Messe d’installation du Père Benoît Gérardin

Après une rentrée paroissiale le 13 septembre où nous avions eu quelques occasions de le rencontrer déjà, Père Benoît Gérardin a reçu son installation canonique le dimanche 27 septembre lors de la Messe dominicale à l’église Sainte Thérèse présidée par le père Jean-Michaël Munier, vicaire général.

 

A l’issue de la célébration les paroissiens ont pu se procurer le nouveau livret 2020-2021 « Aimer le Christ », second volet de la démarche diocésaine « Repartir du Christ ». Une journaliste de la chaîne TV KTO est venue interviewer des paroissiens, afin qu’ils posent une question à Mgr Papin, pour une émission sur la vie des diocèses retransmise fin octobre.

 

Un nouveau curé

Père Benoît est curé in solidum avec l’abbé Pierre Demenois, curé modérateur pour le secteur pastoral Nancy-Ouest.

 

Bienvenue Père Benoît Gérardin !

Père Benoît s’est ainsi présenté dans le dernier bulletin Paroissial distribué fin août :

Etant de famille lorraine et ayant vécu à Nancy dans les années 80, il m’a semblé naturel de revenir servir dans le diocèse, après avoir exercé un ministère à Paris dans plusieurs paroisses. La pastorale de la jeunesse a aussi été un fil rouge de mon ministère, que ce soit auprès d’établissements scolaires, dans le scoutisme, la catéchèse, le milieu des Jeunes Professionnels, la formation à la liturgie…

La transmission de la foi est, de toute évidence, un enjeu majeur pour l’avenir de notre Eglise. Quel que soit notre âge, nous pouvons toujours puiser du « neuf » dans le trésor de l’Evangile – trésor qui se multiplie à mesure qu’on le distribue.

Je me réjouis d’arriver sur des paroisses aux visages variés, attentives aux questions du respect de la création (Eglise verte), de la famille, de la solidarité… et joyeuses de célébrer leur foi au Christ vivant !

Père Benoît Gérardin +

 

 

L’homélie du père Jean-Michaël Munier

Installation canonique des curés 2020

Chers amis, je viens parmi vous afin de procéder à l’installation canonique de votre curé, alors que s’ouvre pour notre diocèse la 2ème année « Repartir du Christ » dont le thème, ou plutôt l’invitation, est : « Aimer le Christ ». Cela ne signifie évidemment pas que nous en avons fini avec la connaissance du Christ, thème de notre première année. D’ailleurs, c’est bien la connaissance de Jésus-Christ, et en particulier de son amour, qui nous conduit à l’aimer, ou, en tout cas, à désirer l’aimer. St Paul écrit dans sa lettre aux Ephésiens : « vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ » (Ep 3, 19). Pour entrer dans cet appel à aimer le Christ, il nous faut donc d’abord faire l’expérience de ce que Ste Catherine de Sienne appelle « l’amour incompréhensible de Dieu pour l’humanité ». Et pour cela St Jean nous dit : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui » (1Jn 4, 9). C’est bien par Lui, avec Lui et en Lui que nous expérimentons combien nous sommes aimés. En Jésus, Dieu réalise son projet si bien exprimé dans le livre d’Osée : « je te fiancerai à moi dans la tendresse » (Os 2, 21). Face à ce mystère d’un Dieu qui, par amour, s’abaisse jusqu’à nous, se fait l’un de nous, se fait si petit, nous pouvons reprendre ces mots de Ste Catherine de Sienne : « Abîme incompréhensible de ton amour !… Nous sommes ton image et tu es devenu notre image par ton union avec l’homme, tu as voilé ta divinité éternelle en prenant la chair d’Adam, misérable et pécheresse. D’où vient cela ? Uniquement de ton amour inexprimable ». St Paul nous révèle aussi ce mystère : « Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5, 8). Et cet amour, bien qu’universel, reste personnel. Chacun, chacune de nous doit pouvoir dire comme le même St Paul : le Christ « m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2, 20).

