L’écologie intégrale

La troisième des sept rencontres proposées dans le cadre de l’année pastorale pour une conversion écologique a eu lieu le vendredi 7 décembre à Sainte Thérèse. Il s’agissait d’une conférence du Père Fabien Faul sur l’écologie intégrale en lien avec l’enseignement social de l’Eglise. « Tout est lié » en quelques lignes du Père Faul…

Troisième rencontre sur la conversion écologique

Quelques lignes de la conférence sur l’écologie intégrale
en lien avec l’enseignement social de l’Eglise

Par le Père Fabien Faul, le 7 décembre 2018

 

« Tout est lié »

Dans son encyclique Laudato Si’, le pape François développe le thème de l’ « écologie intégrale ». Ce n’est pas la première fois que l’Église parle du thème de l’écologie : déjà Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont évoqué les questions posées par l’impact de l’être humain sur l’environnement. Dans Caritas in Veritate (2009), Benoît XVI dit : « La façon dont l’homme traite l’environnement influence les modalités avec lesquelles il se traite lui-même et réciproquement. C’est pourquoi la société actuelle doit réellement reconsidérer son style de vie qui, en de nombreuses régions du monde, est porté à l’hédonisme et au consumérisme, demeurant indifférente aux dommages qui en découlent. Un véritable changement de mentalité est nécessaire qui nous amène à adopter de nouveaux styles de vie  dans lesquels les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune. » (n. 51).

Par ailleurs, l’adjectif « intégral » est souvent employé dans les textes du Magistère, pour parler d’un regard d’ensemble que l’Église veut poser sur l’existence humaine et le monde, à partir de sa foi et de la Révélation. Décrypter la vie humaine uniquement à partir de questions économiques ou politiques serait une perspective trop restrictive. L’Église envisage l’humanité et le monde à partir de leur finalité ultime, c’est-à-dire la communion avec Dieu et la récapitulation de toute la création dans le Christ, au moment où le salut qu’il a accompli aura porté tous ses fruits. C’est ainsi que l’on trouve des expressions comme « développement intégral », « culture intégrale », ou « éducation intégrale ».

Quand le pape François parle d’« écologie intégrale », il associe les deux termes, pour figurer un regard aussi vaste que possible sur les questions d’écologie, sur la base d’un principe qu’il énonce souvent : « tout est lié ». C’est la raison pour laquelle il considère que les questions d’environnement ne doivent pas être dissociées des questions de la justice sociale et de la lutte contre la misère dans le monde : « Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature » (LS, n. 139).

C’est aussi la raison pour laquelle il propose de regarder le monde sous l’angle des relations, de voir comment les espèces sont toutes en interaction les unes avec les autres et de discerner dans ce tissu de relations, une marque de Dieu car il est, Lui aussi, dans sa Trinité, une communion de Personnes en relation. Pour le pape, toute la création est donc un reflet de Dieu : « Pour les chrétiens, croire en un Dieu qui est un et communion trinitaire, incite à penser que toute la réalité contient en son sein une marque proprement trinitaire » (LS, 239). « Le monde, créé selon le modèle divin est un tissu de relations. (…) Tout est lié et cela nous oblige à avoir une spiritualité globale qui provient du mystère de la Trinité. » (LS, n. 240)

La notion d’« écologie intégrale » est donc une façon de parler des relations saines et justes, entre personnes humaines et avec l’ensemble des éléments de la création. Si l’on regarde l’enseignement social de l’Église, on s’aperçoit que la notion de bien commun est une des notions centrales de cet enseignement. On veut dire par là que toute décision qui implique des groupes humains doit toujours être finalisée par le bien commun, entendu comme « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (Vatican II, Gaudium et Spes, n. 26, cité dans LS, n. 156). Vu sous cet angle, si l’écologie intégrale est l’ensemble des relations justes au sein de la création, qui permet à chaque créature d’exister en étant considérée pour ce qu’elle est, on peut dire que l’écologie intégrale est une reformulation de la notion de bien commun.

Le pape en appelle donc à tout un changement d’état d’esprit, dans nos relations humaines et dans nos relations à l’environnement. C’est la raison pour laquelle il parle de « conversion écologique ». Il entend par là que le seul fait d’édicter des lois ou de signer des accords ne suffit pas à changer les comportements. C’est ce que montrent les grands sommets sur l’écologie, qui pour la plupart ne sont pas suivis de grands effets. Pour passer de la résolution aux actes, il faut un surcroît de motivations, un changement d’état d’esprit, une « conversion », par laquelle on est résolu à abandonner certains comportements pour en adopter définitivement d’autres.

C’est là aussi, que le pape propose d’adopter un style de vie plus sobre, plus simple, fondé sur un regard contemplatif sur le monde : « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n’est pas moins de vie, ce n’est pas une basse intensité de vie mais tout le contraire ; car, en réalité ceux qui jouissent plus et vivent mieux chaque moment, sont ceux qui cessent de picorer ici et là en cherchant toujours ce qu’ils n’ont pas, et qui font l’expérience de ce qu’est valoriser chaque personne et chaque chose, en apprenant à entrer en contact et en sachant jouir des choses les plus simples. (…) Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie. » (LS, n. 223) On remarquera que le pape ne se fait pas l’avocat d’une vie de privations, mais il propose de se rendre compte, par l’expérience, qu’un certain nombre de plaisirs simples ou de relations authentiques sont plus gratifiants que des choses très sophistiquées : « La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit… » (LS, n. 222). « Nous parlons d’une attitude du cœur, qui vit tout avec une attention sereine, qui sait être pleinement présent à quelqu’un sans penser à ce qui vient après, qui se livre à tout moment comme un don divin qui doit être pleinement vécu. » (LS, n. 226)

L’écologie intégrale, est donc tout un programme de vie, qui a pour lui de pouvoir être mis en œuvre au quotidien, par des petites choses qui sont à la portée de tous, mais qui peuvent être révélatrices de la présence de Dieu : « Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure, dont la présence ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée ». (LS, n. 225)

Fabien Faul

 

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