Pèlerinage à Notre-Dame d’Autrey

Le mercredi 8 mai 2019 les paroissiens de Notre-Dame des Nations et du Bon Pasteur ont vécu un beau pèlerinage à l’Abbaye d’Autrey, au cœur des Vosges. Ce temps fort fut ponctué de prières et riche des échanges, rencontres et témoignages, enseignements. La journée s’est terminée avec la visite du jardin remarquable de l’Abbaye.

Nous remercions les personnes pour leurs dons.

Cette agréable journée avait été organisée par les paroisses Notre-Dame des Nations et du Bon Pasteur. En voici le récit illustré avec un passage intéressant à lire sur l’enseignement reçu au cours de ce pèlerinage.

 

Marche jusqu’à l’Abbaye Notre-Dame

L’autocar qui nous emmenait a effectué un arrêt au village de Saint Gorgon pour déposer les personnes volontaires pour une marche/pèlerinage d’une heure environ via un sentier en fôret jusqu’à l’Abbaye où nous avons rejoint le reste du groupe.

Le succès des inscriptions était tel que certains pèlerins avaient dû voyager par leurs propres moyens faute de places suffisantes dans le car.

 

Temps de prière à la Basilique

 

Enseignement à la conversion écologique intégrale

Après le temps de prière, et le temps du repas « tiré du sac », Sœur Agnès de la communauté des Béatitudes nous a livré un enseignement sur la conversion écologique intégrale.

Voici quelques extraits de cet enseignement :

« La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire ». Chap. 6 – Laudato Si’

Les cinq continents sont représentés dans notre communauté. Le pape François parle beaucoup de l’universalité, donc nous la vivons un peu.

Nous sommes dix sœurs et quatre frères venus de Belgique, du Pérou, de l’Afrique, de la Nouvelle-Zélande, du Vietnam et de la France, de 28 ans à 81 ans. Il est toujours surprenant de découvrir des façons de faire différentes. Cela suscite une ouverture de l’intelligence et du cœur, cela suppose de penser autrement, il faut donc s’adapter entre frères et sœurs. Il y aussi des laïcs, pères et mères de famille qui ont un travail à l’extérieur.

Le charme de la communauté, c’est la communion des états de vie, parfois cela nous bouscule un peu.

La valeur du travail. Nous vivons de l’hébergement, de la restauration, de l’entretien de plus de 4 hectares de jardin… Prière et Travail. Avant de s’engager dans le sacerdoce, nous conseillons à nos frères d’avoir une expérience professionnelle.

Le respect des personnes, le respect de la nature. Nous ne cueillons rien de ce qu’il y a dans le jardin. Nous sommes tous en chemin vers la sainteté. Le Seigneur nous met à côté de frères et sœurs que nous apprenons à connaître, cela suppose que nous ayons une grande attention au sens de ce que nous vivons ici.

 

1 – La joie de répondre à son Amour et cette découverte de nos frères et sœurs et de la nature, cela n’est pas très compliqué, mais ceux sont nos cœurs qui sont compliqués. Passage de l’encyclique Laudato Si’ N°9 :

En même temps, Bartholomée a attiré l’attention sur les racines éthiques et spirituelles des problèmes environnementaux qui demandent que nous trouvions des solutions non seulement grâce à la technique mais encore à travers un changement de la part de l’être humain, parce qu’autrement nous affronterions uniquement les symptômes. Il nous a proposé de passer de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, dans une ascèse qui « signifie apprendre à donner, et non simplement à renoncer. C’est une manière d’aimer, de passer progressivement de ce que je veux à ce dont le monde de Dieu a besoin. C’est la libération de la peur, de l’avidité, de la dépendance ». Nous chrétiens, en outre, nous sommes appelés à « accepter le monde comme sacrement de communion, comme manière de partager avec Dieu et avec le prochain à une échelle globale. C’est notre humble conviction que le divin et l’humain se rencontrent même dans les plus petits détails du vêtement sans coutures de la création de Dieu, jusque dans l’infime grain de poussière de notre planète.

 

2 – Ce qui est important pour nous, c’est la conversion. Renoncer à ce que moi, j’aimerais avoir, renoncer à nos instincts de domination. Cela suppose des choix et des convictions. Je vis de cette manière et j’ai choisi d’y répondre.  J’ai le sens profond et j’essaie d’orienter tout ce que je vis. Cette notion de domination et de possession revient souvent dans l’encyclique, cela nous empêche d’ouvrir notre cœur ; Jésus a ouvert ses bras sur la Croix.