Un prêtre a nécessairement fait cette expérience, et notamment lors de son appel à tout quitter pour suivre Jésus, a livré sa vie à Jésus et comme Jésus, et par amour de l’Eglise. Comme l’écrit St Jean-Paul II : « A son niveau le plus profond, toute vocation sacerdotale est un grand mystère, c’est un don qui dépasse l’homme infiniment. Nous tous, prêtres, nous en faisons l’expérience dans toute notre vie. Devant la grandeur de ce don, nous sentons combien nous sommes déficients ». J’ajoute que notre appel, et même notre réponse, ne tient ni à nos compétences, talents ou capacités, mais au dessein de Dieu et à sa grâce (cf. 2 Tm 1, 9). A la question « pourquoi moi ? », nous n’avons pour seule réponse que les paroles du Seigneur dans le livre d’Isaïe : « tu as du prix à mes yeux, (…) tu as de la valeur et (…) je t’aime » (Is 43, 4). Comme le dit St Marc : « il appelle à lui ceux qu’il voulait » (Mc 3, 13b). Et nous vivons ce ministère ordonné, toujours émerveillés de ce que Dieu peut accomplir par nous, si faibles et fragiles. Nous faisons alors le même constat que St Paul : « Mais ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4, 7). Ainsi, prêtres de Jésus-Christ, nous sommes à double titre appelés à aimer le Christ. Comme l’écrit St Jean-Paul II : « Les prêtres sont ainsi appelés à prolonger la présence du Christ, unique et souverain Pasteur, en retrouvant son style de vie et en se rendant en quelque sorte transparents à lui au milieu du troupeau qui leur est confié » (PDV 15). Cela ne peut se vivre sans entretenir une relation étroite, intime, quotidienne avec le Christ. Le danger de l’activisme présent chez tous peut gagner aussi les prêtres. Or, la relation amoureuse au Christ est la priorité, car ce n’est qu’ainsi qu’ils se laisseront transformer par Lui, pour agir comme Lui, ou mieux encore, laisser le Christ agir en eux. La fécondité du ministère tient réellement de notre enracinement dans le Christ.

Vous êtes, vous aussi, frères et sœurs, appelés à aimer le Christ. Et finalement, le ministère du curé, qui va s’accomplir avec diverses collaborations, et en particulier l’EAP et le ou la ou les coordinateurs/trices, sera marqué par le désir que le Peuple de Dieu aime toujours plus, toujours mieux le Christ. La qualité d’une vie paroissiale se mesure bien ainsi. Le cri de St François est très actuel : « l’Amour n’est pas aimé ». Ainsi, toutes nos activités visent bien cette union aimante au Christ qui bien sûr déborde en charité pour nos frères. Nous en reparlerons particulièrement lors de notre 3ème année, dont le thème sera « Imiter le Christ ». Qu’avons-nous d’autres à annoncer à nos frères qu’ils sont sauvés, aimés et pardonnés par le Christ ? Qu’avons-nous d’autres à leur révéler que « le Christ t’a aimé et s’est livré pour toi » ? Et qu’avons-nous d’autres à célébrer que ce mystère pascal, mystère de Miséricorde où l’Amour triomphe de la mort et du péché ? Et qu’avons-nous donc à servir que les pauvres qui sont pour nous présence du Christ à aimer ? Ste Térésa de Calcutta a bien exprimé ce qui peut très bien être le projet d’un curé, ce qui habite son cœur, ce qu’il désire révéler à ceux et celles qui lui sont confiés : « Mes enfants très chers, Jésus veut que je vous dise encore combien il a d´amour pour chacun d´entre vous, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Je m´inquiète de ce que certains d´entre vous n´aient pas encore vraiment rencontré Jésus seul à seul : vous et Jésus seulement… avez-vous perçu – avec les yeux de l´âme – avec quel amour il vous regarde ? Avez-vous vraiment fait connaissance avec Jésus vivant, non à partir de livres mais pour l´avoir hébergé dans votre cœur ? Avez-vous entendu ses mots d´amour ? Demandez-en la grâce : il a l´ardent désir de vous la donner. (Il veut vous dire) pas seulement qu´il vous aime, mais davantage : qu´il vous désire ardemment. Vous lui manquez quand vous ne vous approchez pas de lui. Il a soif de vous ».

Permettez-moi, pour conclure, de faire écho à cet évènement récent et triste : le suicide de deux prêtres d’une cinquantaine d’année dans deux diocèses proches. Je ne veux pas faire une récupération, ni jouer au psy de comptoir, mais j’entends souvent des prêtres, et notamment des curés, épuisés par les conflits, les jalousies, les querelles de clochers, les luttes de pouvoir, les ragots, les jugements… c’est ce que le pape François appelle « les péchés paroissiaux », et il dit très justement : « Parfois, en effet, nos paroisses, appelées à être des lieux de partage et de communion, sont tristement marquées par les convoitises, les jalousies, les antipathies… Et les commérages sont à la portée de tous. Combien y a-t-il de commérages dans les paroisses ! Cela n’est pas bon ». De plus, j’ai connu un curé d’un diocèse lorrain qui, en 5 ans, n’a pas été invité une seule fois. Personne ne se souciait s’il était seul à Noël ou à Pâques. Vous devez, frères et sœurs, aimer les prêtres qui vous sont envoyés et qui ont donnés leur vie par amour pour vous. Soyez remplis de bonté et bienveillance, sans négliger la correction fraternelle. Et priez inlassablement pour eux afin qu’ils aiment le Christ et vous aident à l’aimer, toujours plus, toujours mieux. Amen.