Quand le feu couve sous les cendres

Le lendemain du mardi gras a lieu, pour les chrétiens, le mercredi des Cendres.

Déjà, dans la Bible, on trouve trace d’une pratique similaire chez le peuple hébreu. Ainsi, le roi de Ninive s’assit sur la cendre en signe de pénitence (Jonas, 3, 6). Cette pratique ancienne se retrouve également dans d’autres peuples avec des significations diverses. La cérémonie, telle que nous la connaissons, fut instituée par le pape Grégoire Ier vers l’an 561.

Ce jour-là, après la proclamation de l’Évangile et l’homélie, le prêtre trace une croix sur le front avec de la cendre en prononçant le verset de la Genèse (3, 19) : « Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » Rappelons que ces cendres proviennent des rameaux de buis bénis l’année précédente qui ont été brûlés. Ce geste liturgique est la seule démarche active et visible de l’entrée en Carême.

Mais aujourd’hui, on préfère, dans la ligne du concile Vatican II, insister sur la conversion des pécheurs selon les paroles de Marc (1,15) : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »

Que signifient réellement ce geste et surtout ces dernières paroles ? Plutôt que cendres (ou poudre ou poussière, c’est le même mot en hébreu), évocation symbolique de la mort, il faut y voir, à l’image des terres volcaniques, la bonne terre, le limon fertile, promesse d’une bonne récolte.

C’est aussi le signe d’une dimension ecclésiale, communautaire. Les fines particules que nous sommes témoignent de notre fraternité. Toute la communauté chrétienne est concernée et impliquée pour entrer dans le Carême. Se convertir, c’est se tourner vers le Seigneur et se réconcilier avec Lui ; c’est s’éloigner du mal pour établir une vraie relation avec le Créateur. Ainsi, pourront être surmontés les divers égoïsmes et individualismes.

C’est aussi un rappel de l’action de l’Esprit. Il convient qu’Il envahisse notre vie. Il faut réorienter radicalement notre existence, changer nos cœurs pour prendre réellement le chemin de l’Évangile.

C’est enfin un acte de foi puisqu’est offert ce témoignage aux indifférents et aux non-croyants qui n’ont pas la chance de connaître Jésus.

Ainsi des cendres, nous passons au feu et à la lumière de la Résurrection du jour de Pâques.

Dominique Jacob