Quand l’orgue est une prière

Tous les dimanches, Marie-Louise Truc joue de l’orgue aux offices d’Herserange, Saulnes et Longlaville.
Elle nous parle de son aide à la communauté chrétienne avec beaucoup de modestie.

Chrétiens sans frontières.
Comment en êtes-vous venu à l’orgue ?

Marie-Louise Truc.
Lorsque j’étais en Belgique dans un petit village, j’ai appris le piano durant quatre années avec un professeur. Puis, du fait des nécessités de la vie quotidienne, j’ai arrêté de jouer pendant vingt-cinq ans. C’est lorsque l’organiste de la chapelle d’Herserange est parti, qu’on m’a demandé de tenir l’orgue.
On m’a un peu forcé la main. Il faut dire qu’à l’époque, dans les années 1970, j’étais membre de la chorale et disponible. Ensuite, ce fut dans les différentes églises tour à tour, un dimanche sur trois, comme encore maintenant.

Mais entre piano et orgue, il existe des différences ?
Oh que oui ! Et je dois avouer que je ne m’y suis jamais fait. Il y a les claviers, les tirettes, le jeu coordonné des mains et des pieds, le doigté à posséder. Je ne suis pas une vraie organiste, car je joue de l’orgue comme sur un piano, même si j’ai, depuis les commencements, quelque peu appris. Maintenant, vu mes 82 ans et ma difficulté à apprendre, je simplifie, j’adapte, mais cela n’empêche pas malheureusement les fausses notes. Mais il faut également tenir compte de l’état des orgues. Ainsi celui d’Herserange est devenu atroce. Quant à celui de Longlaville, il a été remplacé par un synthétiseur à cause des escaliers de la tribune difficiles d’accès.

Quels morceaux jouez-vous ?
Ce sont ceux de l’ordinaire de la messe : Alléluia, Gloria, Credo, Sanctus et Agnus dei pour l’essentiel.
Et puis j’accompagne les deux ou trois chants. D’ailleurs ce sont souvent les mêmes qui reviennent comme En marchant vers toi Seigneur, Nourris du même pain, ou encore Sur les routes du monde. Je fais de mon mieux pour aider la chorale, la petite dizaine de personnes dont elle est constituée. Moi-même, je ne peux plus guère les seconder, car on perd sa voix à ne plus chanter.

Alors vous répétez ?
Bien sûr, nous nous réunissons une fois par mois le dernier mercredi ou vendredi. La plupart du temps, Solange, qui tient la permanence de la paroisse, a tout préparé : chants, photocopies. Nous choisissons les partitions pour les quatre offices du mois et nous répétons. Du temps du père Fiegel, c’était plus facile, car il dirigeait l’ensemble.
Enfin, regardez là, dans ce coin du salon, il y a mon petit synthétiseur sur lequel je m’entraîne assez régulièrement.

Quelle musique a votre préférence ?
Bach, Haendel, Mozart, Beethoven…
Le premier est sans doute mon préféré avec Jésus,que ma joie demeure, mais il y a aussi d’autres cantates. Durant la journée, j’écoute les chants à la radio. Je me rends aussi à des concerts, quand je le peux. Au bout du compte, je m’aperçois que la musique, et surtout la musique sacrée, tient une place
importante dans ma vie.

Comment considérez-vous votre participation dominicale ?
C’est une aide au chant des choristes et de l’assemblée, certains iraient jusqu’à dire un service d’Église. Pour moi, l’orgue, c’est d’abord une prière. À interpréter les œuvres, je favorise peut-être la méditation et le commentaire de la parole de Dieu. J’ai du plaisir à jouer, mais c’est toujours avec le cœur serré. C’est en effet stressant. Il faut que je me concentre longuement. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela fait quand on est tout seul là-haut.
Heureusement que mon entourage me soutient !

Propos recueillis par Dominique Jacob

Un grand merci à Marie-Louise qui de tout son cœur sait faire participer les assemblées aux offices.

 

Légende photo: Orgue de l’église Notre-Dame de Senelle à Herserange, situé en tribune au-dessus de l’entrée, construit en 1930 par Frédéric Haerpfer.