Catholiques en Meurthe-et-Moselle : « Toujours missionnaires »

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Être missionnaire revêt de multiples aspects. À travers divers parcours, des acteurs de notre diocèse soulignent avec conviction ce qu’ils vivent à travers cet engagement de foi.

Le mot de Mgr Jean-Louis Papin, évêque de Nancy et de Toul

L’Église n’a pas d’autre finalité que celle d’annoncer l’Évangile. «Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile», écrivait saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Lorsqu’une communauté chrétienne n’a pas cette préoccupation chevillée au corps, peut-elle encore se dire du Christ ? Lorsqu’un baptisé ne ressent pas au fond de lui-même l’impérieuse nécessité de le faire connaître, est-il encore pleinement son disciple ? Jésus a consacré toutes ses forces à l’annonce de l’Évangile. Avant de retourner vers son Père, le dernier commandement qu’il nous a donné, c’est d’aller annoncer l’Évangile à toutes les nations. Les quelques témoignages qui suivent montrent que les façons de répondre à cette nécessité sont multiples et diverses. À chaque baptisé, à chaque communauté chrétienne de discerner comment le faire en fonction de son contexte de vie et de ses moyens.

Julien Boury, m.e.p. : "Dans la mission, tout doit venir de Dieu et de son Esprit"

Julien Boury, ordonné par monseigneur Jean-Louis Papin, est prêtre du diocèse de Nancy et de Toul. Il est actuellement en mission en Inde.

Toute vocation est un appel, appel de Jésus entendu dans la lecture de l’Évangile et la prière: «Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création» (Mc 16,15), afin que les anciennes prophéties concernant l’avenir du monde se réalisent. «Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins» (Lc 24,46-48).

Le missionnaire doit être un contemplatif en action

Mais à celui pour qui ces paroles résonnent tout particulièrement, plus qu’un appel, c’est un impératif, un commandement: «Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !» (1 Co 9,16).

Comment être missionnaire? En se rappelant ce que Jean-Paul II écrivait dans l’encyclique Redemptoris missio : «Le missionnaire doit être un contemplatif en action.»

Être missionnaire, c’est avant tout comprendre que dans la mission, tout doit venir de Dieu et de son Esprit. Conversion personnelle, vie de prière et dynamisme missionnaire doivent grandir ensemble. Pour ce faire, pas d’autres moyens que d’imiter le psalmiste: «Dès le matin, ma prière te cherche» (Ps 87,14). Chaque baptisé pourra ainsi faire l’expérience d’une vie donnée au Christ pour la proclamation de la Bonne Nouvelle du Royaume : «Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants» (Ps 89,14).

Édouard Minier, membre d'Anuncio : "Ouvrir une porte aux éloignés de Dieu"

La rue est la terre de mission d’Édouard Minier. Quoi de plus naturel quand on appartient au mouvement Anuncio qui utilise l’évangélisation directe ? «Nous sommes envoyés pour parler de Jésus aux gens dans la rue. Quand on est disciple, on doit le rendre vivant et accessible autour de nous», souligne cet étudiant en architecture dont l’enthousiasme transparaît immédiatement dans la voix. Son choix de rejoindre Anuncio répond tout simplement à une magnifique envie de partager sa foi. « C’est passionnant et enrichissant de s’adresser à des gens qui sont éloignés de Dieu, voire qui n’en ont jamais entendu parler. Et se dire qu’on peut ouvrir une porte qui favoriserait la rencontre avec lui est un vrai stimulant. »Fort de son élan missionnaire, Édouard sait qu’il est engagé dans un compagnonnage au long cours avec Anuncio. « Pour l’instant, j’ai envie de continuer à grandir à travers tout ce qu’il me permet de vivre. Et je souhaite que l’on soit nombreux à aller sur les parvis et au-delà pour annoncer le Christ sans crainte. En ce qui me concerne, quand j’atteindrai la limite d’âge pour Anuncio (35 ans), je continuerai autrement mon engagement actif en Église. C’est une certitude. »

Sœur Élisabeth Maquinghen, dominicaine : "Dieu fait encore des merveilles dans le cœur des hommes"

Que signifie pour vous être missionnaire ?

