b) Une infinité

c) 144000

d) 1000 milliards

Question 6

Selon nous, chrétiens, la fin du monde est-elle pour bientôt ?

a) Oui

b) Non

c) Peut-être

d) Je ne sais pas

 

Les réponses au Quiz de la Fête du Christ Roi

Vous vous êtes pris au jeu et avez pu réfléchir longuement aux différentes questions proposées par Père Benoît. Bravo à vous !
Il est donc temps maintenant de vérifier vos réponses et de parfaire votre connaissance avec les explications détaillées de notre curé.

Quiz de la Fête du Christ Roi / fin de l’année liturgique

( les réponses )

 

Question 1

Les textes de la fin de l’année liturgique nous parlent, sous des formes souvent  imagées, des fins dernières de l’homme et du monde. Comment s’appelle cette partie de la théologie qui étudie la fin des temps ?

a) La mystagogie

b) L’apocalyptique

c) L’eschatologie

d) L’astrologie

Réponse c

L’eschatologie (du grec eschatos, dernier) est la science des « choses dernières », elle s’interroge sur ce qui se passera à la fin du monde, d’après les Ecritures. L’apocalyptique est un genre littéraire utilisé dans le judaïsme tardif et chez les premiers chrétiens (on le trouve dans certains passages d’Evangile); utilisant des images parfois choquantes, il peut avoir une visée prophétique, mais pas nécessairement sur la fin des temps. La mystagogie est une approche catéchétique des mystères de la foi célébrés dans la liturgie. L’astrologie  est un ensemble de croyances  fondées sur l’interprétation symbolique de correspondances supposées entre les configurations célestes et les affaires humaines… Ce n’est pas une pratique chrétienne !

Question 2

« Apocalypse » signifie dans la bible :

a) Cataclysme

b) Révélation

c) Jugement dernier

d) Prophétie

e) Fin du monde

Réponse b

L’Apocalypse (du grec apo-calupto : découvrir, dévoiler) est une Révélation du plan de Dieu et de l’histoire du salut. Le livre de l’Apocalypse, dernier de la Bible, reprend ainsi la Révélation divine jusqu’à la fin des temps. Il contient des prophéties utilisant des images de cataclysmes pour annoncer un bouleversement cosmique et un juste jugement de la part de Dieu.

Question 3

La littérature apocalyptique met en avant la figure de quatre « vivants », animaux ailés interprétés par les Pères de l’Eglise comme les quatre évangélistes. Saurez-vous reconnaitre le symbole animal de chaque évangéliste ? (et pourquoi ?!) cf. Apc 4,6-9

a) L’aigle : Saint Jean, dont l’Evangile commence par une vue surplombante de la Révélation (Prologue).

b) Le taureau : Saint Luc, dont l’Evangile commence dans le Temple de Jérusalem, lieu des sacrifices de bovins.

c) L’homme : Saint Matthieu, dont l’Evangile commence par la longue généalogie humaine de Jésus.

d) Le lion : Saint Marc, dont l’Evangile commence par un rugissement prophétique au désert.

(d’autres interprétations existent sur les quatre figures animales des évangélistes…)

Question 4

Comment la théologie appelle-t-elle la venue glorieuse du Christ à la fin des temps ?

a) L’avènement

b) Le triomphe final

c) La résurrection générale

d) La parousie

Réponse d

Parousie : ce mot d’origine grecque signifie « présence, arrivée ». Dans le monde gréco-romain, elle désigne la visite officielle d’un prince. Comme on le dit dans le Credo, « il reviendra dans la gloire, et son règne n’aura pas de fin. » La parousie est le second avènement du Christ, sa venue définitive, après sa venue dans la chair (premier avènement de l’incarnation). Elle s’accompagnera d’un discernement entre les hommes (brebis et boucs…) et de la résurrection des justes pour la vie éternelle (Evangile de ce dimanche, Mt 25,46).

Question 5

Combien y a-t-il d’élus, « marqués du sceau »,  selon le livre de l’Apocalypse (7,4) ? Et que signifie ce nombre ?

a) 12000

b) Une infinité

c) 144000

d) 1000 milliards

Réponse c

144000 = 12 * 12 * 1000
Une interprétation chrétienne serait : Nombre symbolique, 144 000 est le carré de 12 multiplié par 1 000 : chiffre du peuple de Dieu, 12 renvoie à un accomplissement et une perfection (12 tribus d’Israël et 12 apôtres) ; 1 000 correspond à une multitude difficile à dénombrer. Le total indique le nombre symboliquement complet des élus dans l’histoire de l’humanité.

Question 6

Selon nous, chrétiens, la fin du monde est-elle pour bientôt ?

a) Oui

b) Non

c) Peut-être

d) Je ne sais pas

Réponses c et d

Cette question est délicate et impose la prudence ! Les Ecritures ne fournissent aucune indication précise de date sur le retour du Christ et la fin de notre monde : « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul. » (Mt 24,36). D’où cette attitude spirituelle conseillée par Jésus : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ! » (Mt 25,13)

Père Benoît vous invite à ce petit Quiz de Noël.

Cliquez et testez vos connaissances en 10 questions.

Quiz de Noël

Question 1

Pourquoi Marie et Joseph se rendent-ils à Bethléem juste avant la naissance ?

a) Pour faire un pèlerinage au Temple de Jérusalem

b) Pour se faire recenser car la famille de Joseph en est originaire

c) Pour rendre visite à Elisabeth et Zacharie qui habitent la région

d) Pour rendre visite à Quirinius, un ami romain

Question 2

Que signifie le nom de « Bethléem » en hébreu ?

a) Maison des anges

b) Ville du Messie

c) Ville de la paix

d) Maison du pain

Question 3

En quelle année Jésus est-il né ?

a) – 6

b) – 3

c) 0

d) + 3

Question 4

Quel prophète nous parle de l’âne et du boeuf ?

a) Ezékiel

b) Nathan

c) Daniel

d) Isaïe

Question 5

Dans quel évangile est-il fait mention de l’âne et du boeuf ?

a) Mt

b) Mc

c) Lc

d) Jn

e) Aucun

Question 6

Dans quel texte trouve-t-on l’annonce  » Un enfant nous est né, un fils nous est donné » ?

a) Saint Paul

b) Isaïe

c) Saint Luc

d) Apocalypse de Saint Jean

Question 7

Que chantent les anges dans la nuit ?

a) Alléluia

b) Il est né le divin enfant

c) Gloire à Dieu dans les cieux

d) Petit papa Noël

Question 8

Quel saint a déclaré :  « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait si petit… je l’aime !… Car Il n’est qu’amour et miséricorde ».

a) Sainte Catherine de Sienne

b) Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

c) Saint Bernard

d) Saint Augustin

Question 9

La visite des mages prolongera la fête de Noël : quels présents apportent-ils avec eux ?

a) De l’argent, du parfum et du cachemire

b) De l’or, de l’encens et de la myrrhe

c) Une galette, des sucres d’orge et des bougies

d) De l’or, de l’encens et du pétrole

Question 10

Pourquoi ces trois présents manifestent-ils (Epiphanie) qui est l’enfant ?

 

Les réponses au Quiz de Noël

Peut-être avez-vous su répondre aux 10 questions proposées par Père Benoît. Bravo à vous !

L’Incarnation, avec la venue sur terre de Jésus à la fois complètement Dieu et complètement homme, est un des plus beaux mystères de notre foi !

Quiz de Noël

( les réponses )

 

Question 1

Pourquoi Marie et Joseph se rendent-ils à Bethléem juste avant la naissance ?

a) Pour faire un pèlerinage au Temple de Jérusalem

b) Pour se faire recenser car la famille de Joseph en est originaire

c) Pour rendre visite à Elisabeth et Zacharie qui habitent la région

d) Pour rendre visite à Quirinius, un ami romain

Réponse b

Joseph est de la Maison de David et revient sur la terre de ses ancêtres pour le recensement, accomplissant ainsi la prophétie de Michée :

Bethléem en Judée se retrouve tout proche de Jérusalem. Le roi David est originaire de cet endroit, et c’est là qu’il sera consacré d’huile par le prophète Samuel. Le règne de David marqua tellement le peuple d’Israël que des siècles plus tard, lorsque se développe l’espérance d’un Messie, on conçoit celui-ci en lien avec David. Le Messie attendu sera un descendant de David (Isaïe 11,1). Le prophète Michée parle donc de Bethléem comme la patrie du futur Messie :

« Et toi, Bethléem, Éphrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité. » (Michée 5,1)

Question 2

Que signifie le nom de « Bethléem » en hébreu ?

a) Maison des anges

b) Ville du Messie

c) Ville de la paix

d) Maison du pain

Réponse d

En hébreu, Beth-léem veut dire littéralement « maison du pain ». Bernard de Clairvaux a médité sur ce lieu de naissance, sachant que Jésus s’est lui-même présenté comme « le pain vivant descendu du ciel .»  (Jn 6,51)

Jérusalem signifie « Ville de la paix »

Question 3

En quelle année Jésus est-il né ?

a) – 6

b) – 3

c) 0

d) + 3

Réponse a

D’après une majorité d’historiens et d’exégètes, Jésus est né en l’an -6 de notre calendrier, en se fondant en particulier sur les dates de recensement de l’administration romaine et sur les indications des évangiles de Luc et Matthieu.

Question 4

Quel prophète nous parle de l’âne et du boeuf ?

a) Ezékiel

b) Nathan

c) Daniel

d) Isaïe

Réponse d

Isaïe 1, 3 : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas. »

Question 5

Dans quel évangile est-il fait mention de l’âne et du boeuf ?

a) Mt

b) Mc

c) Lc

d) Jn

e) Aucun

Réponse e

Aucun ! Mais il est bien fait mention de la mangeoire dans les évangiles.

Question 6

Dans quel texte trouve-t-on l’annonce  » Un enfant nous est né, un fils nous est donné » ?

a) Saint Paul

b) Isaïe

c) Saint Luc

d) Apocalypse de Saint Jean

Réponse b

Isaïe 9, 6

Question 7

Que chantent les anges dans la nuit ?

a) Alléluia

b) Il est né le divin enfant

c) Gloire à Dieu dans les cieux

d) Petit papa Noël

Réponse c

Cf. Lc 2,14 : Evangile de la Nuit de Noël

Question 8

Quel saint a déclaré :  « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait si petit… je l’aime !… Car Il n’est qu’amour et miséricorde ».

a) Sainte Catherine de Sienne

b) Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

c) Saint Bernard

d) Saint Augustin

Réponse b

Sainte Thérèse… de l’Enfant Jésus bien sûr !

