Se consacrer à Dieu, un choix de vie

Du 2 au 4 février, quatorze séminaristes de Lorraine ont effectué une visite dans le Pays-Haut pour prendre conscience des réalités de la vie en paroisse : offices, mouvements, lieux d’évangélisation, rencontres avec des jeunes, des migrants. Entrevue avec Paul et Antoine, deux d’entre eux.

Paul, 26 ans, originaire des Vosges, parents enseignants, en 1re année de premier cycle

Chrétiens sans frontières. Quel a été votre parcours intellectuel ?

Paul. J’ai passé un bac scientifique, puis un DUT en génie civil à Nancy et j’ai enchaîné à l’École du Bois à Épinal pour être ingénieur, avant d’acquérir un diplôme de gestion forestière à 24 ans.

Et votre itinéraire spirituel ?

Je me suis converti en mars 2014. Ce fut un grand moment. J’ai alors approfondi ma foi dans le groupe des vocations en 2015-2016. Puis ce fut une année de discernement (propédeutique) en 2016-2017, pendant laquelle on se met à l’écoute de Dieu. Je me suis dit : si Dieu existe, il va me le montrer au bout de quelques mois. Et j’ai pris la décision d’entrer au séminaire, avec l’autorisation de l’évêque. Deux éléments ont été déclencheurs. Étudiant, j’étais heureux, sans soucis financiers, sans problèmes familiaux, sans difficultés universitaires. Mais cela ne me suffisait pas. J’avais le sentiment d’un vide, d’une profonde lacune. Je m’interrogeais sur mon projet de vie. Par la suite, j’ai reçu de mon frère moine un livre témoignage de vie : Gang Land, Des bas-fonds de Londres à la lumière divine, de John Pridmore et Greg Watts, qui raconte la rémission d’un truand anglais à la suite d’un meurtre qui échoue. Cela a conforté mon choix. Chaque jour, que ce soit au séminaire ou à l’extérieur, j’essaie de marcher avec Dieu, suivant les quatre axes traditionnels : humain, spirituel, intellectuel et pastoral.

Antoine, 30 ans, originaire du Vietnam, aîné de deux petits frères, maman agricultrice, en 2e année de premier cycle

Chrétiens sans frontières. Quel a été votre parcours intellectuel ?

Antoine. J’ai obtenu le bac en 2006. Pendant quatre ans, j’ai travaillé comme ouvrier dans l’industrie textile à raison de douze heures par jour. J’ai connu alors le repos à la maison. Plus tard, en 2014 et 2015, j’ai appris le français à l’université de Lorraine, même si j’en avais acquis les rudiments au Vietnam.

Et votre itinéraire spirituel ?

En 2010, j’ai rencontré des séminaristes enseignants. Dans leurs gestes, dans leurs paroles, j’ai découvert leur joie et, à les voir si heureux, je me suis dit que je voulais être comme eux. Une année passée auprès d’un prêtre m’a confirmé dans ma volonté. J’ai passé le concours pour le séminaire et j’ai réussi, même s’il y avait un grand nombre de candidats. En 2014, l’évêque du diocèse de Thanh-Hoa m’a envoyé en formation en France, qui m’a grandement surpris par sa culture, sa nourriture et son art de vivre. Depuis 2016, j’étudie les cours au séminaire : philosophie, liturgie, théologie… J’approfondis ma foi, je mûris l’appel du Seigneur quotidiennement au contact des lectures bibliques et des autres séminaristes. Encore cinq années, dont l’une composée de stages, avant de repartir au pays. Je retrouverai alors ma mère qui est très croyante et pratiquante. Elle est sans aucun doute à l’origine de ma vocation sacerdotale et pleinement heureuse de mon choix, vous pouvez me croire. Ensuite, en tant que prêtre, j’irai là où mon évêque m’enverra.

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE JACOB