Les membres de la communauté ont été mis à part pour suivre le Christ et nous vivons notre trésor sur cette terre. Notre terre, c’est le petit lopin de terre d’Autrey. Nous nous efforçons de vivre dans la prière continuelle et la conversion toujours renouvelée. Nous essayons de faire notre écologie intégrale. A la fin de la cérémonie des vœux, il est dit « Fait de lui ou elle, un serviteur ». Le terme de « serviteur » a retenu mon attention. « Je sers quelqu’un et je me sers de quelque chose ». Cette notion de serviteur est reprise à  plusieurs endroits dans l’encyclique. N°70 :

Dans le récit concernant Caïn et Abel, nous voyons que la jalousie a conduit Caïn à commettre l’injustice extrême contre son frère. Ce qui a provoqué à son tour une rupture de la relation entre Caïn et Dieu, et entre Caïn et la terre dont il a été exilé. Ce passage est résumé dans la conversation dramatique entre Dieu et Caïn. Dieu demande : « Où est ton frère Abel ? ». Caïn répond qu’il ne sait pas et Dieu insiste : « Qu’as-tu fait ? Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile » (Gn 4, 9-11). La négligence dans la charge de cultiver et de garder une relation adéquate avec le voisin, envers lequel j’ai le devoir d’attention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre. Quand toutes ces relations sont négligées, quand la justice n’habite plus la terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger. C’est ce que nous enseigne le récit sur Noé, quand Dieu menace d’exterminer l’humanité en raison de son incapacité constante à vivre à la hauteur des exigences de justice et de paix : « La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes » (Gn 6, 13). Dans ces récits si anciens, emprunts de profond symbolisme, une conviction actuelle était déjà présente : tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres.

 

3 – Trois sortes de relations : Avec Dieu, avec les autres et avec la terre. C’est une perspective qui peut nous paraître exigente, mais nous croyons à la miséricorde et à la bénédiction du Seigneur. Le service consiste à entretenir ces relations ; bienveillance, respect, attention… les choses s’enchaînent. Servir le Christ, servir mon frère, ma soeur, c’est tout cela dans la dimension de la relation, et ceci rend gloire à Dieu. Toutes ces choses positives restaurent ce qui est en nous plus difficile. Pour cela, nous avons besoin de certains moyens dont la prière de louange. On constate que la louange nous fait beaucoup de bien. Nous dansons sur les Psaumes. On apprend à prier avec son corps, on se met en cercle et on avance vers le milieu. Cela nous aide à aimer nos frères et sœurs tout près, et cela nous détache de nous-mêmes pour rejoindre Celui qui est notre force.

Nous avons une partie de prière spontanée ainsi que la prière à l’Esprit Saint : « Viens Esprit Saint ! ». Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait dans « Ma vocation c’est l’Amour » : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi, » a dit l’Esprit Saint par la bouche de Salomon et ce même Esprit d’Amour a dit encore que « La miséricorde est accordée aux petits ».

Saint Joseph est patron de notre communauté, mais nous avons aussi Saint Séraphim de Sarov :

« Pour Saint Séraphim de Sarov, la foi véritable « ne se base pas sur des paroles de sagesse terrestre, mais sur la manifestation de la puissance de l’Esprit ». A ce sujet, Saint Séraphim de Sarov nous rappelle que le Seigneur ne nous donne aucune règle hormis celle de nous aimer les uns les autres afin de trouver la force de nous unir à l’Esprit Saint. Béatitude, paix, douceur, commerce familier avec la Mère de Dieu et les saints, don de guérison, clairvoyance, amour inconditionnel du prochain comme de sa propre croix… telles sont pour lui les manifestations de l’« acquisition » de l’Esprit Saint. Témoin vivant de la venue sur terre du Paraclet annoncée par le Christ il y a 2000 ans, Saint Séraphim de Sarov, véritable prophète des temps modernes, est bien tel que l’Archevêque Benjamin le dévoile : comme « le Luminaire de l’Esprit Saint pour le monde entier ». Le Saint Séraphim de Sarov quitte cette vie le 2 janvier 1833, lorsqu’il prie dans sa cellule, devant l’icône de la Mère de Dieu de Tendresse. Saint Séraphim de Sarov a été canonisé le 19 juillet 1903. 