Lettre à l’abbé Bellière, août 1897.

Question 9

La visite des mages prolongera la fête de Noël : quels présents apportent-ils avec eux ?

a) De l’argent, du parfum et du cachemire

b) De l’or, de l’encens et de la myrrhe

c) Une galette, des sucres d’orge et des bougies

d) De l’or, de l’encens et du pétrole

Réponse b

Question 10

Pourquoi ces trois présents manifestent-ils (Epiphanie) qui est l’enfant ?

Réponse

De l’or, car Jésus est roi.

De l’encens, car il est Dieu.

De la myrrhe, car il est homme mortel et son corps sera embaumé au tombeau.

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit

Il est intéressant de noter que l’on commence toujours la messe par Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. La Sainte Trinité se révèle dans la liturgie. Le texte n’est pas au pluriel : aux noms du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Nous ne professons pas trois dieux mais bien un Dieu Unique qui est Père, Fils et Saint Esprit ; d’où le singulier de « Au nom »

Le signe de la croix se fait sur notre corps en même temps que nous disons «    Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Au centre de la révélation du Dieu trois fois saint se trouve le mystère pascal, mort et résurrection du Fils Jésus Christ. Quand nous faisons ce geste de la croix avec la formule trinitaire, nous avons l’essentiel pour comprendre le mystère de Dieu.

« Les gestes liturgiques privilégient aussi la croix. Le signe de croix inaugure les célébrations. Au moment de l’Evangile, le prêtre fait un signe de croix sur l’évangéliaire, puis imité par les fidèles, trois autres signes sur le front, les lèvres et le cœur, pour signifier l’influence que la Bonne Nouvelle centrée sur la Croix-Résurrection, doit avoir sur nos pensées, nos paroles et nos volontés. Avant la consécration, le prêtre fait un signe de croix sur le pain et le vin pour manifester que le renouvellement sacramentel du mystère pascal est en dépendance de la rédemption opérée à la croix ; tous les signes de la croix que fait le prêtre pour consacrer et bénir ont ce même sens : la bénédiction divine est liée à la Rédemption, dont la croix est le signe permanent.

La célébration du mystère de la Croix est donc coextensive à toute la liturgie. Néanmoins, elle est plus formelle le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, le Vendredi saint, comme aussi lors de la Fête de l’Exaltation de la sainte Croix, le 14 septembre » extrait du dictionnaire de liturgie par Dom Robert le Gall

Chers amis, je vous bénis au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit

Christophe Martin+

Il y a bien 4 baisers dans la liturgie de la messe catholique romaine actuelle : A l’entrée vénération de l’autel, sur l’Evangéliaire après sa proclamation, Baiser de paix entre frères et vénération de l’autel à la sortie.

C’est un geste de vénération, de communion et de tendresse respectueuse. Quand le prêtre (et le diacre) baise l’autel à l’entrée et à la sortie de la messe, il exprime sa communion avec Dieu, avec le Christ et avec toute l’Eglise du ciel.

Dictionnaire de liturgie

« C’est un geste de vénération, de communion et de tendresse respectueuse. Quand le prêtre (et le diacre) baise l’autel à l’entrée et à la sortie de la messe, il exprime sa communion avec Dieu, avec le Christ et avec toute l’Eglise du ciel, dont la présence est symbolisée par les reliques des saints présentes dans la pierre d’autel. Le fait que le prêtre mette habituellement les mains sur l’autel en le baisant -et non le diacre- manifeste son pouvoir d’agir sacramentellement sur lui par son sacerdoce.

Quand il a proclamé l’Evangile à la messe, le prêtre (ou le diacre) baise l’Evangéliaire en signe d’attachement respectueux à la Parole de Dieu.

Le rite de la paix comporte la prière pour la paix qui suit le Notre Père, le souhait de paix échangé entre le prêtre (ou diacre) et les fidèles, le geste de paix et le chant de l’Agnus Dei qui se termine par la demande : « Donne-nous la paix ». Réconciliés avec Dieu et entre eux par le renouvellement du sacrifice du Christ, ayant chanté ensemble le Notre Père, les fidèles peuvent se donner la paix avant de sceller leur lien dans la communion. La paix n’est-elle pas le fruit par excellence du Mystère pascal ? Traditionnellement, le geste ou le signe de paix est le baiser de paix, qui en soi, est le plus expressif ; comme un tel geste n’est pas possible avec tout le monde, d’autres signes de paix sont en usage.

Les fidèles peuvent pratiquer aussi le baiser de vénération lors de l’adoration de la Croix à l’office du Vendredi Saint. Ils baisent aussi la relique de la Croix, quand elle leur est présentée au jour de la Croix glorieuse (14 septembre), les reliques des saints peuvent être vénérées d’une manière analogue, soit de façon privée, soit de façon publique et solennelle, à l’occasion de pèlerinages ou d’autres fêtes » extraits du dictionnaire de liturgie de Dom Robert le Gall.

Petit commentaire du curé

Vous remarquerez toute la finesse de la liturgie. Dieu est le premier servi ! On vénère l’Autel et l’Evangéliaire mais le baiser fraternel de Paix rappelle à tous que le prochain n’est jamais bien loin. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit ET ton prochain comme toi-même.
Le même ordre dans le symbolisme de l’encensement lors d’une messe catholique romaine est manifeste. Vénération par le rite de l’encensement de la Croix et de l’Autel, Vénération de l’Evangéliaire, Vénération des oblats (pain et vin) à l’offertoire puis autel et croix, puis du prêtre ET des fidèles. Une dernière vénération a lieu lors de l’élévation du corps puis du sang du Christ. La liturgie vénère le corps du Christ dans toutes ses dimensions selon un ordre précis.

Merci d’avoir pris le temps de lire ce petit document.

Christophe Martin+

La liturgie issue du concile de Vatican II prévoit 4 formes possibles de préparation pénitentielle. C’est à la liberté de celui qui préside, en accord avec l’animateur, de faire le choix de celle qui est la plus opportune pour le temps liturgique ou le dimanche…

Les 4 formes possibles de préparation pénitentielle

  • Je confesse à Dieu.
  • Seigneur, accorde-nous ton pardon / Nous avons péché contre toi
    Montre-nous ta miséricorde / Et nous serons sauvés
  • Une forme litanique chantée
  • L’aspersion

Les trois premières formes sont suivies d’un Kyrie Eleison (Seigneur, prends pitié) alors que l’aspersion est accompagnée d’un chant du style « J’ai vu l’eau vive ». A chaque fois, à la fin, le prêtre dit une prière pour le pardon. « Que Dieu tout puissant … »

Un bref temps de silence précède la préparation pénitentielle pour permettre à chacun un rapide examen de conscience des péchés de la semaine et pour les regretter vraiment. Il s’agit aussi de les présenter au Sauveur par un acte spirituel personnel et communautaire.

L’aspersion rappelle le lien historique et fondamental entre le baptême (pardon des péchés et devenir fils de Dieu) et le renouvellement de la grâce baptismale par le sacrement de confession. Voilà pourquoi, l’aspersion est toujours utilisée au moins à la vigile pascale après la rénovation de la profession de foi baptismale. On peut l’utiliser le dimanche. Aux Rameaux avec la bénédiction du buis et à la présentation de Jésus au temple avec la bénédiction des cierges, l’aspersion étant utilisée, on omet toute autre forme de préparation pénitentielle.

Je confesse à Dieu insiste sur la dimension personnelle du pécheur qui prend acte de son péché alors que la formule dialoguée « Seigneur, accorde-nous ton pardon » insiste sur le don de la miséricorde de Dieu à son peuple (formule en nous). Enfin la forme litanique met au centre Jésus Sauveur dans un rapide rappel de l’histoire du salut (incarnation/ rédemption/ glorification)

En résumé, chaque forme de préparation pénitentielle insiste sur un aspect du binôme : Pardon donné par Dieu-Pénitence de l’homme.

Se frapper la poitrine ?

La liturgie actuelle ne prévoit pour les fidèles que l’on se frappe la poitrine qu’une seule fois au moment du « oui j’ai vraiment péché » si cette forme pénitentielle est utilisée. Il arrive donc que les fidèles ne se frappent pas la poitrine pendant la messe si une autre formule pénitentielle est utilisée. C’est un signe du cœur brisé par notre péché. Beaucoup ont gardé ce geste à d’autres moments de la messe (Agneau de Dieu ou Seigneur, je ne suis pas digne). Il s’agit de rites venus au cours de l’histoire. Les historiens de la liturgie peuvent dater de façon précise les époques où l’on est passé d’un signe de croix à trois signes de croix, ou d’un coup sur la poitrine à trois coups. Devant le mystère ineffable de Dieu, l’homme a toujours du mal d’habiter la beauté sobre de la liturgie. A toutes les époques, même dans les années 1970-1980, l’homme a toujours été tenté d’ajouter des paroles ou des gestes plus ou moins religieux dans la liturgie, comme si l’Eglise n’avait pas assez de sagesse.

La liturgie issue du concile de Vatican II a été préparée par la redécouverte et la diffusion des textes des Pères de l’Eglise et par un long travail dans les abbayes. Notre messe actuelle a hérité de la sobriété monastique. Je vous le concède : Il faut une âme suffisamment priante pour apprécier les silences et la sobriété de cette liturgie. Elle peut paraître pauvre pour les personnes actives habituées à l’action. La rupture avec la liturgie précédente a sans aucun doute été grande pour une majorité de français de l’époque. On connaît la chanson de Brassens. Mais, comme toujours, la liturgie catholique est une œuvre historique et vivante. Le changement en Avent 2017 d’une phrase du Notre Père « Et nous ne laisse pas entrer en tentation » montre que, dans la liturgie catholique, au fil des siècles, on cherche à toujours à rendre à Dieu un culte qui soit digne de lui.

Christophe Martin, curé

Dans notre liturgie de la messe actuelle, il existe trois professions de foi (ou symboles de foi) : la profession de foi baptismale, le symbole des apôtres, le Symbole de Nicée Constantinople… Père Christophe cite également deux professions de foi liturgique moins habituelles.

