La Résurrection, ce mystère

La résurrection de Jésus est le fondement de la foi chrétienne. Mais comment est apparue cette notion ? Parmi les chrétiens actuels, un certain pourcentage selon un sondage de 2015 déclare ne pas croire en la Résurrection. On pourrait s’interroger : ambiguïté du sondage ? Médiocre interprétation de la question posée ? Difficulté d’apprécier sa croyance ? Il n’en reste pas moins que la question mérite d’être approfondie.

Alors que, lors de la mise en croix de Jésus le Nazaréen, les proches avaient été foudroyés, profondément consternés et désemparés, les fidèles ont réagi dans les jours qui ont suivi. Quelque chose d’inouï s’est en effet produit avec ce tombeau vide. Très vite, la rumeur a dû se propager : « Dieu l’a réveillé » ou « Dieu l’a élevé », lit-on dans les Lettres aux Thessaloniciens. Il est à noter le flou des verbes employés puisque c’est plus tard, c’est-à-dire au XIIe siècle, qu’on forgera le terme de « Résurrection ».

À propos de ces événements, nous disposons de deux types de récit évangélique : les récits de l’ouverture du tombeau et ceux des apparitions, même si ce dernier terme convient assez mal.

Chronologiquement, le tombeau ouvert est découvert au matin du dimanche de Pâques. Les premiers récits en sont peu nombreux et sobres avec la visite de deux ou trois femmes trouvant la pierre déplacée (Marc 16, 1-8 et Luc 24, 1-11), puis l’arrivée d’autres disciples qui constatent également l’absence du corps (Luc 24, 12 et Jean 20, 2-10).

Quatorze autres textes sont plus explicites. En revenant du tombeau, des femmes dont Marie de Magdala sont mises en présence du Ressuscité lui-même (Matthieu 28, 9-10 et Jean 20, 11-18). Nombre de témoins vont alors affirmer avoir vu Jésus vivant après sa mort et ils garantissent qu’il s’agit bien de la même personne que celle crucifiée le vendredi précédant la Pâque. Citons-en quelques-uns : au cours d’un repas, onze apôtres, Thomas étant absent ( Jean 20, 19-29), deux disciples sur un chemin vers Emmaüs (Luc 24, 13-35), au bord du lac de Galilée lors d’une pêche ( Jean 21, 1-23) et sur une montagne pour l’envoi en mission (Matthieu 28, 16-20).

Ainsi se sont formés peu à peu les premiers éléments du Credo chrétien, transmis par Paul (1. Corinthiens 15, 3-5) : « Je vous ai enseigné en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même. Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures ; il a été enseveli. Il a été réveillé le troisième jour selon les Écritures ; il est apparu à Céphas (Pierre), puis aux Douze. » La suite est tout aussi intéressante : « Ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants et dont quelques-uns sont morts. Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Après eux tous il m’est aussi apparu, à moi l’avorton. »

Signalons au passage que la vie retrouvée par Jésus est différente de celle qu’il a vécue. Il s’agit d’une vie glorieuse et éternelle. « Christ réveillé des morts ne meurt plus, sur lui la mort n’a plus d’empire » (Paul, Romains, 6, 9).

De cet exposé, il ressort nettement que l’affirmation de la Résurrection comme fondement même de la foi est constante depuis les débuts du christianisme. Chez nos contemporains, sa croyance nécessite assurément une démarche spirituelle exigeante, voire dérangeante. Malgré tout, on peut de manière fort légitime se demander comment qualifier sa foi de catholique et simultanément être convaincu que Jésus pourrit au séjour des morts ou s’est évaporé dans le néant. Rappelons les propos de saint Paul aux Corinthiens : « Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine et vaine aussi votre foi » (15, 1-26).

 

DOMINIQUE JACOB

QUAND LE CHRIST RESSUSCITE… LES AUTRES
De son vivant, Jésus a accompli trois miracles pour lesquels on parle communément de « résurrection ». La fille (12 ans) de Jaïre, notable juif, est ramenée à la vie par Jésus qui lui dit : « Jeune fille, lève-toi » (Marc, 5, 21-43, relaté également par Luc, 8,40-56 et Mathieu, 9, 18-26) Le fils unique de la veuve de Naïn, croisée avec le cortège funéraire près de cette ville est rappelé à la vie par un Jésus profondément ému (Luc, 7, 11-17). Enfin Lazare de Béthanie, frère de Marie et de Marthe, mort déjà depuis quatre jours ( Jean, 11, 1-44), sort de son tombeau sur l’ordre de Jésus. La vie a été rendue à des personnes qui avaient toutes les apparences de la mort (maladie ou sommeil), et pourtant cela ne les a pas empêchées de mourir ultérieurement au terme de leur existence terrestre.

Photos de haut en bas :
– Détail du vitrail de « la Résurrection », église Sainte-Trinité (Longwy-Bas). Le Christ ressuscité porte la bannière de sa victoire sur la mort.
– Vitrail de « la Résurrection », église Sainte-Trinité (Longwy-Bas). Le troisième jour suivant la mort de Jésus, des femmes qui l’accompagnaient à Jérusalem découvrent son tombeau vide et rencontrent des anges qui annoncent sa résurrection.