Saint Séraphim a un petit côté qui se rapproche également de Saint François d’Assise qui était proche des animaux. Lorsqu’on aime Dieu, on aime aussi les personnes et les animaux.

Laudato Si’ N°80 :

Cependant Dieu, qui veut agir avec nous et compte sur notre coopération, est aussi capable de tirer quelque chose de bon du mal que nous commettons, parce que « l’Esprit Saint possède une imagination infinie, propre à l’Esprit divin, qui sait prévoir et résoudre les problèmes des affaires humaines, même les plus complexes et les plus impénétrables ». Il a voulu se limiter lui-même de quelque manière, en créant un monde qui a besoin de développement, où beaucoup de choses que nous considérons mauvaises, dangereuses ou sources de souffrances, font en réalité partie des douleurs de l’enfantement qui nous stimulent à collaborer avec le Créateur. Il est présent au plus intime de toute chose, sans conditionner l’autonomie de sa créature, et cela aussi donne lieu à l’autonomie légitime des réalités terrestres. Cette présence divine, qui assure la permanence et le développement de tout être, « est la continuation de l’action créatrice ». L’Esprit de Dieu a rempli l’univers de potentialités qui permettent que, du sein même des choses, quelque chose de nouveau peut surgir : « La nature n’est rien d’autre que la connaissance d’un certain art, concrètement l’art divin inscrit dans les choses, et par lequel les choses elles-mêmes se meuvent vers une fin déterminée. Comme si l’artisan constructeur de navires pouvait accorder au bois de pouvoir se modifier de lui-même pour prendre la forme de navire.

Nous vivons aussi l’Adoration du Saint Sacrement le matin et l’après-midi. Cette prière est très importante. Laudato Si’ parle aussi beaucoup de la fidélité ; le pape François évoque la dispersion. Quand on est près du Seigneur, il y a des choses qui se recentrent autour de Lui. S’il nous arrive de manquer le temps d’Adoration, ce n’est pas grave, le Seigneur nous accueille à nouveau. L’Adoration est un moment d’unité de la personne avec Dieu et les autres.

Il y a aussi l’intercession devant le Saint Sacrement, où nous portons les intentions du monde. Solidarité avec tout homme, pas seulement les catholiques, (catholique signifiant universel).

La prière d’entrée du Shabbat, car nos frères Juifs sont nos frères aînés. Nous avons une Maison en Israël.

Nous avons aussi la méditation de la Parole de Dieu, lectio divina. C’est dans sa Parole que nous pouvons trouver sa volonté.
La consécration est aussi dédiée à Marie ; elle a une place très importante et c’est aussi une façon de vivre la conversion.
L’importance du silence. Nous avons un désert pour vivre une journée seul avec uniquement Dieu et la Parole.

Il y a aussi le combat spirituel, à l’intérieur de nous ce n’est pas toujours le silence. C’est essentiel de pouvoir se retirer. Il y a aussi le stress, la précipitation… donc, il faut pouvoir anticiper les choses. Il faut apprendre à attendre, à patienter. Ne pas oublier ni le sens ni le but pour lesquels le Seigneur nous a créés.

Il y a également une dernière chose sur l’éducation, la notion de progrès n’est pas vue d’une manière juste, cela a manqué à la progression scientifique. Il y a toute une éducation à rechercher au niveau de la conscience, de la responsabilité qui peut se faire au sein de la famille.

 

La communauté est une grande famille, c’est là où on apprend à dire « Merci » « Pardon » « S’il vous plaît ». 

La beauté est aussi à cultiver… la beauté du regard posé sur l’autre, quelque soit cet autre.

 

Visite du jardin remarquable

Après ces explications fort intéressantes sur l’écologie intégrale vue au travers de la vie communautaire des religieux et des laïques en ce lieu spirituel, le Frère Jean Bosco a pris la suite de la parole pour nous rappeler l’histoire de l’Abbaye d’Autrey. Puis il nous a fait visiter le jardin remarquable où nous avons rencontré Frère Syméon, l’architecte paysagiste et jardinier du lieu depuis l’origine de la création de l’arboretum d’une superficie de 4 ha.

Après cette visite pluvieuse qui a finalement donné au groupe une touche très colorée en harmonie avec les variétés d’arbres et massifs floraux, la journée s’est achevée par les vêpres à 17h à la chapelle.