A quelques jours de la fête de Pâques, je voudrais commencer par citer un beau texte de Saint Vincent de Lérins dans le commonitorium (aide-mémoire) pour éclairer tout mon propos :

« Ne peut-il y avoir dans l’Eglise du Christ, aucun progrès de la religion ? Si assurément, et un très grand… A condition du moins qu’il s’agisse d’un véritable progrès dans la foi, et non d’un changement. Car il y a progrès si une réalité s’amplifie en demeurant elle-même ; mais il y a changement si elle se transforme en une autre réalité…. Que la religion imite donc la croissance des corps dont les éléments évoluent et se développent au rythme des années, mais demeurent eux-mêmes… les membres des nouveau-nés sont tout petits, ceux des jeunes gens ont grandi, et pourtant ce sont les mêmes. Les petits enfants possèdent autant de membres que les adultes, et si certains apparaissent seulement à l’âge mûr, l’embryon ne les contenait pas moins en puissance ; si bien que rien de nouveau ne se manifeste chez le vieillard qui n’ait d’abord été en germe chez l’enfant…. Il en va de même pour les dogmes de la religion chrétienne : la loi de leur progrès veut qu’ils se consolident au cours des ans, se développent avec le temps et grandissent au long des âges. »

Je vous invite aussi, chers amis, à rechercher sur votre ordinateur ou dans vos vieux livres la profession de foi du Pape Paul VI, le 30 juin 1968. Après le concile de Vatican II (1962-1965), il fera une profession de foi développée, plus facile à méditer par écrit qu’à retenir pour une proclamation liturgique. Ainsi, par cette proclamation publique, le Pape montrait au monde le développement extraordinaire de la foi catholique. On pourrait la comparer à une cathédrale gothique finement sculptée. Depuis la simple profession de foi de Pierre à Césarée de Philippe « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » à celle de Paul VI qui reprend notamment les dogmes concernant Marie et les sacrements, la foi catholique est un arbre aux profondes racines et aux branches vigoureuses.

Dans notre liturgie de la messe actuelle, il existe trois professions de foi (ou symboles de foi)

La profession de foi baptismale

Cette forme dialoguée commence par une triple renonciation au péché, à ce qui conduit au péché, et à Satan l’auteur du péché. Puis, elle se poursuit par trois questions posées par le célébrant, reprenant ainsi le mystère de la trinité (Père, Fils et Saint Esprit). Cette forme de profession de foi est utilisée à chaque Vigile Pascale et à chaque baptême. Elle montre que la foi catholique, avant d’être une structure intellectuelle bien utile, est d’abord un dynamisme de choix de vie. Renoncer au mal pour suivre Jésus Christ. La foi en Dieu Trinité y est manifeste par la formulation en trois questions. Et le lien avec le baptême montre que le don spécifique de la vie divine dans ce sacrement exige une réponse de foi des baptisés.  La foi en Jésus Christ Fils de Dieu naît au baptême.

Le symbole des apôtres

Il apparaît en forme simplifiée dès le II siècle et se veut être un résumé de la foi contenue dans les saintes écritures. Il est facile à retenir par cœur grâce à sa brièveté.  L’attribution directe de ce texte aux apôtres est bien sûr impossible à prouver mais la foi contenue dans ce symbole vient d’eux. On y perçoit toujours la foi en Dieu Trinité même s’il n’y a plus trois questions posées. L’essentiel du texte centre sur Jésus Christ, Seigneur. Le Père et l’Esprit Saint y sont « des parents pauvres ». Il possède des particularités théologiques : « est descendu aux enfers » et les fruits de la Trinité dans l’Eglise sont manifestés de façon originale par rapport au symbole de Nicée Constantinople : « à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle » Je lui trouve une tonalité plus charnelle et concrète que Nicée Constantinople, sans doute due à des racines juives encore proches.

Le Symbole de Nicée Constantinople

Fruit de deux conciles œcuméniques, le credo de Nicée Constantinople est un chef d’œuvre de foi de l’Eglise. En 325, les évêques réunis à Nicée vont affirmer la foi en la divinité de Jésus Christ face à l’hérésie arienne. Nous le lisons clairement dans ce credo : « Il est Dieu né de Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père ». Notre saint patron de la Lorraine, saint Nicolas, évêque de Myre, participa à ce concile. En 381, lors du concile de Constantinople, c’est la foi en la divinité de l’Esprit Saint qui fut proclamée. Le symbole, résultat de ces deux conciles, établit une stricte égalité dans la divinité du Père, du Fils et du Saint Esprit. Il n’y a plus « de parents pauvres ». Le texte établit aussi de subtils liens théologiques et rédactionnels entre les trois personnes divines pour affirmer qu’il s’agit du Dieu Unique et non de trois dieux indépendants.  « Concernant Jésus : Né du Père, de même nature que le Père, Par l’Esprit Saint, il a pris chair » et « concernant l’Esprit Saint : il procède du Père et du Fils, avec le Père et le Fils ». Plus abstrait dans sa conception, il montre que la foi issue du judaïsme s’est frottée au monde grec sans en reprendre les concepts. Les spécialistes connaissent à ce sujet les disputes théologiques autour du mot homoousios, bien faiblement traduit actuellement par « de même nature ». Pour parvenir à le proclamer sans erreur, il nous faut souvent l’entrain d’une foule de fidèles, preuve que pour être proclamé et non lu, un credo liturgique doit garder une taille compatible avec une mémoire d’homme.


Mais, laissons là les débats pour être reconnaissant devant cette foi que nous sommes appelés à vivre, à proclamer et à transmettre aujourd’hui.

Je voudrais également finir par deux professions de foi liturgique moins habituelles mais qui peuvent trouver place dans une messe. On aurait pu aussi évoquer la profession de foi des jeunes, renouvellement de la foi reçue au baptême.

  • La profession religieuse qui consiste à prononcer publiquement les vœux de religion que sont la pauvreté, la chasteté et l’obéissance avec des nuances diverses selon les instituts. Elle n’est pas un sacrement mais vise à donner au baptême et à la confirmation leur plein développement (d’où le nom de second baptême)
  • La profession de foi qu’un prêtre devenant curé d’une paroisse fait lors de son installation. Il professe un credo développé devant le peuple que Dieu et son évêque lui confient. Ce rite montre la mission essentielle d’un curé.

Christophe Martin, curé

Quand vous mettez 2 ou 5 euros dans le panier de la quête lors de la messe du dimanche, bien souvent, vous n’imaginez pas un instant que vous participez à un acte chrétien très ancien.

Un peu d’histoire

Saint Paul, dans ses lettres du nouveau testament, invite les communautés de Galatie et de Corinthe à faire une collecte pour la communauté de Jérusalem devenue pauvre. (1Co 16,1). Son but a toujours été de venir en aide à la vie matérielle de ceux qui servent la communauté et d’aider les pauvres. Longtemps, les chrétiens venaient le dimanche avec des biens matériels concrets (huile, pain, viande,) que le prêtre, pasteur du troupeau, devait répartir aux personnes dans le besoin. Ces offrandes étaient déposées avant la partie eucharistique de la messe du dimanche. On comprend alors tout le sens pratique du rite du lavement des mains (lavabo en latin signifie je laverai : cela vient du psaume 25 : Je me laverai les mains dans l’innocence) qui prendra un sens plus spirituel au fil du temps. Ce n’est qu’à partir du IX siècle que les dons en argent apparaissent à la messe.

De nos jours

On comprend le sens de ce geste qui consiste à offrir le travail de chacun pendant la semaine. On en partage les fruits avec la communauté et les plus pauvres. Ce rite trouve logiquement sa place au moment de l’offertoire « Tu es béni, Dieu de l’univers toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ». On demande à Dieu de faire fructifier notre travail pour qu’il serve à notre sanctification et qu’il participe, par notre partage, à une juste répartition entre les hommes. La communion de foi entre chrétiens est appelée aussi à se vivre en actes.

Ainsi, quand vous mettez 2 ou 5 euros dans un panier de quête de votre paroisse, 5% sont reversés automatiquement au diocèse de Nancy en signe de communion ecclésiale, les 95% restants sont affectés à la participation aux dépenses cultuelles.

 


POUR EN SAVOIR PLUS

L’argent dans une paroisse

Plusieurs principes, dans l’Eglise catholique, régissent l’épineuse question de l’argent :

  1. Le primat de la pastorale sur le financier : Dans une paroisse, la dimension économique est importante. Elle l’est d’autant plus dans le secteur de Nancy ouest où la quasi-totalité des 10 églises et des presbytères, construits après la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, sont à la charge des paroisses et non des municipalités. Les coûts d’entretien de nos églises sont très importants ; cependant, l’essentiel est la vitalité pastorale d’une paroisse. Ainsi, un conseil économique, avec son curé, se doit de dépenser l’argent au mieux pour la vitalité pastorale et non pour faire des réserves. L’économique est au service de la pastorale d’une paroisse.
  2. Le respect de l’intention de celui qui donne : Quand un paroissien donne de l’argent dans une quête de la messe, pour des intentions de messe, pour du chauffage ou fait un don à la paroisse dans un but précis, le conseil économique paroissial est obligé de respecter l’intention, consciente ou non, du donateur. Un curé ne peut pas faire ce qu’il veut de l’argent en faisant une somme globalisée ou en faisant des dépenses inconsidérées. Ainsi, l’argent d’une quête du dimanche est destiné aux dépenses cultuelles. La rémunération d’un prêtre, elle, vient du denier de l’Eglise et non de la quête du dimanche.
  3. Le respect des règles comptables : Un curé est obligé d’avoir un conseil économique paroissial qui l’aide et le conseille dans la gestion financière et les travaux.  Les règles comptables sont fixées par l’Eglise et le diocèse. Cela aide à une bonne gestion paroissiale. Les comptes sont vérifiés annuellement par un commissaire aux comptes.
  4. La gratuité des sacrements : Vous pouvez sans doute être surpris par un tel principe mais le bien spirituel d’une personne dépasse toujours le bien financier demandé. Habituellement, la paroisse demande une participation financière fixée par le diocèse lors de la célébration d’un sacrement ou de funérailles. Il s’agit de la contribution de tout baptisé à la vie matérielle de la paroisse et du diocèse. On n’achète pas un sacrement mais on permet à l’Eglise d’avoir des conditions matérielles pour préparer et célébrer dignement les sacrements. Mais, un curé reste toujours libre de dispenser du paiement de la somme pour de justes raisons. Il en est de même pour une intention de messe. Une personne peut demander une intention de messe pour un vivant ou un mort. Si elle n’a pas de quoi participer financièrement, c’est au prêtre d’accepter ou non la demande. Il arrive aussi que des baptisés donnent un peu plus que la somme conseillée par le diocèse pour manifester leur solidarité avec l’Eglise.
  5. Une solidarité financière : Chaque fois que vous donnez de l’argent à une paroisse, le plan comptable du diocèse dans lequel vit une paroisse marque concrètement une solidarité par une répartition prévue. Ainsi, chaque quête du dimanche est répartie ainsi, 95% pour la paroisse et 5% pour le diocèse. Onze fois par an (Noël, Epiphanie, Pâques…), la quête est dite impérée. Le diocèse, dans un souci de solidarité, affecte 80% des sommes rassemblées à une mission précise (Mission, Vocation, Lieux Saints…). Il reste alors 20% de la somme à la paroisse. Ainsi, chaque don (quête, legs, casuel baptême ou mariage, …) est réparti selon un taux précis marquant la solidarité d’une paroisse à l’Eglise comme le font les chrétiens depuis les apôtres. Une paroisse n’est jamais indépendante d’un diocèse, et ce dernier ne peut être vivant qu’avec des paroisses.

