Sœur Marie, la foi «contagieuse»

Sœur Marie est arrivée à la fin de l’année dernière à Mont-Saint-Martin. Elle a rejoint les membres de la communauté de Saint-Charles. Rencontre.

Sœur Marie, quel est votre parcours?

Je m’appelle Marie Losappio, j’ai 76 ans, je suis née à Mont-Saint-Martin et j’y ai vécu toute mon enfance. Papa était maçon, mais il a aussi travaillé pendant vingt ans à Usinor. Maman était mère au foyer et une habile couturière qui faisait nos vêtements. J’ai une sœur plus jeune, qui s’est mariée, a eu trois enfants et habite non loin de l’hôpital.

Et votre scolarité ?

Je suis allée à l’école primaire du quartier. Là, j’ai côtoyé les sœurs de Saint-Charles comme les sœurs Joachim et Eudoxie. Puis j’ai suivi les cours de l’école ménagère de Gouraincourt. Je n’ai pas terminé la formation car je suis tombé malade vers 16 ans. À l’hôpital, en voyant les autres malades, j’ai pris conscience que je voulais les aider, les soigner.

Vous vous êtes alors consacrée aux malades ?

Sœur Agnès m’a conseillé de m’inscrire à l’Hôtel-Dieu et le 2 avril 1958, je suis entré au service chirurgie. J’y ai travaillé durant dix-huit ans avec sœur Hélène. On donnait beaucoup, mais on recevait plus encore. Nous étions une bonne équipe, soudée et solidaire. On travaillait de bon cœur, considérablement, sans compter les heures supplémentaires, mais cela m’a paru naturel. En 1976, une amie, Marie, m’a demandé d’être hospitalière de Notre-Dame de Lourdes avec elle. J’ai alors effectué le pèlerinage, puis durant les cinq années suivantes. Ce furent des moments formidables, la Sainte Vierge m’ayant toujours attirée.

Quand a eu lieu l’appel de Dieu ?

J’avais 39 ans et comme le sous-entend saint Paul, le Seigneur appelle les plus fous. Je suis ce qu’on appelle une vocation tardive. Je suis partie à Nancy où j’ai effectué dix-huit mois de noviciat. En 1982, j’ai prononcé mes voeux temporaires. Durant six ans, j’ai été affecté aux visites à domicile, avec bien des appréhensions au début, tant sur le plan des relations que des transports dans une grande ville. Puis je fus à nouveau appelée pour me mettre en temps de retraite, ce qu’on appelle la «probation», avant de prononcer mes vœux définitifs le 5 mars 1989.

Et la conséquence ?

J’ai été nommée à Ludres dans une maison de retraite. J’y ai œuvré seize ans jusqu’en 2005. J’ai connu les nouvelles normes, l’agrandissement des bâtiments et même le changement de nom : Ehpad. J’ai alors été rappelée à la maison mère pour me reposer un peu. Et à présent, me voilà de retour à Mont-Saint-Martin.

Le bassin de Longwy a-t-il changé ?

Oh oui, de grands bouleversements. Des quartiers ont bien changé, tant les rues que les bâtiments, des gens connus ont disparu, mais heureusement certains sont encore là. Il y a aussi bien des étrangers de toutes nationalités, et toujours misère et pauvreté.

Et actuellement, quelles sont vos activités ?

Je suis venu renforcer la communauté quelque peu réduite. J’aide comme je peux avec mes modestes moyens : accueillir ici les visiteurs, voir les malades à l’hôpital et des personnes âgées, porter la communion à ceux qui la demandent. Vous savez, les gens sont contents de voir une religieuse, d’autant plus que j’ai gardé les vêtements blancs au lieu du traditionnel costume gris de la congrégation. Partout où je vais, je suis toujours bien reçue.

À l’heure où l’Église rencontre des problèmes de divers ordres, quel est votre regard ?

Vous savez, j’ai toujours été une praticienne. Pour communiquer la foi, je ne crois pas qu’il faille ouvrir un livre ou être un «parolier ». Au départ, je dois même avouer que je ne connaissais pas bien la Bible. Agir m’a toujours semblé primordial. Certes, il faut écouter et regarder avec discernement. Mais l’essentiel est d’œuvrer par notre comportement au milieu des autres. Oui, ce qui me paraît le meilleur, ce sont notre attitude, nos gestes qui doivent être visibles par tous, et ainsi «contagieux» en quelque sorte.

Et en ce moment, qu’est-ce qui est important pour vous ?

La prière, cette «clé qui ouvre le verrou». Cela va de pair avec la méditation. Et j’ajouterai la musique à condition qu’elle soit calme, relaxante ou alors les chansons. Et puis aimer et aider, et surtout me tourner vers tous, car Dieu aime chacun quel qu’il soit.

MA DEVISE :
Ce serait la parole de la Vierge Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira », lors des noces de Cana. Toute ma vie j’ai eu une dévotion particulière pour la Vierge. Lors des petits soucis de la vie quotidienne ou dans de plus grandes difficultés, je l’ai toujours écoutée. Oui, toute ma vie je crois que je suis allée à Jésus par Marie.

Propos recueillis par Dominique JACOB