Laurent Bégin ou la joie du sacerdoce

Le troisième prêtre présenté par «Chrétiens sans frontières» (CSF) est Laurent Bégin, arrivé en septembre
dernier sur le secteur pastoral et habitant Lexy. Rencontre.

Chrétiens sans Frontières. D’où êtes-vous originaire ?
Laurent Bégin.
 Je suis né à Laxou en 1969. Dernier de trois garçons, j’ai vécu mon enfance à Dieulouard
et suivi l’école à Pont-à-Mousson. Mon père était militaire dans la marine, ma mère femme au foyer et engagée dans la paroisse.
À la maison, c’était des moments de joie, de bonheur lors des repas avec les religieuses et prêtres invités.
Cela m’a donné envie de me vouer à Dieu autant que de me consacrer aux autres.

Comment avez-vous vécu votre enfance ?
J’ai effectué ma catéchèse jusqu’à l’âge de 10 ans, été en équipe ACE (Action catholique des enfants) et inscrit aux scouts
de France. Vers 14 ans, je suis entré au service des vocations (Diaspora) avec l’abbé Patrick Ragot.
Durant cinq week-ends, nous étions une quarantaine à réfléchir sur la foi, la notion de partage, outre un temps fort dans un monastère.
Ainsi je me souviens avec bonheur d’un séjour chez les moines cisterciens de l’abbaye d’Assey.

Et les études ?
J’ai passé mon CAP d’électromécanicien et travaillé durant deux ans comme ouvrier à Pont-à-Mousson S.A.
Ma vie s’écoulait entre deux pôles : l’aspect contemplatif avec le goût de la retraite dans la nature, le silence et la solitude
pour prier, mais aussi celui d’accompagner les autres au quotidien, à l’école, en famille…

Comment s’est manifestée la voix du Seigneur ?
D’abord je dois dire que, depuis tout jeune, j’ai toujours eu la foi, je n’ai jamais douté.
Croire pour moi, c’est comme respirer, oui une conviction profonde, naturelle.
Ce rapport interpersonnel avec la foi m’a toujours habité, même dans les épreuves.
Je crois qu’on peut dire une foi chevillée à l’âme. Et un jour, Patrick Ragot m’a dit : «Et si Dieu t’appelait à être prêtre ?»
Cela a rejoint le «Viens et suis-moi» devant la croix de saint François ressenti à Assise à 15 ans.

Alors ce fut le séminaire ?
Oui, en septembre 1990 à Nancy. J’y suis entré le plus heureux des hommes.
J’y ai découvert le talent et le goût des études. Ces deux ans, suivis des quatre à Metz, me permirent d’explorer la vie apostolique.
En 1992, je suis parti en Toscane à Loppiano, cité des Focolari, avec soixante nationalités présentes.
Puis un stage à Jœuf m’a mis au contact des cités ouvrières : là, je suis tombé amoureux du Pays-Haut.
En 1993-1994, ce fut le service militaire : poste navale et aumônerie.
J’ai été ordonné diacre en 1997 à Homécourt avec comme tâches : la JOC et la mission ouvrière.
Le 29 juin 1998, c’est mon ordination et je deviens responsable de la pastorale des jeunes.

En 2003, vous êtes nommé curé à Hussigny. Vos impressions ?
J’ai été très content d’être nommé dans le Pays-Haut avec une équipe de laïcs dynamique et j’y ai vécu heureux.
Depuis, j’ai vu que la commune a changé avec de nouveaux quartiers, avec travail au Luxembourg et cité-dortoir.
Toutefois, j’y ai retrouvé de jeunes couples qui vivent, travaillent, mais surtout agissent en Église alors qu’on parle souvent de la défection des jeunes.

Et ensuite ?
En 2010, c’est l’appel à Nancy dans le cadre de la mission ouvrière.
Je coordonne les mouvements d’ACE, de la JOC, d’ACO avec des interventions dans les quartiers populaires.
Cela m’a mené à travers tout le diocèse, à Vandœuvre, Varangéville et Jœuf par exemple.
Une tâche rude, prenante, mais exaltante.

À présent, quelles sont vos responsabilités sur l’ensemble pastoral du Pays-Haut ?
Je suis prêtre référent pour les établissements scolaires de Longwy et de Longuyon, engagé dans la pastorale des jeunes,
curé in solidum (solidairement responsable) et délégué diocésain de la mission ouvrière pour encore quelques mois.

Vous avez sans doute des projets spécifiques d’évangélisation. Quels sont-ils ?
Trois points me semblent importants.
Primo, écouter, regarder et décider ensemble de ce qu’il y a à faire. La réflexion collégiale est nécessaire.
Secundo, soutenir et développer les équipes de préparation aux baptêmes, mariages, enterrements…
Vu la diminution des prêtres et le bouleversement du ministère, la coopération avec les laïcs est capitale.
Tertio, revoir les liens et les échanges des chrétiens avec les autres, non-croyants, protestants…
C’est comme le dit le pape François «aller aux périphéries» existentielles de la société, sortir des églises pour se tourner vers autrui,
non en vue du prosélytisme, mais pour rencontrer l’Autre, Dieu. Il y a nécessité du dialogue pour avancer ensemble.
Être baptisé, chrétien dans la société actuelle, qui est paradoxalement avancée et régression, est un défi compliqué, mais passionnant.

Comment conciliez-vous vos fonctions cléricales avec votre vie personnelle ?
À vrai dire, j’ai peu de temps pour des loisirs. À part la lecture, j’aime cuisiner : je suis un fan du canard et du chocolat.
Quand je le peux, je vais au cinéma voir de la science-fiction, notamment les Star Wars.
Je me promène dans la nature, dans la forêt, quoi que ce soit quelque peu contre-indiqué avec ma santé.

Interview réalisée par Dominique Jacob