 


CONCRÈTEMENT DANS UNE PAROISSE DE NANCY OUEST

Il existe quelques principales sources de revenus dans une paroisse

  • Les quêtes : Elles se font pendant la célébration d’un sacrement (baptême, messe, mariage) ou de funérailles. Elles sont obligatoires et sont destinées à la participation aux dépenses cultuelles. Un taux de répartition de la somme entre le diocèse et la paroisse est défini pour chaque cas.
  • Les collectes : Elles se font en dehors de la célébration, au fond de l’église ou sur le parvis. Non obligatoires, elles sont autorisées avec l’accord du curé. Elles peuvent être à destination de la paroisse (chauffage, …) ou d’un mouvement (secours catholique, CCFD, association catholique caritative, …)
  • Le casuel : Offrandes par les fidèles faites à l’occasion d’un sacrement ou de funérailles. Ce don est fixé à titre indicatif par le diocèse à 50 euros pour un baptême et à 160 euros pour un mariage et des funérailles. Tout sacrement reste gratuit mais toute préparation et célébration engagent des frais pour la paroisse. Ce don participe aux dépenses cultuelles engagées par une paroisse pour la célébration du sacrement (livrets de préparation, dossier administratif, cierges, chauffage, électricité, …). Le prêtre peut dispenser de cette somme pour de justes motifs.
  • Legs : Il est possible de faire un legs à l’Eglise et à une paroisse. N’hésitez à vous renseigner auprès d’un notaire. Il faudra alors préciser que ce legs à l’association diocésaine de Nancy et Toul est à destination exclusive de telle paroisse précise. Le conseil économique et le curé sont tenus par les normes du droit français et du droit canonique de l’église. Ils doivent également respecter l’intention du donateur s’il l’a précisée. Si quelqu’un fait un legs pour la réfection de telle église, en acceptant le legs, un CEP et le curé doivent impérativement attribuer la somme à ce qui a été précisé par écrit. L’argent ne peut être mis dans une autre église que celle désignée par le donateur. 80 % du legs revient à la paroisse et 20% revient au diocèse. En général, ces sommes servent à nos paroisses pour engager de grosses réparations impossibles avec les seuls casuels et quêtes.

Deux autres ressources ont un statut particulier

  • Les offrandes de messes : Il s’agit d’une offrande faite par celui qui demande qu’une messe à une intention pour des vivants ou des morts soit célébrée par un prêtre. Le montant fixé par le diocèse de Nancy est actuellement de 17 euros. Le fidèle peut donner plus mais là aussi, il est possible d’accepter une intention de messe même sans offrande. On ne paye donc pas une messe mais celui qui peut financièrement participe par ce don à la mission d’un prêtre. Tout prêtre est ordonné pour la sanctification du peuple de Dieu. Pour cela, une de ses missions essentielles est, par la célébration de la messe, d’offrir dans l’unique sacrifice du Christ les prières des fidèles. En fin de chaque mois, le prêtre demande à la paroisse le nombre de messes qu’il a effectivement célébrées aux intentions de la paroisse. Un prêtre ne peut pas demander plus d’une offrande de messe par jour. En principe, seule une intention pour une ou plusieurs personnes (ex : défunts de la famille Dupont) n’est portée par messe. La pratique a été prise d’annoncer plusieurs intentions lors de la messe du dimanche pour la seule raison que les paroissiens s’y rassemblent. Mais, on veillera autant que possible à réserver une seule intention par célébration pour mettre en valeur l’idée d’une intention précise portée par la prière de l’Eglise, notamment en répartissant les intentions lors des messes de semaine. Le prêtre veille à maintenir un lien cohérent entre l’intention demandée par un fidèle, l’offrande et la célébration. Il porte à chaque messe une intention qu’une offrande ait été donnée ou non. L’argent confié à la paroisse pour des messes ne peut être réservé qu’à des messes célébrées par un prêtre. Il ne peut jamais servir à payer une facture en retard.
  • Le denier de l’Eglise : Tous les ans, chaque baptisé est invité à verser le denier de l’Eglise. Il manifeste ainsi son souci de l’Eglise qui ne reçoit aucun financement de l’état ni du Vatican et ne vit donc que de dons pour poursuivre sa mission. Cela sert au versement du traitement aux prêtres actifs ou retraités du diocèse (A Nancy, chaque prêtre reçoit un traitement de 660 euros /mois) mais cela sert aussi au paiement des salaires des laïcs embauchés par le diocèse pour remplir une mission précise. Les paroissiens passent souvent déposer dans chaque boite aux lettres du territoire de la paroisse une enveloppe appelant à la participation de chacun. Toutes les sommes récoltées sont intégralement versées au service économique du diocèse.

Les recettes annuelles dans un budget d’une paroisse de Nancy ouest varient autour de 90 000 euros. Elles sont ventilées d’une année sur l’autre de façon assez fixe :

  • Les quêtes dominicales : Elles représentent environ 30% d’un budget.
  • La collecte chauffage : Elle ne couvre souvent qu’une partie des dépenses d’énergie et peut représenter jusqu’à 7 % d’un budget.
  • Les casuels baptêmes, mariages, funérailles : Dans ce domaine, la diversité dans les paroisses est souvent importante. Il y a des paroisses où l’on baptise et marie plus que d’autres et il y a des paroisses où les funérailles sont encore nombreuses. Les casuels, avec les quêtes au cours de ces célébrations, peuvent représenter jusqu’à 20% d’un budget.
  • Les activités paroissiales : Là aussi, en fonction de la présence de salles rénovées et d’un dynamisme pastoral, cela peut représenter entre 10 et 25% d’un budget.
  • Les dons : Par nature, c’est un revenu aléatoire qui, certaines années, peut aller jusqu’à 10% d’un budget annuel.
  • Les revenus financiers : Nos paroisses ont encore des ressources liées à des legs ou à des ventes de bâtiments dans les années précédentes. Là aussi, une disparité est grande selon l’histoire d’une paroisse : Ces revenus très aléatoires varient entre 5 et 15% selon les paroisses et les bonnes ou mauvaises années.

 Les principales et régulières dépenses dans une paroisse sont

  • Les dépenses d’énergie pour les églises et presbytères : Elles représentent environ 20% d’un budget annuel
  • Les contributions financières au diocèse : Environ 23% d’un budget
  • Les achats divers : 20% du budget
  • L’entretien des bâtiments, les assurances et les petits travaux : Environ 25% d’un budget

Les dépenses annuelles d’une paroisse de Nancy ouest varient d’une année à l’autre en fonction surtout des travaux de réfection engagés. Ainsi, une année à faible dépense tournera autour de 70 000 euros quand une année plus importante en travaux sera autour de 90 000 euros. Seuls les dons importants permettent d’envisager une rénovation importante d’un bâtiment.

Les dons sont susceptibles de bénéficier d’une réduction d’impôts (66%).

Merci à chacun pour l’aide matérielle qu’il donne à la paroisse !

Voici a priori deux mots compliqués mais ils expriment précisément deux réalités théologiques et historiques d’un seul rite de la messe, celui de mettre une parcelle d’hostie dans le calice.

L’immixtion

Regardons tout d’abord la richesse théologique de l’immixtion qui est l’action de réunir l’hostie consacrée au sang du Christ.

Au moment de la fraction de l’hostie, alors que le peuple de Dieu chante l’agneau de Dieu, le célébrant dépose une parcelle de l’hostie consacrée, le corps du Christ, dans le calice où se trouve le sang du Christ. Il s’agit de l’immixtion. Le prêtre accompagne ce geste d’une prière silencieuse « Que le corps et le sang de Jésus Christ réunis en cette coupe, nourrissent en nous la vie éternelle »

Nous savons grâce à la foi de l’Eglise que le Christ tout entier est présent sous chacune des deux espèces, du pain et du vin consacrés, et dans chacune de leurs parties. Il y a donc un respect légitime même pour une parcelle d’hostie. Le ressuscité y est tout entier présent. Dans le rite latin, la communion n’est habituellement donnée aux laïcs que sous l’espèce de l’hostie consacrée pour diverses raisons. Mais pour rendre manifeste cette vérité de la présence réelle du ressuscité, les rites et les paroles aident à dévoiler des aspects de ce profond mystère.

Symboliquement, la séparation du pain et vin, qui deviennent le corps et le sang de Jésus ressuscité par l’action de l’Esprit Saint et les paroles de Jésus dites par le prêtre, dévoile la mort de Jésus. Un corps séparé de son sang est mort. On comprend alors très bien le sens du chant de l’agneau de Dieu à ce moment précis. Il reprend les paroles de Saint Jean Baptiste désignant Jésus comme l’agneau de Dieu et l’eucharistie met en valeur le sens du sacrifice de Jésus, le véritable agneau pascal.

Symboliquement, réunir le corps et le sang de Jésus dans le calice devient alors signe de résurrection. La future traduction du missel romain complétera ce rite de façon plus explicite. Si actuellement, le prêtre élève l’hostie uniquement au-dessus de la patène, il sera invité à faire un geste plus manifeste sur l’union retrouvée du corps et du sang du Christ : Il élèvera l’hostie consacrée au-dessus du calice en disant « Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. Heureux les invités au repas des noces de l’agneau. ». Mort et résurrection de Jésus sont habilement conjuguées dans ce moment de la messe.

Le fermentum

A l’aide d’un livre « la messe romaine et le peuple de Dieu dans l’histoire » par Dom Guy Oury, découvrons ce magnifique rite antique du fermentum qui désigne la parcelle d’hostie consacrée.

