Via crucis

Les quatorze stations du chemin de croix rappellent le parcours de Jésus portant le bois du supplice dans les heures qui ont précédé sa mort.

Durant la semaine sainte, et en particulier le vendredi saint, en se figeant devant chacune des stations, les chrétiens se remémorent les moments douloureux de la vie de Jésus. Alors lectures bibliques, prières, cantiques, méditation ou exhortation du prêtre se succèdent.

Cette pratique fut créée en Terre sainte en 1342 par les Franciscains qui allaient du tribunal de Pilate au Calvaire et transposée par la suite en Italie. Elle fut officialisée par le pape Clément XI en 1731 en l’étendant à toutes les églises et propagée par le prédicateur italien saint Léonard de Port-Maurice dans toute l’Europe. En 1741, Benoît XIV en limita l’extension à un par paroisse.

Le chemin de croix se situe parfois en extérieur : bas-reliefs dans une rue, oratoires en pleine nature. Mais le plus souvent, c’est dans un lieu consacré qu’on voit, de gauche à droite, croix, tableau ou sculpture et numéro adossé aux murs. On trouve aussi : plaques, panneaux, médaillons, icônes ou de simples crucifix. Tous les matériaux : bois, marbre, bronze, plâtre ou terre cuite sont utilisés. En Italie, à Antignano et Trapani a lieu de nos jours une représentation aussi théâtrale que liturgique des quatorze scènes de la Passion avec costumes d’époque.

Le nombre de stations fut fluctuant. Si les quatorze arrêts sont les plus nombreux, on peut en noter douze ou sept correspondant aux sept jours de la semaine comme à Servel ou Marlenheim. À Lourdes, en 1958, lors du centenaire des apparitions, fut instituée une 15e station intitulée « Avec Marie dans l’espérance de la Résurrection ». Les églises de Montréal, Evry et Caggiano suivirent. Les thèmes des stations furent aussi sujets à variations. En règle générale, on connaît bien la forme traditionnelle installée depuis des générations par la piété populaire. Or, en 1991, Jean-Paul II en a retiré cinq sans véritable référence biblique : les trois chutes et les rencontres avec Marie et Véronique. Elles furent remplacées par : Jésus au jardin des oliviers, le reniement de Pierre, la promesse du paradis au bon larron…

Toutefois on peut repérer bien d’autres bizarreries. À Rennes-le-Château, les détails des peintures sont très énigmatiques. À Saint-Antoine-des-Quinze-Vingt, le chemin de croix parisien se termine par les pèlerins d’Emmaüs. À Châtel-Montagne (Allier), seulement treize croix de bois furent installées en 1894. À Lourdes, l’un des deux circuits est celui des Espélugues en montagne alors que l’autre est dans la prairie des sanctuaires.

Effectuer le chemin de croix, c’est suivre pas à pas le Christ dans sa voie de douleurs, recevoir la grâce de communier intensément avec Lui, entrer dans le mystère de l’amour de Dieu, manifesté en son fils. C’est, à la suite des paroles de Jésus, prendre intimement conscience de sa conversion : « Celui qui veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Matthieu, 16, 24). Alors, prochainement, souvenez-vous de participer à ce « pèlerinage en esprit » avec Jésus anéanti sous les coups de la passion, mais déjà proche de sa résurrection.

Dominique Jacob

Légende des images, de gauche à droite :
– chemin de croix de l’église Saint-Hubert de Cons-la-Grandville
– chemin de croix de la chapelle Saint-Eloi à Heumont
– chemin de croix en tôle émaillée, Cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation de Nancy