Quelle mission pour les aumôniers en service de soins palliatifs ? – épisode 1

Afin d’éclairer le débat actuel sur la fin de vie, nous avons donné la parole à un médecin, une psychologue et un aumônier1 qui témoignent de leur collaboration pour le bien du patient et de sa famille dans le cadre d’une unité de soins palliatifs de notre diocèse. Cette interview vous est proposée en deux épisodes. Voici le premier.

Premier épisode

Selon vous, quelle est la place de l’aumônier dans le service de soins palliatifs ?

La psychologue2 : Travaillant depuis de nombreuses années dans ce service, j’ai participé au projet et à l’ouverture de cette unité de soins palliatifs, pour répondre aux besoins qui s’imposaient à nous. La place de l’aumônier a toujours interrogé, les équipes et les directions successives. Dès son arrivée, l’aumônier, issu du milieu médical, a tout de suite su trouver les codes, nouer les alliances avec les professionnels, être dans la bonne distance avec les patients et leurs familles.

Le médecin : J’ai rencontré ce dernier à mon arrivée. Contrairement aux autres services, où l’aumônerie est un service distinct du service de soins, sans réelle collaboration, je fus agréablement surprise de l’assimilation de cette dernière au sein de l’équipe, au même titre que les soignants et autres paramédicaux.

L’aumônier : Je voudrais d’abord témoigner que ma participation à la synthèse des soins palliatifs (ndlr réunion de l’équipe pluridisciplinaire pour échanger sur l’accompagnement des patients) est le fruit d’un long travail d’apprivoisement avec les équipes soignantes, l’invitation d’un médecin à y participer, puis la volonté commune du médecin et des équipes soignantes que j’y vienne. En effet, tant que l’équipe soignante n’a pas saisi (en partie du moins) le travail de l’aumônier à l’hôpital, il est impossible de travailler ensemble pour le bien du patient et de sa famille. Il est aussi important que l’aumônier respecte scrupuleusement toutes les consignes de l’hôpital ainsi que les convictions religieuses différentes de chacun.

Ma place dans cette équipe de soins palliatifs est surtout une présence d’écoute et de compassion : autant pour les patients, leurs familles que pour les soignants. Je suis missionné par l’Église catholique pour témoigner de la présence de Dieu dans tout ce qui se vit à l’hôpital, et proposer éventuellement le secours de sa grâce de différentes façons. Et je suis toujours en lien avec les responsables des autres cultes.

 

Comment se passe une synthèse pluridisciplinaire des soins palliatifs ?

L’aumônier :  Le déroulement d’une synthèse de soins palliatifs se passe (chaque semaine) dans l’écoute de ce que chacun vit et recueil du vécu médical, social, familial, personnel du patient et de sa famille. À partir de ce qui est partagé (sous le sceau du secret médical bien entendu), chacun propose ce qu’il est possible de faire selon son domaine de compétence.

La psychologue : En soins palliatifs, quand la personne est malade, que son identité est menacée, qu’elle a besoin d’être reconnue comme une personne et non comme un malade, qu’elle relit sa vie, qu’elle est en rupture sociale, qu’elle interroge ses valeurs, qu’elle fait face à ses ambivalences et sa subjectivité, qu’elle cherche à se libérer de sa culpabilité, qu’elle fait place à de la colère ou de l’amertume, qu’elle est en quête de cohérence ou de sens, …nous sommes au cœur de l’humain.  Il est, là, pertinent de prendre en compte une dimension plus globale que juste médicale. […] Le soutien du patient et de sa famille, c’est l’affaire de tous dans une équipe. Chaque membre est sollicité dans son identité, ses fonctions propres, et chacun à son niveau. Le patient choisi avec qui il veut cheminer, et partager sa condition d’humanité.

Le médecin : L’aumônier participe donc régulièrement aux synthèses de soins palliatifs, où sa présence permet, même en absence de spiritualité relevée à l’entrée pour certains patients, d’apporter un éclairage extérieur toujours pertinent et apprécié des équipes. Il sait porter sa voix et son aide sans jugement, toujours avec respect, discrétion et convivialité. Ses connaissances médicales sont une nette plus-value dans la compréhension des cas cliniques rapportés, permettant une analyse toujours adaptée à chaque situation. Il n’est pas rare que son intervention nous ait, à plusieurs reprises, sortis de situations compliquées. Il fait entièrement partie de l’équipe pluridisciplinaire, que ce soit pour l’accompagnement de maladie grave, ou de fin de vie.

 

  1. Pour des questions de confidentialité, leurs témoignages ont été anonymisés.
  2. La psychologue s’est inspirée du Manuel de soins palliatifs (Dunod) et du livre La religion à l’hôpital d’Isabelle Lévy (Presses de la Renaissance).

Contact de l'aumônerie des établissements de santé

Soeur Ruth Rousseau

06 34 32 65 19

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