Au II siècle, un principe implicite déjà défendu par saint Ignace d’Antioche pour la célébration eucharistique unique autour de l’Evêque est manifeste dans les petites villes. Elles étaient en grand nombre en Italie, en Gaule, en Afrique, en Espagne. Si les prêtres sont autorisés à célébrer la messe en semaine dans l’un ou l’autre des lieux des cultes urbains, la messe dominicale est unique ; il n’y a qu’une seule messe dominicale le dimanche pour toute la ville, célébrée par l’Evêque entouré de son presbyterium dans l’une des églises de la cité. Y assiste qui peut entrer et trouver place.

Les 150 000 chrétiens de Carthage qui formaient à eux seuls la moitié de la population de la ville, ne pouvait tous bénéficier de la messe dominicale ; ils y participaient quand elle était célébrée dans l’église de leur quartier, l’un des vingt édifices du culte de la cité. A Milan, les 40 000 chrétiens se trouvaient dans une situation analogue. A Rome, les lieux de culte ne manquaient pas et chacun avait son propre clergé. Il semble, cependant, à lire la lettre du Pape Innocent Ier à l’Evêque Decentius qu’au début du Vème siècle, les églises devaient se contenter le dimanche d’une liturgie de la parole ; le Pape se contentait d’envoyer en signe de communion une hostie consacrée à sa propre messe (le fermentum). Le pape écrit à l’Evêque qui l’a consulté : « Quant au fermentum que nous envoyons le dimanche dans les églises, c’est inutilement que tu as voulu nous demander un avis, car toutes nos églises sont situées à l’intérieur de la cité. Puisque les prêtres ne peuvent s’assembler avec nous à cause du peuple qui leur est confié, ils reçoivent de la main des acolytes le fermentum consacré par nous-même, afin qu’ils ne se jugent pas écartés de notre communion surtout ce jour-là. Je ne pense pas que cela doive se faire pour les églises rurales ; il ne faut pas porter au loin les sacrements. »

Des raisons pastorales évidentes n’ont pas tardé à faire tomber en désuétude la pratique ancienne de la messe unique, si belle qu’en soit la signification pour manifester l’unité de l’Eglise et sa cohésion autour de son Evêque. La décentralisation de la messe dominicale a eu pour corollaire l’insistance de l’Eglise sur la participation effective des fidèles à l’assemblée liturgique.

C’est dans un esprit d’un héritage à approfondir et à transmettre qu’il nous faut nous émerveiller devant les séquences, chants qui précédent la proclamation de l’Évangile surtout à Pâques et Pentecôte, dans la liturgie latine actuelle.

Ces séquences vont naître à partir du IX siècle notamment par Nokter moine de St Gall. Dans l’histoire, ces séquences, très nombreuses, voient le jour dans différents monastères où, apparemment, elles accompagnaient des paraliturgies. Elles ont intégré au fil des siècles le rituel de la messe. Jugées trop nombreuses et pour éviter une inflation paraliturgique pouvant réduire la place centrale du sacrifice eucharistique, le concile de Trente va en limiter le nombre à 5. Le jour de Pâques, l’Eglise chantait alors le victimae pascali Laudes. Les quatre autres étaient le veni sancte spiritus (pour la fête de Pentecôte), le Lauda Sion (pour la fête Dieu), le Stabat Mater (pour la fête de Notre Dame des douleurs) et le Dies Irae (qui fut longtemps intégré à la Messe de Requiem). Le concile Vatican II, lui, va garder 4 séquences. Celles de Pâques et de Pentecôte restent toujours obligatoires quand celles de la fête du corps et du Sang du Seigneur ou fête Dieu et celle de Notre Dame des Douleurs deviennent facultatives.

Ces séquences permettaient ainsi au diacre, accompagné d’une grande procession, d’atteindre l’ambon ou le jubé pour la proclamation de l’Evangile. Elles sont faites pour être chantées en alternance, chantre et assemblée, avec le génie propre de sa langue de composition, le latin, et non pour être lues en français. Imaginez-vous chanter du Bach en français ? Les couplets se répondent l’un à l’autre sur un même air permettant ainsi l’alternance. Alors que le grégorien a un strict souci de paroles bibliques, les séquences, elles, prennent des libertés sur les paroles qui sont plus théologiques que directement bibliques. Cela vient sans doute de leurs origines paraliturgiques.

Le Victimae pascali laudes est chanté, avant l’Evangile, à la messe du dimanche de Pâques.
Il reprend la visite de Marie Madeleine au tombeau. C’est l’Evangile selon St Jean qui inspire le texte par ses références aux linges dans le tombeau ou à la rencontre de Marie Madeleine avec le ressuscité. Quand l’Evangile rapporte strictement l’évènement de cette rencontre, la séquence propose déjà une compréhension théologique de l’événement « Mors et vita duello / la mort et la vie s’affrontèrent en duel ». C’est déjà l’Eglise qui donne l’interprétation de la visite de Marie Madeleine au tombeau. Et, le peuple chrétien est invité à faire sien l’événement grâce au « nous ».

Le Veni sancte Spiritus est chanté, avant l’Evangile, à la messe du dimanche de Pentecôte.
Il s’agit d’une synthèse complète sur l’œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur des fidèles. Les textes bibliques de la messe évoquent l’œuvre extérieure de l’Esprit Saint dans le monde mais aussi une évidence théologique, l’Esprit Saint est l’Esprit de Jésus Christ. La séquence, elle, multiplie d’entrée les titres de l’Esprit Saint (Consolator Optime / consolateur souverain ; Lumen cordium / Lumière de nos cœurs, …) puis détaille l’œuvre de l’Esprit Saint dans notre intériorité. C’est une merveille de théologie spirituelle invitant à contempler l’œuvre de l’Esprit Saint dans la vie intérieure de chaque fidèle. Ainsi, la séquence complète les textes bibliques en montrant les deux actions de l’Esprit Saint : L’une extérieure et l’autre à l’intime du croyant.

Les séquences trouvent donc naturellement leurs places dans la liturgie parce qu’elles viennent compléter des aspects de la beauté du mystère célébré le jour de Pâques et de Pentecôte que les textes bibliques ne développent pas toujours.

 


Pour compléter le détail liturgique de père Christophe

Nous avons trouvé sur le wiki Wicri/Musique créé par Jacques Ducloy, un nancéien passionné d’ingénierie de la connaissance et de chants sacrés et profanes anciens, un article expérimental sur la séquence Victimae paschali laudes.

voir l’article musicologique sur « Victimae paschali laudes »

Ce lien comprend le texte et la traduction de la séquence, le point de vue sur cette œuvre par l’abbé François Picard (1799 – 1868) dans un essai intitulé « Quelques cérémonies allégoriques anciennement en usage dans l’église cathédrale de Rouen » (1847), la partition grégorienne et des exemples d’interprétation.

Nous reproduisons ici la traduction

Victimæ paschali laudes
immolent Christiani.Agnus redemit oves:
Christus innocens Patri
reconciliavit peccatores.Mors et vita duello
conflixere mirando:
dux vitæ mortuus,
regnat vivus.Dic nobis Maria,
quid vidisti in via?Sepulchrum Christi viventis,
et gloriam vidi resurgentis:Angelicos testes,
sudarium, et vestes.Surrexit Christus spes mea:
præcedet suos in Galilæam.Scimus Christum surrexisse
a mortuis vere:
tu nobis, victor Rex, miserere.Amen, Alleluia.
À la Victime pascale,
les chrétiens offrent un sacrifice de louanges.L’Agneau a racheté les brebis ;
le Christ innocent a réconcilié
les pécheurs avec le Père.La mort et la vie se sont affrontées
en un duel admirable
le guide de la vie,
bien que mort, règne vivant.Dis-nous, Marie,
qu’as-tu vu en chemin?J’ai vu le tombeau du Christ vivant
et la gloire de sa résurrection,Les anges témoins,
le suaire et les vêtements.Le Christ, notre espérance, est ressuscité,
il précèdera les siens en Galilée.Nous savons que le Christ
est vraiment ressuscité des morts.
Toi, Roi vainqueur, aie pitié de nous.Ainsi soit-il, Alléluia.

 

Pentecôte ou tour de Babel ?
« Combien y a-t-il de langues utilisées dans la liturgie de la messe actuellement ? » la réponse est simple et complexe.

En pratique, il y en a plusieurs : au moins deux, souvent plus. Nous prions tous à la messe au moins avec quelques mots en araméen, langue utilisée par Jésus lui-même, tel que Amen ou Alléluia qui rythment nos célébrations. Habituellement, le reste de la messe est célébré en langue dite vernaculaire, pour nous le français. Il arrive que l’ordinaire de la messe rappelle à chacun l’histoire vivante de l’Eglise et de sa liturgie. Kyrie Eleison vient du grec et Gloria, Sanctus ou Agnus Dei rappellent naturellement l’importance du latin dans l’Eglise catholique romaine. Ceux qui ont déjà participé à des rassemblements internationaux savent qu’une lecture peut être lue aussi en anglais ou espagnol et que le Notre Père peut aussi être prié en latin. Il y a plusieurs langues dans la liturgie de l’Eglise catholique. C’est le rappel essentiel que le catholicisme est ancré dans une histoire. Venu du judaïsme, passé par le monde gréco-romain, il s’est répandu dans tous les peuples de la terre. La liturgie de l’Eglise s’est enrichie au fil des siècles. Et l’Eglise catholique intègre aussi dans son sein d’autres rites non latins (ex : Les maronites au Liban, …). Mais allons un peu plus loin que nos pratiques habituelles.

Une Pentecôte

Historiquement, nous savons que Jésus parlait plusieurs langues : Sa prédication journalière et sa prière personnelle étaient en araméen (langage courant). Quand il allait dans une synagogue ou au temple de Jérusalem, il se servait de l’hébreu (langue officielle). Il connaissait aussi la koinè, grec parlé dans l’Empire romain. Saül prendra le nom de Paul pour être audible pour les juifs de la diaspora et pour les païens. A la Pentecôte, l’Esprit Saint descend sous la forme de langue de feu sur les apôtres et ils se mirent à parler en d’autres langues et les foules bigarrées les entendaient dans leur langue maternelle. La prière privée ou publique, la prédication ou les enseignements dans l’Eglise catholique ne se sont jamais figés dans une langue. Faite pour être audible et comprise, la liturgie, au fil des siècles, s’adapte au mieux pour le peuple d’un pays et d’une époque. Il n’y a donc pas de langue sacrée dans le catholicisme, qui nous assurerait, à coup sûr, la bienveillance divine. Le français, ni l’araméen ni le latin ne sont des langues sacrées. Nous voyons toute la différence avec l’Islam sur ce point. Le coran dicté par Dieu ne peut être lu que dans la langue où il a été dicté, l’arabe. Un chrétien s’adresse à Dieu dans sa langue quand un musulman, pour prier, doit forcément s’adresser à lui en arabe. Le christianisme, issu du judaïsme est une religion historique. Dieu se révèle dans l’histoire et les saintes écritures regroupées dans la Bible, se sont formées au fil des siècles. Pour les chrétiens, les saintes écritures sont inspirées et les écrivains agissent, mus de façon interne par l’Esprit Saint, en vrais auteurs. Pour les musulmans, le coran descend « de façon externe » sur le prophète qui n’a qu’un rôle passif.