Je suis entrée dans la vie religieuse dominicaine il y a un peu plus de quarante ans. En pèlerinage à Lourdes au service des personnes malades, Bernadette, paraplégique, m’a donné de comprendre que Dieu aime chacun de nous, aussi loin de lui soit-il. Cette découverte a bouleversé ma vie et lui a en même temps donné tout son sens. J’étais dans une joie profonde et une immense paix qui ne m’ont, malgré « les tempêtes et ouragans » de la vie, jamais quittée. C’était tellement beau, grand et incroyable que j’ai décidé de consacrer ma vie à essayer de partager ma foi, ma joie, et mon bonheur avec les autres.

Qu’est-ce qui vous a poussée vers les malades ?

C’est plutôt la mission qui m’a trouvée car ce sont les événements de la vie qui m’ont appelée à me mettre au service des personnes malades. Parmi ces événements, mes rencontres décisives furent l’accompagnement de fin de vie de personnes qui m’étaient proches mais c’est surtout l’accompagnement de mes parents qui a été décisif.

Après le décès de mes parents, j’ai décidé de « lâcher » ce qui était « intellectuel » pour passer le reste de ma vie à me consacrer à la mission qui me serait confiée, en essayant d’aimer « par des actes et en vérité » (cf. 1 Jn 3,18).
J’ai été aumônier au service des malades en soins palliatifs durant six ans. Ce fut ma mission la plus belle car, avec le personnel soignant dont nous faisons partie, nous avions le même but et un tel respect de l’autre que malgré ou à cause de la maladie et l’approche imminente de la mort, nous donnions, croyants et incroyants, chacun à notre place, le meilleur de ce que nous sommes au service du patient et de sa famille. En 2021 j’ai rejoint l’équipe d’aumônerie du CHRU de Nancy. En équipe, on se soutient, on échange, toujours dans une profonde amitié, pour servir le mieux possible nos frères et sœurs malades.

Quelle richesse spirituelle cela vous apporte ?

Une immense action de grâces car chaque visite est une rencontre, bien plus, un cadeau de la personne malade et de Dieu. Nous ne sommes jamais deux mais trois car le Seigneur est bien là, avec nous. Dieu est au cœur de nos rencontres, même si nous ne le nommons pas. Oui, Dieu fait encore des merveilles, aujourd’hui, dans le cœur des hommes et cela me réjouit et me fait vivre.

Père Paolo Anfuso, prêtre du diocèse de Rome, coopérateur sur Nancy-Ouest : "Des hommes et des femmes heureux d'annoncer Jésus"

« Comme chrétiens, nous sommes tous appelés à témoigner de l’Évangile dès notre baptême. Je n’ai pas demandé à venir spécialement à Nancy sur le quartier du Haut du Lièvre. J’ai juste souhaité partir en mission. Mais je suis convaincu qu’ici, je suis à la place où le Seigneur a choisi de m’envoyer. » Le père Paolo Anfuso emploie des mots à la fois simples et profonds pour expliquer sa présence dans notre diocèse : « La Mission ne m’appartient pas car c’est d’abord celle de l’Eglise. Elle a commencé avec le Christ et nous demande sans cesse d’annoncer une histoire de salut pour chaque homme et pour tous les hommes. » Et pour ce prêtre qui doit au chemin néocatéchuménal son retour à la foi, être missionnaire implique aussi arpenter des terrains peu familiers : « Face à des personnes qui ne sont pas dans l’Église ou qui la refusent, il est important de montrer qu’il existe des hommes et des femmes heureux d’annoncer Jésus. » Et rien de tout cela ne peut se faire sans la communauté où on est envoyé. « Quand je suis arrivé ici, j’ai été très bien accueilli. Et c’est ensemble que nous avançons pour témoigner de l’amour vrai et vivant qui a vaincu la mort. »

Pour aller plus loin

Dans le cadre du grand rassemblement diocésain «Avance au large» du 4 juin à Bosserville, Monseigneur Jean-Louis Papin a envoyé les fidèles en mission dans le diocèse pour y vivre une semaine missionnaire du 5 au 12 juin. Toutes les informations en cliquant ici.

Crédits

  • Textes témoignages : Rémy Nelson.
  • Crédits photos : Diocèse de Nancy/Rémy Nelson ; D.R.