Le risque d’une tour de Babel

Les catholiques en France, y compris les prêtres, ont souvent oublié que le concile Vatican II, dans la constitution sur la liturgie a réaffirmé en son numéro 36 « L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins. Toutefois, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple. ». Tout cela est logique, nous appartenons à l’Eglise catholique romaine qui est une réalité supranationale.  Nous ne sommes ni orthodoxes russes ni anglicans. Dans les Eglises orthodoxes et dans les communautés protestantes, l’appartenance à une église est nationale ou locale. L’identité religieuse correspond complètement avec la nationalité et une langue. Le catholique, lui, est d’un pays avec sa langue mais aussi d’un peuple répandu sur toute la terre avec un centre à Rome, lieu des martyrs de Pierre et de Paul.  Pourtant, il faut bien avouer que l’exception est devenue la règle, aussi pour de bonnes raisons. L’apprentissage et l’usage du latin comme langue vivante étaient mal en point depuis quelques générations. Mais, il y a eu aussi un fort combat idéologique pour rompre avec des siècles de l’histoire de l’Eglise. Les historiens actuels de l’Eglise montrent désormais, travaux universitaires à l’appui, l’idéologisation, surtout en France, autour de la liturgie. Faire de la liturgie un rapport de force d’une partie de catholiques contre une autre, c’est faire de l’Eglise une tour de Babel. La liturgie catholique est dans sa définition même un acte public de l’Eglise. En grec, liturgie vient de leitos « public » et ergon « service, œuvre ». Donc, il est bon de se régler pour notre prière commune sur la pratique donnée par l’autorité de l’Eglise. Un pasteur se doit de donner à son peuple « l’œuvre publique » de l’Eglise et non ses lubies. Et une paroisse doit s’interroger régulièrement sur la catholicité de ses pratiques.

Traduire, c’est essentiel pour bien comprendre le mystère de Dieu mais, traduire, c’est toujours un peu trahir le sens initial. Vouloir franciser de force le mot « Amen » par « Ainsi soit-il » est une erreur profonde. Quand « Amen » est une affirmation ferme de sa foi ; « Ainsi soit-il » prend un sens plus hypothétique. Quand les premiers disciples de Jésus priaient le Père du Ciel, à la fin, en araméen, ils disaient « délivre nous du Mauvais ». Les traductions suivantes en latin et français ont perdu la richesse de ce sens initial en prenant le mot « Mal » ; ce qui est plus abstrait et moins parlant. A l’époque où en paroisse, on chantait habituellement le grégorien et où le prêtre célébrait en latin, personne n’aurait eu l’idée saugrenue de latiniser Amen, Alléluia ou Kyrie Eleison. Chaque langue a son génie propre : Là où l’araméen est très concret et charnel, le grec a une saveur plus philosophique et le latin possède la concision et la précision issues du droit. Le français a un charme linguistique reconnu et intègre de nombreuses et subtiles nuances.

C’est une belle aventure pour chaque génération d’approfondir l’héritage reçu et de l’enrichir par le meilleur de son époque. Garder l’unité de la foi pour tous les catholiques répandus sur la terre, c’est savoir que nous avons des racines historiques, linguistiques et surtout spirituelles : Jérusalem et Rome.

Ce mot, extrêmement précis en théologie, n’apparait qu’une seule fois dans la liturgie de la messe. Nous le proclamons lors du credo et il est associé à l’Eglise. Après avoir proclamé la foi trinitaire, nous disons dans le symbole des apôtres : Je crois à la sainte Eglise catholique…

Le premier fruit trinitaire est donc l’Eglise définie dans le symbole de Nicée Constantinople comme une, sainte, catholique et apostolique. L’Eglise, en grec ekklesia, signifie convocation. Elle est le peuple que Dieu rassemble dans le monde entier.

Née dans le cœur du Père, instituée par Jésus Christ et conduite par l’Esprit Saint, l’Eglise est à la fois une assemblée visible sur terre et une communauté spirituelle dans l’éternité. Le terme catholique présent dans les symboles des apôtres et de Nicée Constantinople, apparaît très vite et son usage est donc bien antérieur au schisme entre « orthodoxes » et « catholiques ». La catholicité de l’Eglise était reconnue par tous les chrétiens avant toutes les divisions. Plus qu’une réalité géographique, historique ou statistique, le terme catholique définit une réalité théologique profonde.

Ecoutons le cardinal Henri de Lubac, théologien du XXème siècle et grand spécialiste du sujet. Excusez-moi par avance pour la complexité du propos mais cela permet la précision du concept. La théologie n’est pas la répétition d’idées banales.

« Liés à l’origine, « universel » et « catholique » ont fini par diverger considérablement. Dans le langage courant, ils n’ont plus aujourd’hui tout à fait la même signification, ni surtout la même résonnance. En fin de compte, ces deux épithètes orientent même la pensée en deux directions opposées : la première évoque plutôt une expansion, la seconde un rassemblement. « Universel », dans le français moderne, suggère habituellement l’idée d’une réalité partout répandue : on parlera par exemple d’un usage universel, ou d’une célébrité universelle. « Catholique » dit davantage et autre chose : il suggère l’idée d’un tout organique, d’une cohésion, d’une synthèse ferme, d’une réalité non pas dispersée mais au contraire, quelle qu’en soit l’étendue dans l’espace ou la différenciation interne, tournée vers un centre qui en assure l’unité. Le mot comporte donc une accentuation active, dynamique et intensive, tandis « qu’universel » est plutôt passif, statique et extensif….

On voit aussi par là comment les deux notions d’unité et d’universalité convergent dans celle d’unicité, et l’on peut comprendre comment ce même mot de « catholique » a pu très tôt servir à désigner et l’universalité de l’Eglise et l’orthodoxie de sa foi. »  Les Eglises particulières dans l’Eglise universelle, Henri de Lubac 1971

Pour résumer, nous pouvons donc dire que le terme théologique catholique précède, dans le temps, la division historique entre chrétiens orthodoxes et chrétiens catholiques. Croire que catholique est égal à universel est très incomplet, c’est oublier qu’il signifie aussi une cohésion unifiée autour de la totalité de la foi. Les conciles œcuméniques de Nicée Constantinople en 325-381 en sont des manifestations. Le symbole de foi issu de ces deux conciles nous rappelle la profondeur et l’extension du mot catholique.

 

 

Je crois à l’Eglise catholique ou je crois en l’Eglise catholique ?

Tous les dimanches, nous professons la foi de l’Eglise par la proclamation du symbole des apôtres ou celui de Nicée Constantinople. Permettez-moi de m’arrêter sur quelques détails qui ont beaucoup plus d’importance qu’il n’y paraît à première vue.

Nous professons souvent mécaniquement la foi de l’Eglise :

Une virgule indispensable

Lors de la proclamation des symboles de foi, nous récitons assez mécaniquement ces textes. Avez-vous remarqué la virgule essentielle après Je crois en Dieu ou je crois en un seul Dieu ? Une brève pause, impossible à faire, serait pourtant utile pendant la proclamation. Cette virgule permet de comprendre que Dieu, le seul Dieu n’est pas que le Père. La façon de réciter le symbole des apôtres peut involontairement laisser croire que seul le Père serait Dieu. Je crois en Dieu, le Père tout puissant créateur du ciel et de la terre, Et en Jésus-Christ… Professer un seul Dieu en trois personnes n’est ni évident à croire ni simple à rendre dans son écriture et sa proclamation. Je crois en Dieu vise bien le Père et le Fils et le Saint Esprit. Le concile de Nicée Constantinople va ajouter l’adjectif seul à Dieu pour éviter le risque de degré dans la trinité et le polythéisme. Je crois en un seul Dieu vise bien les trois personnes de la trinité et le Fils est autant Dieu que le Père et l’Esprit Saint et inversement.

Une traduction maladroite

La traduction en français du symbole de Nicée Constantinople comporte une erreur à propos de l’Eglise. Là où le symbole des apôtres dit « Je crois à la sainte Eglise Catholique », celui de Nicée Constantinople dit en français « Je crois en l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique ». Cela semble anodin mais je laisse tout d’abord la parole au cardinal de Lubac qui a étudié ce sujet avec une grande précision.

« A plusieurs reprises, dans sa prédication, St Augustin observe que par rapport à Dieu l’on compte trois sortes de credere : credere Deum – credere Deo – credere in Deum. Ce sont là trois actes, qui s’enchaînent l’un l’autre, suivant une progression nécessaire. Seul le troisième, qui suppose et intègre les deux premiers caractérise la véritable foi. Seul il fait le chrétien. Croire en Dieu est assurément plus que croire à Dieu

Denys le chartreux, au XV siècle, résumera tous ses prédécesseurs, en disant que les infidèles eux-mêmes peuvent croire que Dieu existe, qu’ils peuvent encore croire à Dieu (credere Deo), tout en n’ ayant pas la foi véritable, du moins la foi pleine, parce qu’ils ne croient pas en Dieu (in Deum) Extraits de la foi chrétienne, essai sur la structure du symbole des Apôtres par Henri de Lubac, 1969

L’acte de foi entier ne peut donc être réservé qu’à Dieu. On croit en Dieu mais on croit vrai l’enseignement de son professeur de mathématiques. L’acte de foi en Dieu implique un hommage de toute sa personne, pas seulement de son intelligence. Dans les Evangiles, Jésus précise toujours « vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Il ne dit jamais croyez-moi. L’acte de foi qu’il attend, implique notre intelligence et notre volonté.

La traduction française du credo de Nicée Constantinople est plus que maladroite car elle place linguistiquement l’Eglise sur le même plan que Dieu. On ne croit qu’en Dieu ! L’Eglise, c’est elle qui croit, c’est elle qui confesse la Trinité, c’est elle que Dieu éclaire. L’Eglise n’est pas Dieu, elle est la maison de Dieu. Le plus juste, d’ailleurs, serait de dire je crois la sainte Eglise catholique et je crois l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique.

Le catéchisme de l’Eglise catholique §750 va discrètement dans ce sens. Croire que l’Église est  » Sainte  » et  » Catholique « , et qu’elle est  » Une  » et  » Apostolique  » (comme l’ajoute le Symbole de Nicée-Constantinople) est inséparable de la foi en Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit. Dans le Symbole des apôtres, nous faisons profession de croire une Église Sainte ( » Credo […] Ecclesiam « ), et non pas en l’Église, pour ne pas confondre Dieu et ses œuvres et pour attribuer clairement à la bonté de Dieu tous les dons qu’Il a mis dans son Église.

Définition du mot symbole

« Le mot symbole qui est un emprunt fait au grec, tire son nom d’une image : les marchands ont coutume d’établir entre eux une pièce justificative, le symbolum, par laquelle ils fondent leur association sur un engagement de mutuelle bonne foi. Votre société à vous fait commerce de biens spirituels. Vous devez être comme des hommes d’affaires à la recherche d’une belle pierre précieuse » Saint Augustin sermon 216

Le catéchisme de l’Eglise catholique § 188 nous en donne une définition moins imagée que celle de St Augustin : Le mot grec symbolon signifiait la moitié d’un objet brisé (par exemple un sceau) que l’on présentait comme un signe de reconnaissance. Les parties brisées étaient mises ensemble pour vérifier l’identité du porteur. Le  » symbole de la foi  » est donc un signe de reconnaissance et de communion entre les croyants. Symbolon signifie ensuite recueil, collection ou sommaire. Le  » symbole de la foi  » est le recueil des principales vérités de la foi. D’où le fait qu’il sert de point de référence premier et fondamental de la catéchèse.

Au cours d’une messe ou d’un sacrement en général, le prêtre ou le diacre a pour mission de présider au nom du Christ et d’unifier une prière commune qui doit entrer en symphonie avec celle de toute l’Eglise.

Chacun, bien normalement, arrive avec ses intentions personnelles, heureuses ou souffrantes, et est amené à s’ouvrir à la liturgie de l’Eglise, qui, elle, a pour vocation de nous faire entrer dans l’éternelle prière de Jésus-Christ à son Père dans l’Esprit Saint.

Il existe pour cela plusieurs sortes d’oraisons. Du latin « oratio » (parole, prière), une oraison est une parole ou une prière formulée devant Dieu. Cette oraison peut être personnelle ou communautaire. Pour une bonne santé de vie chrétienne, il est même indispensable que l’une féconde l’autre et vice versa.

Une oraison personnelle vers une participation active à la liturgie

Ainsi, nous avons, tout d’abord, notre oraison personnelle, prière secrète devant Dieu. Elle peut être silencieuse ou orale, irriguée ou non par une spiritualité particulière, dominicaine, carmélitaine ou jésuite. Cette oraison personnelle est vitale afin que nos liturgies, prières communes, ne soient pas un rituel indéchiffrable pour nos cœurs et nos intelligences. La liturgie de l’Eglise est affaire de prières plus que de concepts. Quelqu’un qui prie saura vivre de la liturgie de l’Eglise. Quelqu’un qui ne prie pas n’y verra que des rites inadaptés et des paroles extérieures à sa vie.

C’est à cela que nous invite ce beau passage de la lettre de St Paul aux romains « Je vous exhorte, donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre personne en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous, la juste manière de lui rendre un culte » Rm12,1. Le concile Vatican II dans son style littéraire des années 1960 en reprend la substance dans son paragraphe 48 sur la liturgie : «  Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous. ». Apprendre à s’offrir soi même à Dieu est l’objectif final de la participation active des fidèles.

Les oraisons liturgiques, trois plus une !

Au cours de nos messes paroissiales, comme dans celles de toute l’Eglise catholique, trois oraisons liturgiques sont priées. Une oraison liturgique est une expression publique et commune de l’assemblée. Si dans une oraison personnelle, on peut laisser libre cours devant Dieu à ses préférences, son imagination et ses goûts, l’oraison liturgique est ritualisée pour être la prière de toute l’Eglise. Prêtres et laïcs sont invités à entrer avec foi dans ces prières courtes qui sont le fruit d’un héritage séculaire. Elles ont reçu du latin le sens de la concision et de la précision théologique. Comme une symphonie de cœurs sur toute la terre, toute l’Eglise prie les mêmes oraisons le même jour implorant Dieu de lui donner ses dons. La richesse de chaque oraison fait que parfois, une seule d’entre elles, peut nourrir votre oraison personnelle du jour. N’hésitez jamais à vous y arrêter !

La première oraison liturgique est appelée aussi collecte. Elle vient clore la liturgie de l’accueil et la préparation pénitentielle. Elle précède la liturgie de la parole. Elle porte le nom de « collecte » parce qu’elle rassemble les diverses intentions silencieuses des fidèles dans une seule prière commune. C’est le rôle du prêtre, dans un temps liturgique particulier, de présenter à Dieu au nom de la communauté rassemblée, le condensé de la prière de tous. Il est bon que le prêtre, après l’invocation « Prions le Seigneur » laisse un bref temps de silence pour que chacun offre silencieusement son intention afin que la collecte spirituelle joue son rôle. A la fin, tous ratifient la prière prononcée pour tous par un Amen !

La deuxième oraison liturgique est la prière sur les offrandes (ou oblats). Elle achève l’offertoire et précède la préface. Dans sa composition apparaissent toujours des références à l’eucharistie comme salut ou sacrifice, à la croix du Christ ou au don du Christ et de nous-mêmes. Le peuple de Dieu, réveillé par la liturgie de la Parole qui se clôt par la profession de foi (credo), est appelé à vivre sa foi en actes et en vérité. L’offertoire du pain et du vin ainsi que la quête manifestent la concrétisation en actes de l’admirable échange. Dieu dispense ses dons spirituels et vient transformer nos fragiles efforts journaliers. A la suite du sacrifice du Christ, le sacrifice non sanglant de l’eucharistie invite chacun à s’offrir sans retenue par amour pour nous convertir, pour changer ce monde et nous ouvrir à la joie du ciel.

La troisième oraison liturgique est la prière après la communion : Après le rite de communion, accompagné très souvent d’un chant à tonalité eucharistique, le silence va permettre à chacun, prêtre compris, de se recueillir devant un si grand mystère d’un Dieu qui se donne jusque dans un corps à corps avec l’humanité. L’oraison après la communion prend des tonalités appelant à faire fructifier les fruits spirituels reçus dans l’eucharistie dans notre vie de chaque jour et pour l’éternité. Méditez-en l’une ou l’autre, c’est toujours profitable.

Ces trois oraisons liturgiques rythment toutes nos eucharisties. Elles s’adressent dans leur immense majorité à Dieu le Père, désigné comme Seigneur, Dieu éternel et tout puissant ou Dieu. On pourra remarquer lors de la fête du corps et du sang du Seigneur Jésus une heureuse exception. Les oraisons s’adressent alors à Jésus. Toutes les collectes sont conclues Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec Toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Les autres oraisons finissent par un bref : Par Jésus le Christ notre Seigneur. Du mystère de la Trinité à Jésus qui nous le manifeste ! Toutes nos prières sont fécondes quand elles sont priées par, avec et en Jésus Christ.

Moins connu, le Notre Père est appelé depuis les premiers chrétiens la prière du Seigneur. Dominus signifiant Seigneur, l’expression est devenue en latin « oratio Dominica », oraison dominicale, pour parler du Notre Père qui est à la fois la prière de Jésus et notre oraison d’enfants de Dieu.

Le latin « communio » et son équivalent grec « Koïnonia » expriment une union stable de personnes ou une communauté qui privilégie le partage. On comprend dès lors que tous nos divers types de communions sont appelés à vivre à l’aune de la communion par excellence, celle des personnes divines dans la Sainte Trinité.

Rien que dans le sacrement de l’eucharistie, trois sens se renforcent l’un l’autre : Tel un nœud marin, s’ils sont parfaitement unis, ils résisteront aux tempêtes de la vie. Si l’un vient à manquer, c’est toute la corde qui perd de sa solidité. Ainsi, nous sommes appelés à vivre dans notre messe dominicale ou quotidienne trois communions : la communion spirituelle, la communion fraternelle et la communion sacramentelle. Il me sera impossible de traiter toute la richesse de cet immense sujet par ces lignes mais je vais essayer de souligner la logique indispensable de cette triple communion et d’en esquisser quelques risques de déviances.

La communion spirituelle

L’union avec Dieu ou le risque « du croyant non pratiquant » !

Le but de notre vie, dès notre conception, est l’union avec Dieu. Créé et aimé par Dieu, tout être humain est appelé par le Seigneur pour qu’il le découvre et le connaisse dès cette vie. Laissée à ses seules forces de l’intelligence et de la volonté, la personne humaine cherche sans certitude et à tâtons cette communion spirituelle avec Dieu.

Dieu a voulu se faire connaître charnellement par Jésus pour que l’homme ait la lumière divine pour se guider dans ce monde. L’Eglise et ses sacrements sont la continuation de l’incarnation et de la rédemption de Jésus Christ. Le moyen le plus sûr que Dieu a voulu pour manifester la communion avec lui, sont l’Eglise et ses signes visibles que sont les sacrements. Par la communion ecclésiale et par la communion sacramentelle, la rencontre de l’homme avec Dieu est balisée mais toujours à renouveler. Durant notre voyage sur terre, le phare de l’Eglise nous aide. Si la communion spirituelle dans la gloire de Dieu est l’objectif de la vie de l’Eglise et des sacrements dès la terre et pour l’éternité, elle ne peut jamais être une certitude. Personne n’est assuré du paradis, ou de l’enfer d’ailleurs ! La vie de la grâce de Dieu en nous a besoin d’être vivifiée chaque jour pour s’épanouir dans la gloire promise. Dieu place notre liberté devant ses choix évangéliques.

Croire de fait que l’on peut être en communion avec Dieu sans communion réelle avec l’Eglise et les sacrements, relève pour un chrétien de l’illusion sur soi-même. Dire que l’on aime sa famille et ses moments de partage, sans avoir de lien authentique, c’est se mentir. Le slogan « croyant non pratiquant » est comparable au sportif qui rêve à ses exploits mais devant sa télévision. A force d’absence d’activités sportives, il se lasse même de le regarder de loin. La dure réalité de ce confinement forcé nous fait éprouver la nécessité de la communion spirituelle mais aussi sa grande fragilité. Le risque n’est pas que Dieu nous oublie mais que nous l’oubliions au fil du temps. Nous sommes des êtres de chair et de sang et nous avons besoin de signes concrets. Il est bon qu’une fois ce confinement fini, notre communion spirituelle devienne à nouveau vivifiée et concrète par notre communion ecclésiale et sacramentelle.

La communion fraternelle

La beauté de la famille de Dieu ou le risque du « ni croyant ni pratiquant » !

L’être humain est un être sociable qui ne se suffit pas à lui-même. Le confinement forcé nous a montré que non seulement la solitude est éprouvante pour les psychologies, mais aussi que les violences intrafamiliales sont fréquentes. Les relations humaines peuvent être enrichissantes ou destructrices. Elles peuvent parfois passer de l’extase à l’enfer.

Dieu a créé l’homme et la femme et il a inscrit dans leur corps et leur esprit le besoin vital d’une communion fraternelle. Jésus a rassemblé ses disciples dans une famille que nous appelons l’Eglise. Le cœur de son enseignement fraternel est « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». La simple fraternité humaine est transcendée par la fin de son propos « comme je vous ai aimés ». La communion fraternelle n’est jamais une fin en soi mais elle est orientée vers la communion spirituelle. L’Eglise, famille des enfants de Dieu, sait qu’elle est rassemblée par Dieu et qu’à la fin des temps, elle trouvera sa plénitude en Lui. La communion des frères est appelée à devenir communion des saints dès aujourd’hui. Cette communion fraternelle n’est possible, dans l’Eglise, que par le fait que nous sommes égaux en dignité par le baptême et que Dieu est notre Père. Prendre la première place à Dieu dans la communion fraternelle de l’Eglise, c’est ouvrir la boîte de pandore et ses dérives sectaires. L’égalité de la dignité ne signifie pourtant pas un égalitarisme de vocation et de mission. L’Eglise du Christ reste une communion organisée, ce n’est ni une anarchie ni un corps de régiment. Comme un corps vivant, elle a besoin d’une ossature structurante que sont les évêques, les prêtres et les diacres, sinon elle reste informe. Mais sans la chair vivante, l’ossature n’est qu’un squelette. Prier lors de chaque prière eucharistique pour le Pape, notre évêque, tous les évêques, tous ceux qui ont la charge du peuple de Dieu, les morts et vivants nous invite à cette fraternité organisée, toujours plus large que les personnes présentes à la messe paroissiale. Au cours de la même prière eucharistique, nous invoquons la bienheureuse Mère de Dieu, la Vierge Marie, saint Joseph son époux, et d’autres saints ; ainsi cette communion fraternelle terrestre s’ouvre sur le mystère de la communion des saints.

Croire de fait que l’amour de son voisin ou de sa belle-mère nous assure la communion avec Dieu est d’une grande naïveté. C’est un bon début mais la communion spirituelle nous pousse à dépasser un amour purement humain pour vouloir le salut pour son prochain. L’Eglise n’est pas un groupe de personnes qui s’entendent plus ou moins bien, mais c’est l’Eglise de Jésus- Christ sauveur. Elle nous presse à offrir le salut à notre prochain. Et, les sacrements sont les signes concrets et efficaces de ce salut divin pour cette personne. Permettre à son prochain de recevoir le baptême, la confirmation, l’eucharistie ou le mariage, c’est lui offrir la plus grande dignité qui soit. Dieu comble bien plus que nous l’imaginons les cœurs affamés. Aucun être humain ne pourra être l’alpha et l’oméga de son prochain. Seul Jésus Christ le peut !

La communion sacramentelle

Dieu en moi ou le risque « du pratiquant non croyant »

L’Homme est un être de chair, de sang et d’esprit. Il vit dans un espace et un temps donné. Pour déchiffrer ce monde et s’exprimer avec ses semblables, il a besoin de signes temporaires que sont les paroles et les gestes. Une fleur offerte à son amoureuse se fane, il faudra y penser à nouveau.

Jésus Christ et son Eglise sont venus donner les sacrements qui sont des paroles et des gestes divins et durables pour manifester la communion entre Dieu et les hommes. Du baptême aux sacrements des malades, ils manifestent la communion spirituelle avec Dieu et la communion fraternelle dans l’Eglise. Mis à part les sacrements dits à caractère (baptême, confirmation, ordination), tous ces beaux sacrements sont pourtant appelés à s’effacer dans l’éternité. L’eucharistie est entourée, à juste titre, dans l’Eglise catholique d’une immense vénération. Nous croyons fermement que le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus Christ mort et ressuscité pour nous. Jésus Christ se rend sacramentellement présent dans le pain et le vin consacrés. Pourtant, ce sacrement disparaît et devient inutile pour celui qui est reçu dans la gloire de Dieu. La communion spirituelle devenue définitive n’a plus besoin du moyen de la communion sacramentelle. Notre communion au sacrement de l’eucharistie, le dimanche, ne trouve sa cohérence qu’à l’horizon de la vie en Dieu inaugurée dans la résurrection de Jésus. Dieu fait tout pour rassembler dans la communion trinitaire le plus grand nombre d’enfants et nous devons nous réjouir d’entrer avec notre prochain dans cette communion. Les trois fils de la communion forment un nœud indestructible dans l’eucharistie.

Même si on ne peut jamais juger un cœur à la place de Dieu, il est toujours, pour le moins surprenant, de constater le nombre de pratiquants réguliers du dimanche qui ne croient pas dans la résurrection du Christ. « Ces pratiquants non croyants », plus nombreux qu’il n’y paraît, ont, en fait, une vision païenne de Dieu et des actes religieux. Par cette pratique plus sociale que personnalisée, ils veulent s’attirer les bonnes grâces d’un Dieu qu’ils ne connaissent guère. Il ne s’agit pas d’un vrai acte de foi qui est un hommage personnel de l’intelligence et de la volonté, mais d’impressions d’attirance ou de crainte servile devant une force divine. Mais ne jugeons pas trop vite ces pratiquants non croyants, notre vieux fond païen n’est jamais très loin.

Quand je communie sacramentellement au corps et au sang de Jésus-Christ, je dois communier aussi dans la vérité de l’Eglise. Chaque sacrement est reçu de Dieu par l’Eglise ; on ne le prend pas. Il ne s’agit pas d’un droit revendiqué ! Je n’ai pas un droit à recevoir la communion même si je suis pratiquant. Je ne me donne pas le baptême, je le reçois de l’Eglise. Je ne prends pas le corps du Christ, je le reçois de l’Eglise. Je ne prends pas mon épouse mais je la reçois comme un don de Dieu. En théologie, on parle techniquement de l’hétéronomie du salut (juste un clin d’œil pour les hellénistes !). Le salut vient de l’extérieur, il est hors de moi et je le reçois d’un Autre. Au lieu de faire un acte machinal et social, une conscience doit apprendre à recevoir l’enseignement de l’Eglise pour être vivante, sinon elle s’autojustifie et devient « autoréférentielle » comme dit le Pape François, et parfois, cet enseignement m’oblige à changer mes habitudes.

Le dimanche, en répondant Amen au ministre qui me présente le corps du Christ, je suis appelé à faire une triple communion : Fondée sur une communion au Dieu Trinité, la communion sacramentelle se vit dans la communion fraternelle de l’Eglise et elle fructifie en une communion spirituelle véritable avec Dieu Trinité.

Le rite du cierge pascal qui ouvre la Vigile pascale est un développement du rite juif qui consistait à allumer les lampes, au moment où tombait la nuit inaugurant le sabbat. Ce rite est devenu le lucernaire dans le christianisme. On le pratiquait à l’heure de vêpres au chant de joyeuse lumière, hymne vénérable des premiers siècles.

Au début de la plus sainte des nuits et de la plus longue vigile de l’année liturgique, l’Eglise a vite solennisé le rite du lucernaire : le grand cierge pascal et sa louange qui est l’Exsultet (ou exultet) datent au moins du IV siècle.

Après avoir béni le feu nouveau, le célébrant grave sur le cierge les symboles suivants :

  • Une croix en disant « Le Christ hier et aujourd’hui, commencement et fin de toutes choses »
  • Alpha et Oméga
  • Les 4 chiffres de l’année en disant « A lui le temps, et l’éternité, à lui la gloire et la puissance, pour les siècles des siècles. Amen »
  • Puis il implante 5 grains d’encens qu’il dispose en forme de croix pour symboliser les cinq plaies du Christ « Par ses saintes plaies, ses plaies glorieuses, que le Christ Seigneur, nous garde et nous protège. Amen »

Le cierge pascal est alors allumé au feu nouveau « Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit ». Le diacre le porte en tête de la procession et pénètre dans l’église obscure où il marque trois arrêts pour proclamer « lumière du Christ ». Après avoir demandé la bénédiction du célébrant, comme pour l’Evangile, et encensé le cierge pascal et le livre contenant l’Exsultet, le diacre chante cet antique condensé de la joie pascale.

Tout au long des offices du temps pascal, le cierge pascal continue de brûler. On ne l’éteint qu’au terme du temps pascal, le soir de la Pentecôte. La lumière du Christ se diffuse alors à l’intérieur de l’Eglise et de chaque croyant grâce à l’onction invisible de l’Esprit Saint qui est l’Esprit de Jésus. Le cierge pascal est placé près du baptistère où il servira lors de chaque baptême et funérailles.

Le cierge pascal représente la présence lumineuse du ressuscité dans son Eglise encore dans les ténèbres. Il reste marqué des plaies de sa passion comme Jésus lui-même reconnu par St Thomas grâce à ses plaies. La gloire éclatante de la résurrection ne gomme en rien la dure réalité de l’humanité. Le cierge pascal reçoit tous les honneurs liturgiques (place de choix, encensement, fleurs, …) Les phrases dites par le célébrant lors de sa préparation déploient surtout une vision cosmique du ressuscité. La gloire de Jésus commence de rayonner dans tout l’univers à travers toute l’histoire (alpha et oméga) et le temps et l’éternité. Dans la création, Dieu crée la lumière et l’Homme ; dans la vigile pascale, nouvelle création, avec le feu nouveau, l’Homme Nouveau, Jésus Roi de l’univers, entraîne son peuple à sa suite. Nous sommes appelés à croire que Jésus est le centre de l’Univers. Pour cela, je vous invite à méditer ce très bel hymne de St Paul dans sa lettre aux Colossiens. Les premiers chrétiens ont eu très tôt une haute compréhension du mystère de Jésus. De l’humanité à la gloire cosmique.

Dans la joie, vous rendrez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière.

Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé :

En lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.

Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature :

En lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui.

Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui.

Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté.

Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude

Et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. (Col 1,12-20)

Christophe Martin+